Plusieurs fois reportées depuis octobre 2018, les élections législatives se tiendront le 29 mars, dans un contexte sécuritaire et sanitaire particulièrement tendu. Très attendu par l’opposition, le scrutin sera surtout l’occasion pour IBK et son parti d’éprouver leur crédibilité. Sept millions et demi d’électeurs sont appelés aux urnes.
« Ce n’est pas parce qu’on a un œil crevé que l’on s’abstient de se laver le visage. » Ce proverbe malien résume la situation du pays : miné par des attaques jihadistes et des tensions intercommunautaires, divisé par un bras de fer politique et une fronde sociale, menacé par le coronavirus, le Mali s’apprête malgré tout à élire, le 29 mars, ses 147 députés afin de sauver sa démocratie.
Initialement prévues pour octobre 2018, les législatives ont fait l’objet de plusieurs reports, entraînant la prorogation du mandat des députés jusqu’au 2 mai 2020.
SI CETTE ÉLECTION NE SE TIENT PAS, LA TROISIÈME INSTANCE DU PAYS PERDRA SA LÉGITIMITÉ
La légitimité de l’Assemblée nationale a suscité de vifs débats au sein de la classe politique. Tenir les élections avant la date butoir de sa dernière prorogation était l’une des recommandations, formulées fin décembre, du dialogue national inclusif – dialogue qui a réuni la majorité, une partie de l’opposition, des représentants de la société civile et des groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015.
« Si cette élection ne se tient pas, la troisième instance du pays perdra sa légitimité », prévient le général Siaka Sangaré, à la tête de la Direction générale aux élections (DGE). « Mieux vaut avoir un Parlement bancal que de rester dans l’illégalité, renchérit l’imam Mahmoud Dicko, ancien président du Haut Conseil islamique. Même si, dans un premier temps, seule une partie des Maliens parvient à voter, cela vaut mieux que de renouveler indéfiniment le mandat des députés à coups de décrets. »
Des réformes seulement évoquées
Les prorogations avaient officiellement pour objectif de donner le temps au gouvernement « d’apporter des solutions aux difficultés juridiques et techniques constatées dans l’organisation de l’élection des députés » et de répondre à la crise sécuritaire.
Jeune Afrique