Le président islamiste égyptien Mohamed Morsi, destitué en juillet par l’armée, sera jugé pour évasion de prison et meurtre d’officiers durant la révolte ayant chassé en 2011 Hosni Moubarak, a-t-on appris samedi auprès du parquet.
Il s’agit de la troisième affaire pour laquelle M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte en juin 2012 et destitué par l’armée un an plus tard, va passer en justice.
Seront jugés avec lui 132 autres personnes, dont près de 70 membres des mouvements islamiste palestinien Hamas et chiite libanais Hezbollah, qui le seront par contumace.
Le parquet affirme que des militants des Frères musulmans, dont est issu M. Morsi, du Hamas, du Hezbollah et des jihadistes ont attaqué des prisons et des postes de police lors des premiers jours de la révolte de 2011, tuant des policiers et aidant des milliers de détenus à s’échapper.
Des dirigeants des Frères musulmans qui s’étaient échappés avec lui début 2011 de la prison de Wadi Natroun (au nord-ouest du Caire) figurent également sur la liste des personnes inculpées.
Détenu depuis sa destitution le 3 juillet, M. Morsi est actuellement jugé pour complicité de meurtres de manifestants lorsqu’il était au pouvoir.
Il va en outre être jugé pour « espionnage » en vue de mener des « actions terroristes » impliquant le Hamas et des groupes jihadistes, a indiqué en début de semaine l’agence officielle Mena.
Depuis la destitution de M. Morsi, auquel des millions de manifestants avaient reproché de ne pas avoir su gérer le pays et de n’avoir servi que les intérêts de sa confrérie, ses partisans manifestent quasi-quotidiennement, malgré une répression qui a fait plus d’un millier de morts depuis le début de l’été et des milliers d’arrestations dans les rangs des islamistes.
M. Morsi avait affirmé lui-même par téléphone à une chaîne de télévision peu après son évasion que les gardiens de la prison avaient abandonné les lieux tandis que les détenus, profitant du chaos, s’étaient échappés.
L’ancien président Hosni Moubarak, en résidence surveillée dans un hôpital militaire du Caire en raison de sa santé défaillante, est lui poursuivi avec son ministre de l’Intérieur Habib el-Adli et six anciens responsables de son régime, pour « complicité de meurtres » de manifestants lors de la révolte.
Lors d’un premier procès en juin 2012, M. Moubarak, âgé de 85 ans, avait été condamné à la réclusion à perpétuité. Mais il avait ensuite saisi la Cour de cassation, qui a ordonné un nouveau procès.
Par ailleurs, Ahmad Chafiq, dernier Premier ministre de M. Moubarak et candidat malheureux à la présidentielle de 2012, a été acquitté jeudi par un tribunal qui le jugeait par contumace depuis qu’il a fui aux Emirats arabes unis.
Ce général à la retraite était accusé de corruption dans une affaire concernant une cession de terrains aux deux fils de Hosni Moubarak, Alaa et Gamal, actuellement en prison et jugés, comme leur père, dans d’autres procès.
M. Chafiq, qui a depuis fondé un parti politique, est désormais libre de revenir en Egypte, où des élections législatives et présidentielle doivent se tenir mi-2014.
Les spéculations se multiplient autour d’une possible candidature du véritable homme fort du pays: le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, également vice-Premier ministre et ministre de la Défense.