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Le pape et les affaires du monde

pape francois

Le président François Hollande a rencontré le pape François au Vatican, ce vendredi 24 janvier. Associé surtout à l’Eglise et aux considérations spirituelles par l’opinion publique, le pape joue également un rôle important en politique internationale.

Il est vrai que, depuis le début de son pontificat, le pape François a déjà évoqué un bon nombre de sujets qui touchent plus ou moins directement à la politique internationale. Par exemple, la paix en Afrique, la protection des chrétiens d’Orient, la défense de l’environnement, la lutte contre le gaspillage des ressources alimentaires, la justice financière mondiale…

Intrusions prudentes dans le politique

Tout le monde se souvient, aussi, de sa visite à Lampedusa, où il a parlé du problème de l’immigration, devenu éminemment politique, en tant qu’autorité morale. Et, pas plus tard que mercredi dernier, il a habilement réuni le religieux et le politique en « priant le Seigneur » pour le succès de la conférence internationale de paix sur la Syrie. Toutefois, se gardant bien de reléguer sa mission spirituelle au second plan, il agit dans le domaine politique avec beaucoup de prudence.

Selon Jacek Palasinski, fin connaisseur polonais du Vatican, « dans son discours Urbi et Orbi à Noël 2013, le pape a perdu l’occasion de parler de beaucoup d’affaires internationales, se limitant à mentionner quelques régions et à lancer un appel pour la paix dans le monde ». Prudent, le souverain pontife ne veut s’engager « que si c’est absolument nécessaire ».

Des sujets qui comptent vraiment

Mais une autre interprétation de l’attitude du pape François est possible. On pourrait peut-être ne pas parler de « prudence », mais plutôt d’une volonté de se concentrer uniquement sur les problèmes les plus importants. En effet, le pape ne conçoit certainement pas son rôle sur Terre comme un travail sur les directives concernant les actions politiques. Il n’entre pas dans les détails, mais espère plutôt indiquer les directions générales et signaler les problèmes les plus aigus.

En tout cas, c’est ce que pense Patrick Agnew, correspondant du journal irlandais The Irish Times à Rome : « Ni le Saint-Siège, ni le pape, ne font de propositions concrètes : vous devez faire ceci, vous devez faire cela. Le rôle du pape consiste à attirer l’attention, à mettre en vedette des sujets comme la division Nord-Sud, la pauvreté, les droits de l’homme, la faim dans le monde… Sujets qui comptent vraiment. »

Fonction double et ambigüe

Au fond, la fonction papale paraît terriblement ambigüe. Elle l’est même au niveau purement formel, administratif. Car le pape est à la fois chef de l’Eglise qui se veut universelle, et chef d’Etat, dont les compétences sont délimitées par les frontières du Vatican. Comme l’explique le sociologue des religions Olivier Bobineau, « c’est un chef d’Etat souverain qui a la possibilité de négocier des traités avec les autres chefs d’Etat ».

Ceci dit, la façon d’exercer cette fonction dépend « finalement du pape lui-même, car cette fonction est très singulière ». En effet, elle est politique, mais en même temps elle est « extrêmement personnalisée, puisque le pape se dit représentant de Pierre, apôtre de Jésus. Et la tradition de l’évêque de Rome, c’est d’intervenir partout où il y a de l’humain en jeu ».

Formule qui permet d’intervenir, quand le pape le juge utile, dans un spectre très large de domaines politiques : pratiquement partout où il y a des guerres ou d’autres menaces sur l’être humain, donc. Par exemple, sur l’environnement, le climat, les droits de l’homme…

Débats sociétaux

François Hollande l’illustre bien lui-même, en évoquant lors d’une conférence de presse à la fois le statut de chef d’Etat et l’autorité morale du souverain pontife : « Le pape, grande autorité morale, peut, notamment sur le dossier syrien, être précieux pour convaincre qu’il y a là la recherche d’une solution politique. Il peut être également utile dans le cadre de la négociation entre Israéliens et Palestiniens. Je vais aussi m’entretenir avec lui sur la question des chrétiens d’Orient, qui sont aujourd’hui menacés. Et puis, il y a une question qui m’engage personnellement avec le gouvernement, puisque en 2015 nous allons organiser en France la conférence sur le climat ».

On voit donc bien que le double statut du pape lui permet de traiter pratiquement de toutes les affaires du monde aussi bien au niveau bilatéral qu’international. Qui plus est, de par la dimension spirituelle de sa fonction, il se croit autorisé à exprimer ouvertement son avis sur certains débats sociétaux considérés par les autres Etats souverains comme leurs affaires intérieures. Dans le cas précis de la France, il pourrait s’agir de sujets comme le mariage pour tous ou le débat sur la fin de vie.

rfi

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