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« L’emprunt obligataire, gage d’une économie prospère et prudente »

INTERVIEW ÉCONOMIE

DR LAMINE KEÏTA, INGÉNIEUR STATISTICIEN ÉCONOMISTE

« L’emprunt obligataire, gage d’une économie prospère et prudente »

En lançant, le 15 août 2022, un nouvel emprunt obligataire, le Trésor malien est parvenu à lever 207, 5 milliards de F CFA. L’objectif était de mobiliser 200 milliards de F CFA, avec une maturité de dix ans, aux fins de financer des projets d’infrastructures et de développement prévus au budget 2022 de l’État. La moisson de financement aura ainsi dépassé les attentes. La nouvelle, annoncée avec fierté par le ministre de l’Économie et des Finances, Alousseni SANOU, a piqué la curiosité intellectuelle de milliers d’entre nous, non-initiés à la science économique. Qu’est-ce donc qu’un emprunt obligataire ? Nous sommes allés chercher la réponse auprès d’un spécialiste de l’Économie, le Dr Lamine Keïta.   

Les Echos : Qu’est-ce qu’un emprunt obligataire et quelles sont les raisons impérieuses qui incitent un Etat à cette pratique ?

Dr Lamine Keïta : Au préalable, il faut comprendre que de par sa souplesse, l’activité économique doit pouvoir faire coïncider les capacités de financement d’une catégorie des acteurs avec les besoins de financement de l’autre catégorie.

Certes, les banques sont connues dans ce rôle d’intermédiation. Cependant une dérogation à cette pratique, tout en permettant de mettre directement en contact ces deux catégories d’acteurs, constitue un approfondissement de cette souplesse de l’activité économique.

Ainsi, l’emprunt obligataire trouve tout son sens dans le développement d’une économie prospère et prudente. L’emprunt obligataire désigne donc une dette c’est-à-dire l’émission par une personne morale (une entreprise privée ou une société publique, un Etat ou une collectivité) de titres de créances négociables auprès des investisseurs.

Les Echos : Auprès de quelles institutions financières ce type d’emprunt est-il réalisable ?

Dr Keïta :  Cet emprunt est exprimé sur le marché obligataire régional de l’UEMOA en mettant directement en contact les investisseurs venant des 8 pays et disposant de capacités de financement, avec des émetteurs de titres manifestant des besoins de financement, qu’il s’agisse des Etats, des entreprises du secteur public ou du secteur privé. En l’occurrence, l’émetteur de titres qui a manifesté un besoin de financement, est effectivement le Mali.

Les Echos : Quels sont les avantages liés à ce type d’emprunt ?

Dr Keïta :  Il s’agit d’une possibilité d’avoir accès au financement, directement auprès des investisseurs, sans passer par l’intermédiation des banques qui exigent le respect de certaines conditions de garantie pour faire face à des risques divers. Donc, le Mali a émis des titres pour lesquels des investisseurs disposant de capacités de financement ont manifesté leur intérêt. Cela veut dire que ces investisseurs, ayant acquis ces titres émis par les autorités financières maliennes, ont mis des financements directement à la disposition du Mali.

L’emprunt obligataire peut être aussi un moyen pour compléter son apport pour satisfaire l’accès à un prêt bancaire.

Ce mode de financement limite les risques de dépendances avec des partenaires financiers et actionnaires nouveaux.

Ce prêt obligataire est souple et fondé sur les relations de confiance. La décision d’accorder le prêt étant décidée en Assemblée générale des associés, son coût est également faible comparativement à celui versé aux actionnaires.

Les Echos : Faut-il s’inquiéter d’inconvénients ou de risques éventuels concernant l’emprunt obligataire ?

Dr Keïta :  Les risques éventuels sont de deux ordres. Primo : le défaut de l’émetteur. Secundo : l’inflation qui fait baisser la valeur des obligations.

Les Echos : Quelles sont les modalités de remboursement du prêt obligataire ?

