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Le Soudan du Sud «au bord du précipice», l’ONU évacue des Casques bleus attaqués

CONFLIT – La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a estimé «extrêmement élevé» le risque de conflit ethnique au Soudan du Sud et Human Rights Watch a accusé les belligérants d’avoir commis des meurtres sur des critères ethniques, à Juba et à Bor…

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L’ONU a envoyé ce vendredi quatre hélicoptères évacuer son personnel d’une de ses bases du Soudan du Sud, celle d’Akobo (Etat de Jonglei, est), où deux Casques bleus indiens et 20 civils ont été tués dans une escalade de violences qui ont placé le pays «au bord du précipice» selon Barack Obama. «Au moins 20» des 36 civils sud-soudanais d’ethnie Dinka qui s’y étaient réfugiés ont été tués dans l’attaque jeudi de cette base, a annoncé ce vendredi la mission de l’ONU au Sud Soudan (Minuss).

L’Ouganda voisin a envoyé des soldats à Juba à la demande du Soudan du Sud pour ramener la sécurité, a rapporté vendredi le quotidien gouvernemental ougandais New Vision, précisant qu’un premier détachement de forces spéciales ougandaises avait contribué à sécuriser l’aéroport et évacuer des ressortissants ougandais.

«Plate-forme de dialogue national»

Les ministres des Affaires étrangères de Djibouti, d’Ethiopie, du Kenya, d’Ouganda et du Soudan devaient mener ce vendredi à Juba des démarches de paix dans le cadre de l’Autorité intergouvernementale sur le développement (Igad). La délégation devait rencontrer le président Kiir et plusieurs personnalités politiques arrêtées en lien avec les violences, afin de «mettre en place une plate-forme de dialogue national, a expliqué vendredi le ministre ougandais des Affaires étrangères, Okello Oryem.

A Washington, Barack Obama s’est fait l’écho des inquiétudes croissantes d’un glissement vers un conflit à grande échelle dans ce pays indépendant depuis 2011, après des décennies de guerre contre Khartoum qui ont fait deux millions de morts. «Les récents combats menacent de faire plonger à nouveau le Soudan du Sud dans ses jours les plus noirs du passé», a averti le président des Etats-Unis, qui ont largement soutenu la lutte sud-soudanaise pour l’indépendance.

Les affrontements entre factions rivales de l’armée sud-soudanaise, qui ont fait près de 500 morts entre dimanche soir et tard mardi dans la capitale Juba, se sont désormais propagés à l’Etat instable du Jonglei, qui fourmille de groupes armés et où les tensions ethniques sont traditionnellement vives. Une base de l’ONU y a été attaquée jeudi à Akobo par des assaillants non identifiés et au moins deux Casques bleus indiens ont été tués et un blessé, selon la Minuss révisant à la baisse un précédent bilan faisant état de trois soldats de l’ONU tués.

Plus de 34.000 personnes sur les bases de l’ONU

Des jeunes d’ethnie Nuer, à laquelle appartient Riek Machar, rival politique du président Salva Kiir qui l’accuse d’avoir initié une tentative de coup d’Etat à l’origine des combats à Juba, avaient plus tôt tenter de pénétrer dans la base pour s’attaquer à des civils qui s’y étaient réfugiés, a expliqué la Mission onusienne. 20 civils réfugiés ont péri dans cette attaque. L’ONU a rencensé 14 lieux du pays où ont été rapportés des combats, des troubles civils ou des tensions importantes.

Les bases de l’ONU au Soudan du Sud hébergaient ce vendredi plus de 34.000 personnes, dont 20.000 à Juba, malgré la fin des combats, et 14.000 à Bor, tombée jeudi aux mains de rebelles présentés par les autorités comme loyaux à Riek Machar. Environ 200 employés du secteur pétrolier ont également trouvé asile auprès de l’ONU à Bentiu, capitale de l’Etat d’Unité, dont un champ pétrolier a été attaqué, faisant cinq morts parmi les employés sud-soudanais.

Il n’était pas clair si cette attaque était liée au conflit en cours ni quelles étaient les conséquences sur la production de pétrole, qui assure 98 % des ressources du Soudan du Sud. Aux graves dissensions politiques au sein du régime sud-soudanais issu de la rébellion sudiste, s’ajoutent des profonds ressentiments entre ethnies remontant aux années de guerre civile.

Risque de conflit ethnique

En 1991, la défection de Riek Machar de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) avait fracturé sur des lignes ethniques la rébellion sudiste historique, dont Salva Kiir était un des responsables et ses troupes Nuer avaient massacré à Bor près de 2.000 civils Dinkas, ethnie de Salva Kiir.

La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a estimé «extrêmement élevé» le risque de conflit ethnique au Soudan du Sud et Human Rights Watch a accusé les belligérants d’avoir commis des meurtres sur des critères ethniques, à Juba et à Bor.

Riek Machar, vice-président du pays jusqu’à son limogeage en juillet, a appelé jeudi sur Radio France Internationale (RFI) au renversement du président Kiir, qu’il a accusé de tenter «d’allumer une guerre ethnique» et a souligné n’accepter de discuter que des conditions du départ du pouvoir du chef de l’Etat, qui s’était dit prêt la veille à négocier avec lui.

L’Allemagne et les Pays-Bas ont évacué au total 135 personnes du Soudan du Sud. Le gouvernement de Khartoum a estimé que les combats au Soudan du Sud allaient «affecter» le Soudan, qui dépend de ses gisements pétroliers, ont estimé vendredi les autorités de Khartoum.

B.D. avec AFP

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