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Les déterminants et solutions adéquates des coups d’Etat au Mali

L’Union africaine, par la déclaration d’Alger de 1999, condamne toute rupture de l’ordre constitutionnel résultant des coups d’État avec des sanctions automatiques contre les auteurs. Mais aucune mesure n’est prévue contre les dirigeants qui usent de manœuvres frauduleuses et du «tripatouillage » des Constitutions pour se maintenir durablement au pouvoir.

Au risque de voir dans les prochaines années, un autre coup d’État, pour changer de régime et favoriser l’alternance, il est impératif pour le Mali et ses partenaires de repenser la gestion du pouvoir politique dans notre pays.

Il convient de renforcer les capacités des acteurs politiques à animer une vie politique apaisée et démocratique au Mali, ce qui implique l’exigence d’élections libres et transparentes à tous les niveaux pouvant conduire à des alternances démocratiques même au sein des partis politiques.

Le Mali est déjà dans une culture de coup d’Etat : 1968,1991, 2012, 2020 et 2021.

Beaucoup sont surpris de voir, en moins d’un an (après août 2020), un autre « coup d’Etat », en mai 2021. Une analyse objective de la situation socioéconomique et politique avant mars 1991 ; de mars 1991 à mars 2012 et de mars 2012 à mai 2021 nous édifie clairement.

Certains déterminants liés à l’environnement socioéconomique et politique de notre pays expliquent le coup d’Etat.

Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets

Pour éviter un autre coup d’Etat, les Maliens doivent être solidaires, unis, patriotes et debout comme un seul homme pour combattre la mauvaise administration et la corruption et d’instaurer une culture démocratique au sein de nos partis politiques dès maintenant.

Les nouvelles autorités doivent protéger les droits des citoyens, constater les détournements des pouvoirs et des biens et le cas échéant, enquêter et engager des actions juridiques.

Bien que la présence de certaines institutions au Mali indique l’engagement des gouvernements successifs de veiller à ce que les citoyens puissent demander la réparation contre les pratiques de mauvaise administration et de corruption, les organes et institutions publics au Mali font encore la démonstration des abus et de corruption, qui sont à l’origine de différentes crises dans notre pays.

Cela a conduit à la détérioration des services publics et à la mauvaise gestion de l’économie au sens large. Les citoyens, qui sont censés être les bénéficiaires, deviennent toujours les victimes, car ils sont privés de bons services auxquels ils ont droit.

Le courage de combattre la corruption et la mauvaise administration doit être une réalité. L’engagement des décideurs politiques de la transition démocratique doit être ferme. Ces problèmes sont devenus monnaie courante et aggravés par l’environnement hostile.

Il est évident que certains mécanismes de prévention de la corruption et de la mauvaise administration sont nécessaires. D’une certaine manière, la promotion de la bonne gouvernance dans les institutions publiques doit obéir aux principes suivants : responsabilité (sociale, économique, politique, éthique, etc.), transparence, impartialité, équité, indépendance et discipline.

Plus que jamais, des actions décisives contre la violation de ces principes dans la fonction publique serviront certainement à minimiser l’impact de la corruption et de la mauvaise administration pour nous éloigner des coups d’Etat.

La coopération de tous les acteurs est nécessaire afin de s’attaquer résolument aux problèmes. La lutte contre la corruption commence par le caractère moral et l’intégrité de toutes les personnes impliquées dans la gestion des services publics.

Nous espérons vivement que le prochain gouvernement sera constitué d’hommes et femmes modèles. Des conducteurs d’âmes de bonne conduite morale. Le caractère moral et l’intégrité forment d’un point de vue de l’éthique, les attributs fondamentaux des bons dirigeants et des employés qui appliquent la bonne gouvernance sous cette nouvelle transition pour un nouveau Mali.

Comment le Mali peut-il établir/appliquer des mécanismes préventifs pour assurer des services efficaces et efficients, renforcer la confiance et le développement, réduire les abus de l’administration et l’usage impropre des ressources? Voilà l’équation à plusieurs paramètres que le président de la Transition doit résoudre rapidement.

N’oublions pas que, Bichara Khader, « la démocratie, est une culture qui trouve son point d’ancrage au sein du foyer, en passant par la vie de tous les jours, par l’acceptation et la critique de l’autre sur base argumentaire et factuelle, par le parti politique avant d’être érigé en système de gestion au sommet d’un Etat ».

Il suffit de voir comment les présidents/chefs de partis politiques dirigent leurs partis.

La démocratie se vit d’abord au sein du parti politique avant de devenir effective dans la pratique gouvernementale.

Il nous faut relever la tête et analyser objectivement la situation politique malienne afin de ne plus vivre le scenario du mois de mai 2021. Arrêtons de mystifier les hommes politiques qui doivent faire l’objet des critiques objectives afin de les aider à mieux gérer les institutions tant étatiques que partisanes.

Peuple malien, ayons peur que notre démocratie demeure encore un paravent qui couvre la connivence des hommes politiques au détriment du peuple.

La démocratie n’est pas un fait automatique et n’est pas qu’électorale, elle doit être un style de vie de tous les jours, tant au sein de nos familles respectives, de nos lieux de travail, qu’au sein des partis politiques, lieux essentiels de l’apprentissage démocratique.

Nous gagnerons tous en apprenant davantage à être démocrates, surtout au sein de nos partis politiques avant de prétendre être une nation démocratique.

Les affaires internes des organisations de partis politiques elles-mêmes doivent d’abord être conformes aux principes de la démocratie. L’objectif de la démocratie est que le peuple ait le droit de choisir. Grâce aux élections, il sélectionne et contrôle ses leaders politiques. Tout comme les citoyens d’une nation ont le droit d’exprimer leur opinion par leur suffrage lors des élections, de même les membres d’un parti politique devraient avoir le droit de sélectionner et de rejeter leurs chefs, leurs élus et leurs candidats à des fonctions publiques.

La démocratie interne au sein du parti doit être une revendication majeure des maliens après trois décennies d’exercices de la démocratie.

Nous avons eu tous la surprise après le 24 mai 2021, de voir certains politiciens et acteurs de la société civile faire irruption sur la scène. Une bonne opportunité pour montrer qu’ils veillent sur notre démocratie. Chacun parle, et essaie d’être plus bruyant que l’autre comme si la seule façon d’imposer leurs idées était de parler le plus fort. Ainsi, la course à la notoriété qui va de pair avec la peur de ne pas être choisi(e) voire élu(e) fait que tout politicien ou toute politicienne qui se respecte, court après le bruit. Qui crie le plus fort serait mieux positionné(e) pour l’élection.

Cette fois ci, pour un nouveau départ, le Mali a besoin de “la probité des hommes politiques et des fonctionnaires, ce qui est un élément fondamental dans la consolidation de notre démocratie.”

Dr Aly Dit Agali WELE

Président de Visa Pour Un Développement Intégré (V.I.D)

Source: Le Challenger
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