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Le kidnapping : des conséquences socio-psychologiques pouvant anéantir une vie

En plus de la menace qu’il fait peser sur la démocratie (atteintes à toutes les libertés), le kidnapping entraîne une perte immédiate du lien d’appartenance à un groupe engendrant des problèmes d’ordre psychologique et social, dont la perte du sentiment de sécurité, la difficulté ou l’incapacité d’avoir confiance en soi et aux autres et la peur de l’abandon. Des effets qui peuvent être souvent dévastateurs, notamment quand la prise en otage se prolonge.

Pour des spécialistes de la santé mentale, «le kidnapping est une attaque au bien-être mental et physique de toute la communauté». Ses conséquences dépassent donc la victime pour affecter ses proches et la communauté. En psychologie, par exemple, le kidnapping est «une attaque contre le corps et l’esprit de toute la communauté», en l’occurrence les survivants, leurs parents et toute personne qui en entend parler. C’est pourquoi, selon des experts, l’État doit urgemment rétablir l’illusion de sécurité des citoyens en urgence pour juguler l’épidémie de détresse psychologique qui se déploie en cas de multiplication des rapts.

Généralement, la personne kidnappée est susceptible de développer des troubles liés au trauma. «Un kidnapping fait partie de la catégorie d’événements désignés comme potentiellement traumatiques», a ainsi expliqué lors d’une conférence Dr Judite Blanc. Psychologue chercheuse basée à New York, elle travaille sur les conséquences du stress sur la santé mentale, physique et sur le sommeil. Selon elle, les personnes qui ont vécu directement ou indirectement une situation dans laquelle leur vie a été menacée sont susceptibles de «développer des troubles» liés au trauma (par exemple, un trouble de stress post-traumatique, des troubles de l’humeur, des troubles anxieux). «La victime risque aussi de développer des troubles du sommeil», a-t-elle précisé.

Pour d’autres spécialistes, «les personnes qui ont été enlevées ou les survivants de prise d’otage peuvent afficher des réactions de stress notamment un sentiment de sidération, d’effroi dû au choc». En effet, la victime peut avoir l’impression que la vie n’a plus aucun sens, ou encore développer un sentiment de culpabilité entraînant un repli sur soi. Elle se met ainsi en retrait en évitant sa famille et ses proches ainsi que ses activités habituelles.

Le hic, c’est que les victimes du kidnapping ne se réduisent pas aux personnes qui ont été enlevées. Et ses conséquences, sur le long terme, peuvent affecter dangereusement la santé mentale. Et cela d’autant plus que «le kidnapping s’installe et devient une menace constante et sans issue à l’horizon… Un facteur de stress chronique».

«Une expérience prolongée à ces facteurs de stress chronique, en absence de prise en charge, peut provoquer chez la personne affectée des troubles mentaux tels les troubles de l’humeur (troubles bipolaires et la dépression majeure), les troubles anxieux et du sommeil, et les maladies cardiométaboliques (l’hypertension)…», a expliqué un psychologue. D’où l’urgence d’une prise en charge dès que la personne recouvre la liberté afin de réduire l’impact sur la santé mentale. Et généralement en la matière, disent les experts, les soins individuels ne suffiront pas.

«Le sentiment de sécurité interne et externe est un prérequis au développement humain et économique… Il faut voir le problème sur le plan systémique. Le contexte, l’environnement, les politiques publiques mises en place, la situation socio-économique…il y a beaucoup de facteurs de risques qui entravent la santé mentale des individus», a-t-elle affirmé. Elle a indiqué que, pour les personnes qui ont été enlevées, il faut des soins médicaux en urgence, un environnement sécurisé, avoir des proches qui sont là pour eux…

M.B

Source : La Nouvelle République

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