Dr Keïta :  Le remboursement peut s’effectuer selon plusieurs modalités. Soit on rembourse les intérêts seuls par an, au terme de plusieurs années ; et on rembourse ensuite la totalité de la somme prêtée lorsque l’échéance arrivera à son deadline. Soit, on rembourse annuellement les intérêts et une partie du prêt ; ainsi, le montant des intérêts diminuera au fur et à mesure du remboursement.

Les Echos : Le 15 août dernier, l’emprunt obligataire du Mali lui a permis de lever 207,5 milliards de francs CFA, soit 316 millions d’euros. Faut-il s’en réjouir ?

Dr Keïta :   Après une phase de sanctions aussi injustes que contre-productives ayant pris pour cible le Mali, le retour de notre pays sur le marché ne pouvait provoquer qu’un plébiscite auprès des investisseurs. Ce que les investisseurs régionaux n’ont pas manqué de lui manifester en lui offrant plus que ce que nos autorités financières avaient demandé, couvrant à plus de 102% la demande de financement du Mali.

Il faut donc s’en réjouir comme étant la preuve la plus manifeste de la confiance dont notre pays bénéficie de la part des investisseurs de la sous-région.

Propos recueillis par Mohamed Meba TEMBELY et Tiécoro Sangaré

 

 

DÉMISSIONS EN CASCADE ET AVEC FRACAS

La CMAS est-elle en crise ?

La Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko enregistre de nouvelles démissions. Plusieurs membres du bureau de la commune VI ont claqué la porte, le samedi 5 septembre 2022.  Les démissionnaires évoquent une multitude de raisons, notamment les situations stigmatisant encouragées par le bureau national, et surtout « l’isolationnisme » de leur mouvement.

Pluie de démissions au sein de la CMAS.  Le bureau entier de la commune CV a décidé de rendre le tablier, le samedi 5 septembre 2022. « Après avoir jaugé tous les contours du contexte difficile des crises au sein de la CMAS de l’IMAM MAHMOUD DICKO, après plusieurs rencontres extraordinaires », les membres du bureau communal de la CMAS COMMUNE VI ont décidé d’opter pour le divorce d’avec le mouvement.

Motif invoqué par ceux qu’il convient d’appeler désormais les ex-encartés de la CMAS, « l’attitude isolationniste, inappropriée et paradoxale du Bureau Exécutif National de la CMAS qui a décidé contre toute attente de ne pas prendre part aux recrutements au niveau du Conseil National de Transition(CNT) et de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE). »

 Rappelant les propos suivants tenus par l’imam Mahmoud Dicko à l’occasion de la commémoration des évènements du 10, 11, 12 juillet 2020 : « Moi seul, je ne peux pas ; ASSIMI seul ne peut pas ; CHOGUEL seul ne peut pas … Il faut un minimum de consensus », Kalil Sarmoyé Cissé, président de la Cmas de la Commune VI, et ses camarades démissionnaires disent ne pas comprendre le refus de leur mouvement (désormais leur ex-mouvement) de s’associer à des initiatives pour la bonne marche du pays. Faisant remarquer que la CMAS a toujours répondu aux invitations du C.N.T. pour apporter ses propositions relatives à la nouvelle Charte de la transition et à la nouvelle loi électorale, Kalil Sarmoyé Cissé s’offusque du fait que cette même CMAS ferme la porte à toute adhésion à ces instances si cruciales pour l’avenir démocratique de notre république. Par conséquent, il a martelé ceci : « nous avons décidé de combattre cette décision en toute responsabilité, sans aucun regret, en nous maintenant dissidents vis-à-vis de la politique séparatiste du bureau exécutif national de la CMAS, au moment où l’heure est à l’union sacrée autour du minuscule résidu qui reste du MALI ». Ainsi, les démissionnaires ont confirmé la dissolution du bureau de la commune VI : « A partir de cet instant, nous déclarons la dissolution de notre bureau, de toutes nos commissions et de toutes nos cellules au nombre de trente une (31) au sein de la commune VI. »

 Seydou Fané

Source: Les Échos- Mali

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