Dans un entretien à l’AFP à Washington cette semaine, Ibrahim Elbadawi a déclaré espérer, d’ici la fin de l’année, voir le retrait du Soudan de la liste noire américaine des “Etats soutenant le terrorisme”, classification qui asphyxie son économie.
Le nouveau gouvernement soudanais, formé début septembre, veut un nouveau départ pour ce pays du continent africain secoué pendant des mois par des manifestations qui ont, en avril, poussé vers la sortie Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 30 ans.
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Nommé après une carrière à la Banque mondiale, M. Elbadawi reconnaît les “besoins impérieux” de créer des emplois pour les jeunes, qui représentent environ 60% de la population.
“Ces jeunes soudanais, ce sont ceux qui ont fait cette révolution. Et ils sont ceux qui ont payé le prix ultime et fait des sacrifices pour leur pays”, souligne-t-il. “Il est de notre responsabilité de faire de leurs besoins une priorité et de répondre à leurs aspirations”.
Avec une population si jeune, M. Elbadawi assure que le gouvernement du Premier ministre Abdallah Hamdok veut investir dans l’éducation pour créer une économie davantage orientée vers la technologie.
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Mais pour éviter toute secousse sociale, le ministre explique que le Soudan va privilégier la maîtrise de l’inflation et repousser certaines réformes afin de protéger les plus pauvres.
“Pour l’instant, plus de 65% des Soudanais vivent probablement en-dessous du seuil de pauvreté et nous ne voulons pas que cela s’aggrave”, avance le nouveau ministre. “Donc nous devons nous munir d’un filet de protection sociale et c’est pour cela que nous avons besoin du soutien de nos partenaires”.
Devant le think tank Atlantic Council, il a par exemple indiqué que le Soudan souhaitait mettre en place un système électronique de transfert d’argent pour les populations vulnérables, notamment les femmes enceintes et les familles avec des enfants en bas âge.
– “Obstacle majeur” –
Le Soudan est classé “Etat soutenant le terrorisme” depuis le début des années 90 quand Omar el-Béchir a accueilli Oussama Ben Laden.
Les responsables américains estiment que ce retrait de la liste ne peut se faire du jour au lendemain. Cette classification signifie que d’éventuels investisseurs au Soudan s’exposent à des risques sur le plan juridique aux Etats-Unis.
“C’est un obstacle majeur”, confie à l’AFP le ministre Elbadawi. Le nouveau Soudan d’après la “glorieuse révolution” est “toujours entravé par la situation de l’ancien régime”, selon lui.
Le ministre est néanmoins convaincu, après avoir sondé des responsables américains, que le retrait du Soudan de la liste noire pourrait intervenir “avec un peu de chance avant la fin de l’année”.
A la suite d’une réunion avec le ministre à Washington, des représentants américains et d’autres pays occidentaux tout comme des pays du Golfe et des instances financières internationales, ont affiché, dans un communiqué, leur “soutien solide” pour le gouvernement civil.
Le Soudan a besoin de 3 milliards de dollars pour des besoins immédiats et stabiliser son budget mais souhaite aussi voir une partie de ses 60 milliards de dette annulée, a développé le ministre.
Le pays est aidé financièrement par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
“Mais nous savons que nous devons nous éloigner de cette situation exceptionnelle et compter sur nous-mêmes” avant tout, tranche Ibrahim Elbadawi.
Avec AFP
VOA