Le cliché a été brièvement diffusé sur une page Facebook de l’armée. L’état-major a ouvert une enquête et cherche à identifier l’homme pour le «suspendre». Selon La Dépêche, il appartiendrait au 8e RPIMA de Castres.
Quand la Grande Muette communique, elle se prend parfois les pieds dans le tapis. Dernier épisode en date, une photo postée sur la page Facebook officielle de l’armée (dont une capture d’écran est visible ci-dessous), d’un soldat français, l’arme au poing, patrouillant en Centrafrique. L’image faisait partie d’une série de neuf photos, censées illustrer le travail des soldats de l’opération Sangaris.
Au premier coup d’œil, rien ne semble poser problème. Mais le diable se cache dans les détails. Notamment dans l’écusson accroché sur le bras droit du soldat, un drapeau français frappé du nombre 32 et entouré d’une devise en allemand: «Meine Ehre heisst Treue». En français, cette phrase signifie «Mon honneur s’appelle fidélité». Elle était la devise des SS du régime nazi. L’image ci-dessous a été capturée par BFMTV sur la page Facebook de l’armée:
Mise au courant, l’armée a reconnu avoir fait une erreur et a immédiatement retiré la photo incriminée, tout en précisant que «ce soldat portait un insigne d’épaule, n’appartenant pas à la tenue militaire, sur lequel figurait une inscription relevant d’une idéologie condamnée sans équivoque», a indiqué le colonel Jaron, porte-parole de l’état-major. Une enquête a été ordonnée par le chef d’état-major des armées, l’amiral Édouard Guillaud. «Il s’agit d’une attitude inadmissible qui ne reflète en rien la réalité dans les armées», a renchéri le colonel, qui a précisé que le militaire serait «immédiatement suspendu» une fois identifié.
Selon La Dépêche, il appartiendrait au 8e RPIMA de Castres. Cette unité d’élite de parachutistes d’infanterie et de marine a perdu deux hommes, il y a dix jours, en Centrafrique. Le journal local a interrogé le député centriste tarnais Philippe Folliot, qui s’intéresse de près aux affaires militaires, et qui affirme que le soldat est «un jeune sergent qui ne devait même pas connaître la référence nazie». «La devise n’est pas choquante en soi, si on ne connaît pas la référence», poursuit-il
S’il est trop tôt pour s’avancer sur les motivations de ce militaire, l’engagement de militants d’extrême droite dans l’armée n’est pas une nouveauté. En 2008, Le Canard Enchaîné avait publié une photo de trois militaires au crane rasé faisant le salut nazi derrière le drapeau à croix gammée. Par ailleurs, plusieurs mouvements radicaux français recrutent une partie de leurs militants parmi d’anciens militaires. Cependant, ceux-ci n’affichent en général pas leurs opinions de manière aussi voyante lorsqu’il sont sous les drapeaux.
Cette affaire rappelle, par ailleurs, la photo du soldat français prise au Mali par l’AFP, en début d’année. Le militaire français y portait un foulard à tête de mort, pour se protéger du sable. Un cliché, qui, ayant choqué certaines personnes, avait poussé l’armée à sanctionner le soldat en question: il avait été exclu de la Légion étrangère.