Selon des sources diplomatiques, les dirigeants maliens considèrent que le Burkina n’a plus de rôle à jouer dans la médiation avec les rebelles.
Cela fait un bon moment que l’on pouvait constater les signes annonciateurs de la fin de la médiation burkinabè. Même si rien n’est encore publiquement officiel, le Burkina semble déjà être résolu à n’avoir plus de rôle à jouer dans la crise malienne. A cet effet, une source burkinabè proche du dossier avait affirmé que ce n’est pas grave si les maliens ne veulent plus de leur médiation, « nous ne voulons pas sacrifier l’essentiel pour le détail » déclarait-il.
Pour sa part, le ministre malien des Affaires étrangères, Zahabi Ould Mohamed estime que le Burkina ne doit pas s’offusquer car « on est médiateur quand on vous sollicite ».
L’incompétence du Burkina Faso ?
Les raisons de l’exclusion du Burkina Faso dans la résolution pacifique de la crise malienne sont multiples. En effet, les autorités maliennes sont remontées contre Blaise Compaoré, le facilitateur des négociations, parce qu’elles considèrent que ses efforts tardent à porter leurs fruits. Mais là où les autorités des 2 pays ne s’entendent pas du tout c’est la manière dont les discussions doivent avoir lieu.
Le Mali a posé plusieurs conditions préliminaires pour le début du dialogue, notamment le lieu. Nos autorités pensent qu’il est impératif qu’un conflit interne se règle sur notre sol. Aussi, et comme le stipule l’accord de Ouagadougou, le Mali exige le désarmement et le cantonnement effectif de tous les combattants des groupes armés.
Or, les conditions des rebelles sont absolument à l’opposé de celles que Bamako exige. Ce désaccord ne date pas de maintenant et la médiation burkinabè s’est montrée incapable de concilier les points de vue. Pire, Blaise Compaoré est perçu au Mali comme l’ami des rebelles car ici, on le considère trop attentif aux revendications de la rébellion, et peu attentif aux nôtres.
L’offensive diplomatique algérienne
L’Algérie qui était le négociateur « titulaire » dans les rebellions au Mali avait perdu de sa crédibilité depuis l’échec des accords d’Alger de 2006. Elle était donc placée au second plan. Cependant, devant la tentative du Maroc de s’imposer comme allier stratégique dans la région, l’Algérie a lancé une grande offensive diplomatique en vue de consolider sa place de leader dans le Sahel. L’échec de la médiation burkinabè a, en outre, contribué à augmenter l’estime de l’Algérie au Mali.
Lors de la visite officielle du président malien Ibrahim Boubacar Keita à Alger les 18 et 19 janvier , le ministre malien des affaires étrangères a souligné la « parfaite compréhension entre l’Algérie et le Mali sur ce qui doit être fait pour affronter les défis communs en matière de sécurité et de coopération régionale. » Il a insisté en affirmant que « tous ceux qui connaissent les dossiers savent que l’Algérie est incontournable dans ce dossier. »
Cette visite apparait, aujourd’hui, comme l’aval officiel du Mali pour que l’Algérie reprenne le dossier en main. Elle a déjà commencé le travail si on s’en tient aux propos du ministre algérien des affaires étrangères qui nous apprenait pour la même occasion qu’il y a « des contacts exploratoires pour ranimer le dialogue au Mali ».