Né dans le plus grand bidonville de la capitale, élevé par sa grand-mère, Georges Weah suscite beaucoup d’espoir. Weah est un « autochtone », terme employé au Liberia pour marquer la différence avec les 5% de descendants d’esclaves afro-américains libérés, qui se sont installés au Liberia au début du XIXème siècle. Il devient le 24ème président du Libéria, mais également le second président non « congo » (nom usuel pour désigner ces descendants d’esclaves afro-américains), après Samuel Doe, à accéder au pouvoir à Monrovia. Une situation injuste dont le nouveau président a apparemment conscience.
Raison pour laquelle, dès son investiture, l’ancien footballeur s’est fortement engagé à construire un « nouveau Liberia, pays d’égalité, de liberté, de dignité et de respect ». Un pays pour lequel, il a promis que la lutte contre la corruption sera son cheval de bataille. En dépit d’un PIB de 7,5% par an (d’après l’indice de développement humain des Nations Unies), le Liberia demeure l’un des pays les moins nantis au monde. C’est ce challenge du développement socioéconomique que le Président Weah va forcément devoir relever pendant son mandat.
Or pour se développer, son équipe gouvernementale devra en priorité lutter contre la corruption. Ce qui ne sera pas possible si elle ne cherche pas au préalable à garantir aux fonctionnaires un salaire décent. Cela est à la portée du nouveau Chef de l’Etat libérien, bien que les finances publiques dépendent substantiellement des rentes minières et forestières. Tant il est évident que son pays possède des ressources naturelles et humaines considérables internes et que lui-même a désormais d’énormes soutiens externes pour faire face à ce challenge.
Toutefois, estime Mathias Hounkpé, politologue spécialiste du Liberia au sein de l’Open Society Initiative for West Africa (Osiwa), « Weah va maintenant devoir faire preuve de lucidité et d’une grande humilité. Il doit prendre conscience de ses propres limites et chercher des conseillers techniques de haut niveau. S’il veut bien gouverner, il devra savoir bien s’entourer et dans le même temps, se méfier de tous ceux qui chercheront à le manipuler ».
En 2017, pendant la précampagne électorale, des portes africaines et internationales ont été ouvertes à Weah. Ainsi, l’ancien attaquant du foot s’est lancé dans une vaste tournée. Cela l’a conduit plusieurs fois en France où il a pu rencontrer une quantité d’hommes français d’influence. En Israël, lors d’un forum sur la sécurité, il rencontra plusieurs ministres, dont le Vice-ministre des Affaires étrangères, ainsi que des chefs d’entreprises spécialisées dans l’agriculture, un secteur qu’il devra développer.
En Afrique, le ghanéen Nana Akufo-Addo fut le premier chef d’État à le recevoir, début 2017. Puis, Ali Bongo Ondimba l’accueille à Libreville. Au Sénégal, Weah arrive à s’entretenir avec Macky Sall. Aussi, il a pu rapprocher les présidents congolais, Denis Sassou Nguesso, malien, Ibrahim Boubacar Keïta, burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, sans compter le Nigérien Mahamadou Issoufou.
Toutes ces cartes d’adresses, compilées avec les ressources humaines compétentes nationales, devraient normalement servir à l’ancienne star du football de gérer au mieux les relations économiques internationales, mais aussi, de gagner la bataille de l’égalité et du développement.
Good luck, Mister Georges !
Gaoussou Madani Traoré
Le Challenger