Dans un entretien qu’il nous a accordé, le vendredi 24 janvier, au siège du Haut Conseil Islamique du Mali (HCI), le président du mouvement Sabati 2012, Moussa Boubacar Bah, a donné son point de vue sur l’évolution sociopolitique de notre pays depuis l’entrée en fonction du président IBK. Il estime que les Maliens doivent savoir ce qui s’est réellement passé au nord, mais il prévient : «ATT n’est pas seul responsable …».
A l’entame de ses propos, il a salué les nombreux actes posés en faveur de la résolution de la crise malienne notamment l’arrestation de certains militaires putschistes. Pour lui, si les Maliens ont pu surmonter les difficultés, c’est grâce au concours de la communauté internationale. La vision du Mouvement Sabati 2012 était d’aider IBK à conquérir le pouvoir et à restaurer l’autorité de l’Etat.
Moussa Boubacar Bah a, par ailleurs, affirmé que des pays comme le Burkina Faso, la France… n’ont pas sincèrement collaboré avec les autorités maliennes en décidant d’accueillir des bandits armés alors qu’ils étaient recherchés par la justice malienne. Raison pour laquelle il estime que le président IBK n’avait d’autre choix que de lever les mandats d’arrêt lancés à leur encontre.
« Nous n’avons pas eu la chance de rencontrer IBK après son élection pour échanger sur notre mémorandum. Ce document est presque similaire au programme de société de IBK. Par conséquent, nous n’avons pas d’inquiétude, par rapport à son exécution » a-t-il ajouté.
Etablir la vérité sur l’échec de l’armée au nord
A ses dires, il faut que les Maliens sachent réellement ce qui a conduit à la dérive de l’armée dans le nord du Mali. Car l’un des militaires libérés par Iyad Ag Ali et remis en son temps au Haut Conseil Islamique avait déclaré que l’armée a été trahie par la hiérarchie militaire au nord du Mali.
Les responsables visés, accusés à tort ou à raison, doivent être entendus pour que la vérité soit établie. Se prononçant sur une éventuelle poursuite pour » haute trahison « contre l’ancien président ATT, Moussa Boubacar Bah a indiqué que « ATT n’est pas seul responsable de la chute de notre pays, ses premiers ministres et ses présidents de l’Assemblée les sont aussi. »
Selon lui, les rebelles dont les mandats ont été levés doivent répondre pour les crimes commis sous l’occupation. Par ailleurs, il a précisé que la signature d’un accord de défense entre le Mali et la France n’est pas une mauvaise chose si c’est pour permettre au Mali de lutter contre l’insécurité dans la bande sahélienne. Mais, cela pose problème lorsqu’il y a substitution de l’armée française à l’armée malienne. C’est ainsi qu’il a préconisé qu’avant la signature du texte, des explications claires soient fournies par les responsables politiques sur son contenu à tout le peuple malien.
Epargner au Mali une nouvelle crise
Retraçant la crise sécuritaire qui a secoué notre pays, il a estimé qu’elle a pris des proportions très immenses. En effet, c’est un problème communautaire négligé qui est devenu un problème national mal géré avant de s’internationaliser. En l’état actuel de la situation, il affirme que la CEDEAO est dépassée et que l’Algérie est incontournable pour aboutir à une solution pérenne.
Sur l’élection de Issiaka Sidibé à la présidence de la nouvelle Assemblée Nationale, il a déclaré : « Je ne pense pas que l’honorable Karim Keïta ait joué un rôle dans l’élection de son beau-père. Car, il a été élu dans une localité sans le soutien de la famille présidentielle. »
Selon lui, le mouvement Sabati n’a pas pour vocation de se substituer aux partis politiques. «Notre devise c’est d’appuyer la démocratie malienne. Nous sommes dans la logique de décourager les candidatures indépendantes. Nous suivons une voie, à savoir aider à faire élire des candidats crédibles et soucieux de l’avenir du Mali afin d’épargner à notre pays une crise politico-institutionnelle».
Boubacar PAITAO
Source: L’Indépendant