La page Bah N’Daw et Moctar Ouane est définitivement tournée. Plus possible qu’ils reviennent au-devant de la scène en ce moment pour prétendre occuper leurs postes respectifs. Les deux hommes comme tout autre citoyen rentrent donc dans la classe des observateurs. Leurs tombeurs sont connus : le colonel Assimi Goita et ses compagnons. Ils en sont à leur deuxième coup d’Etat en l’espace de 9 mois. Le premier est intervenu le 18 août 2020 contre le régime démocratiquement élu du président Ibrahim Boubacar Keita.
Le 25 mai, journée de l’Afrique, c’est le jour qu’Assimi Goïta et ses compagnons d’armes ont choisi pour ranger de côté celui qui était arrivé à la tête du pays par leur propre volonté. Que s’est donc passé ? La rupture entre le président Bah Ndaw et les colonels, auteurs du coup d’Etat contre IBK est consommée. Les commentaires sont libres. A sens unique, le tout serait parti quand le vieux a décidé unilatéralement de virer les colonels Sadio Camara et Modibo Koné, respectivement ministres de la défense et de la sécurité du gouvernement le plus éphémère de Moctar Ouane. L’histoire nous en dira plus dans les jours à venir.
Le 7 juin est historique. Jusque-là vice-président de la Transition, Assimi Goita est investi président de la Transition par la Cour suprême, la plus haute juridiction du pays. Cela intervient après que la Cour constitutionnelle ait constaté la vacance du pouvoir dans son arrêt du 28 mai 2021.
Le même jour, un décret portant nomination du Premier ministre est signé par le nouveau chef de l’Etat. Le promu est Dr Choguel Kokala Maiga, président du comité stratégique du M5-RFP. On se rappelle le M5-RFP c’est le mouvement qui est à l’origine de la chute du président IBK. Ainsi donc, Choguel Maiga, jusque-là, éliminé à plusieurs reprises, dès le premier tour des élections présidentielles dans les urnes arrive à la primature. Mais, cette fois-ci, grâce à sa constance dans la contestation. La démocratie par la rue.
Grosse erreur
Koulouba à Assimi Goita et Primature à Choguel K. Maiga, figure du M5-RFP. Le partage est-il bon ? Rien n’est moins sûr. Il est clair que le colonel Goïta est un militaire, qui connaît peu les réalités politiques, des forces et faiblesses de chaque acteur sur le plan national. Ce qui voudrait dire que le M5-RFP seul est loin de faire l’inclusivité. Des partis pas des moindres ne sont pas du M5-RFP. Vouloir les ignorer est une grosse erreur. Certes, ils n’ont pas été dans la contestation. Mais ils représentent une bonne partie du peuple, qui à son tour peut constituer un nouveau front de contestation pour ne rien arranger.
A Assimi de comprendre que la réussite de la transition doit être collective. Elle sera avec toutes les forces vives du pays. A entendre Choguel dans ses discours d’auparavant, le M5-RFP, c’est le peuple. Ce qui est faux. Le M5-RFP c’est plutôt la foule qui s’arroge le statut du peuple. « Souvent, la foule trahit le peuple », disait Victoir Hugo. Une réalité quand la foule se fait passer pour le peuple sans vraiment l’être.
Assailli par des défis énormes, le Mali traverse une période difficile de son histoire. La corruption, l’incivisme, la crise au centre font désespérer plus d’un. Le duo Assimi/ Choguel est fortement attendu par le peuple, de pieds fermes, pour trouver des solutions aux problèmes multiples du pays.
S’il est vrai, c’est au pied du mur qu’on reconnaît le maçon, on verra bien Goïta et Maiga à l’œuvre.
O.M
Source : Miroir-Hebdo