A la frontière ivoiro-malienne, les travaux du corridor routier entre la Côte d’Ivoire et le Mali arrivent quasiment à leur terme. Mais avant même son achèvement, l’infrastructure soulage déjà transporteurs et populations riveraines dans les deux pays.
Le corridor Bamako‑San Pedro, dont les travaux ont été lancés en 2015 pour un achèvement prévu en juin 2021, a été financé à hauteur de 233 millions de dollars américains par la Banque africaine de développement, dont 198 millions de dollars issus de son guichet de prêt à taux concessionnel, le Fonds africain de développement. L’ouvrage fait partie de la mise en œuvre du Programme d’aménagement de routes et de facilitation du transport sur le corridor Bamako-Zantiebougou-Boundiali-San Pedro.
Les travaux du trajet Zantiébougou‑frontière ivoirienne (140 km) du côté du Mali sont achevés et livrés provisoirement. Du côté de la Côte d’Ivoire, les travaux de la section Kani-Fadjadougou (lot1) sont finalisés et ceux du lot 2 (section Fadiadougou-Boundiali) sont réalisés à 86%. Les deux lots représentent une distance 135 km.
Selon un rapport sur l’état d’exécution et des résultats (EER) publié le 27 octobre dernier par la Banque, l’impact du projet se fait déjà sentir sur les populations bénéficiaires au regard du volume de trafic sur les voies terminées ou en cours.
Les temps de parcours, qui étaient de six heures en 2014 sur chacune des sections allant de Zantiébougou à la frontière de la Côte d’Ivoire et de Boundiali à Kani, étaient ramenés désormais entre 1 heure 40 mn et 2 heures au mois de mai dernier. Cela représente un gain total de 3,6 millions de dollars par an pour les transporteurs.
Selon le rapport, le temps de traitement du trafic par conteneurs au port de San-Pedro, en Côte d’Ivoire, passera à trois jours contre dix jours en 2014, dès lors que l’interconnexion des systèmes informatiques douaniers, la mise en place d’un guichet unique portuaire au port de San-Pedro et un système de suivi électronique des marchandises et véhicules le long de ce couloir auront été matérialisés. Par ailleurs, le temps de passage d’un camion de marchandises à la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Mali devrait passer d’un jour entier à environ trois heures seulement, après la construction du poste de contrôle unique frontalier.
Quant au coût d’exploitation des véhicules à trois essieux, il a été réduit de moitié, passant de 1,8 dollar par kilomètre en 2014 à presque 90 centimes. L’indice d’accès rural dans la zone d’intervention du projet est proche de 60% en 2020, qui concerne, pour moitié, les femmes, contre 25% en 2015. Cet indice mesure la proportion de la population rurale à moins de deux kilomètres d’une route praticable en toute saison.
D’ici à l’achèvement du projet, quatre centres et six plateformes multifonctionnels dédiés aux femmes seront construits. En outre cinq écoles, cinq centres de santé et deux gares routières seront rénovés ainsi que cinq marchés locaux et un marché à bétail frontalier devront être réalisés.
Le projet prévoit également la construction de vingt forages (dix par pays), gérés à 100% par les femmes. Dix systèmes d’éclairage solaire seront installés, dix kits d’outils de transformation et moyens intermédiaires de transport de produits agricoles seront fournis aux populations, dont 80% à des femmes. Vingt véhicules tricycles et quatre ambulances pour le transport de malades et de femmes enceintes seront livrés à dix centres de santé. Enfin, environ 200 kilomètres de pistes rurales seront réhabilités dans diverses localités de part et d’autre dans les deux pays.
« A la fin des travaux, le projet permettra notamment une augmentation du volume des échanges commerciaux passant par les frontières terrestres entre la Côte d’Ivoire et le Mali de 59 200 tonnes à 392 400 tonnes, soit un taux de croissance de 34% », conclut le rapport de la Banque africaine de développement.
Agence Ecofin