Des migrants passés au jet désinfectant, nus, dans le froid… Les dirigeants du centre d’accueil de Lampedusa ont été révoqués après la diffusion d’une vidéo qui a choqué l’Italie et l’Europe. Cette affaire a déjà provoqué des réactions dans d’autres centres d’accueil, comme celui de Mineo en Sicile, où les migrants ont manifesté ce jeudi 19 décembre contre leurs conditions de rétention. Les responsables politiques se disent « horrifiés » par les images de Lampedusa et une enquête a été ouverte. De leur côté, les associations de défense des migrants espèrent qu’elle permettra de faire la lumière sur la gestion parfois douteuse de ces centres.
Les révélations de la vidéo diffusée lundi 16 décembre à la télévision italienne pourraient bien faire tache d’huile. Ce matin, plusieurs dizaines de demandeurs d’asile ont bloqué les rues autour d’un centre de la province de Catane pour protester contre la durée interminable d’examen de leurs dossiers. Selon la loi, les réfugiés ne devraient pas rester plus de 35 jours dans ces centres où la surpopulation est chronique, et où ils passent parfois jusqu’à un an dans des conditions inhumaines.
Or, l’accueil des demandeurs d’asile est devenu un véritable business, comme le rappelle ce jeudi le quotidien La Repubblica. La structure Lampedusa Accoglienza, par exemple, touche 45 euros par migrant et par jour, sur 70 euros de subventions européennes. Au lendemain des naufrages de début octobre, les habitants et les associations de la petite île pointaient déjà du doigt l’opacité de fonctionnement du centre. Des soupçons pèsent sur des gestionnaires peu scrupuleux, qui trouveraient un intérêt à accueillir le plus de migrants possible et à rallonger les délais de rétention.
Une autre accusation concerne le rôle de la mafia. De nombreuses enquêtes journalistiques ont dénoncé le contrôle de la criminalité organisée sur ce qui est aujourd’hui une véritable traite d’êtres humains entre les deux rives de la Méditerranée.
Source : RFI