“L’idée du Roi Mohammed VI, c’est de créer des partenariats pour qu’on s’installe dans une coopération stratégique”
Sur le plateau de l’Ortm dans l’émission “Invité de la Semaine”, l’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Son Excellence Hassan Naciri, a donné des éléments de réponses sur certains sujets, notamment dans le cadre de la coopération entre le Royaume du Maroc et le Mali, l’Accord pour la paix et la réconciliation, ainsi que la coopération universitaire avec l’octroi de bourses d’études et d’autres formations à l’intention des cadres maliens. Sans oublier la formation des imams au Maroc et le lancement de la phase opérationnelle sur le libre-échange continental…
En prélude à la Fête nationale du Royaume du Maroc communément appelée “La Fête du Trône”, l’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Mali, Son Excellence Hassan Naciri, était sur le plateau de l’Ortm, vendredi dernier, en tant qu’invité de la semaine. Avec notre confrère, Yaya Konaté, il a été question de plusieurs sujets. Il s’agit, entre autres, des relations de coopération économiques entre le Royaume du Maroc et le Mali, la coopération universitaire à travers l’octroi des bourses aux étudiants maliens, la formation des Imams maliens ainsi que l’Accord pour la paix et la réconciliation et surtout le lancement de la phase opérationnelle sur le libre continental. Sans oublier l’Autorisation électronique de voyage sur le Maroc (Aevm), qui est aujourd’hui un sujet important entre les deux pays.
Sans détour, Son Excellence Hassan Naciri a donné des éléments de réponses à toutes ces questions soulevées par notre confrère Yaya Konaté. Selon le diplomate marocain, le Royaume du Maroc et le Mali entretiennent des relations d’amitié et de coopération exemplaire, renforcées davantage sous le président Ibrahim Boubacar Kéïta. Ce qui explique la visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Mali lors de son investiture en 2013, suivie d’une visite en février 2014.
Sur la question de la coopération universitaire, il faut reconnaitre que le Maroc est l’un des partenaires du Mali dans ce secteur avec l’octroi de bourses d’études et l’offre d’autres formations pédagogiques à l’intention des cadres maliens. Ainsi, le nombre de bourses d’études octroyé par le Royaume chérifien est passé de 50 à 260.
“Effectivement, la demande sur ce plan est très forte. Nous faisons un effort spontané d’accompagner cette demande et je peux vous donner un exemple. Quand je suis arrivé au Mali, le nombre de bourses était de 50 par an. Avec la crise, le nombre a été multiplié par deux. Mais actuellement au lieu de 100 bourses, nous sommes à 200 depuis l’année dernière. Et cette année encore, nous avons décidé de notre côté d’en rajouter à ce nombre et nous sommes actuellement à 260 bourses. Mais, il y a beaucoup d’autres bourses qui sont sollicitées par des Institutions, des Associations et des individus et aussi il y a des Maliens du Maroc qui vont demander des bourses pour leur 3ème Cycle.
A cela s’ajoutent les formations de courte durée. Pratiquement, il n’y a pas une seule semaine où une délégation malienne ne se retrouve au Maroc pour une formation dans un domaine précis, pour des journées d’études ainsi que des stages.
Pour le Maroc, comme le disait Sa Majesté le Roi Mohammed VI, l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique et nous devons nous donner tous les moyens pour nous prendre en charge. Et ces moyens, c’est à nous les Africains de les donner. Donc la formation et les ressources humaines sont importantes. Aussi, au Maroc, nous formons des formateurs maliens pour qu’ils puissent former eux aussi les Maliens. Cela est très important” précisera l’Ambassadeur Hassan Naciri avec beaucoup de fierté.
Parlant des relations de coopération économique entre les deux pays frères, le diplomate marocain estime que ces relations donnent des résultats très satisfaisants parce qu’elles créent de l’emploi et des richesses sur place. “L’idée de Sa Majesté, c’est de créer des partenariats pour qu’on s’installe dans une coopération stratégique à long terme. C’est ça notre idée parce que le Maroc a déjà excellé dans la coopération Nord-Sud et aujourd’hui, il veut donner plus de tonus à sa coopération avec les pays du Sud” a déclaré Hassan Naciri. Et l’Ambassadeur d’ajouter : “La vente des marchandises n’est pas la priorité du Maroc aujourd’hui parce que le Maroc est lié à plusieurs pays avec des Accords de libre-échange. Les premiers débouchés de nos marchandises sont bien sûr le marché européen. Et au Mali ce que nous échangeons est en deçà des attentes. Les chiffres sont très modestes des deux côtés. Mais, je peux vous dire qu’on trouve les mangues maliennes partout au Maroc et je peux vous dire aussi qu’il y a le basin malien ainsi que des tissus maliens qui commencent à arriver au Maroc.
Les camions qui arrivent au Mali avec des produits marocains repartent avec des produits maliens. Mais ce n’est pas un grand mouvement. Néanmoins, notre priorité, c’est le partenariat et qu’on puisse produire ensemble. Que nos hommes d’affaires collaborent, qu’on puisse créer la plus-value. C’est ça l’avenir. Je crois que les hommes d’affaire sont dans leur rôle qui consiste à baliser le terrain, mais il faut que nous intéressions plus nos hommes d’affaires. Il faut les inciter et les encourager à faire plus”.
Sur la question de la formation des imams maliens au Maroc, selon Son Excellence Hassan Naciri, le Royaume du Maroc, à travers Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a été l’un des tous premiers pays à exprimer son attachement à l’unité, la sécurité et à l’intégrité du territoire du Mali. “L’islam que nous pratiquons est l’islam de l’amour, du respect de l’autre et surtout du respect du droit sacré à la vie. Donc, c’est ce message là que nous voulons faire passer à travers la formation des Imams. Mais encore une fois, ces imams sont formés pour être des formateurs et ils ont les connaissances nécessaires pour former d’autres Imams. Je crois que cette expérience a été une réussite. Je rencontre beaucoup d’imams ici qui évoluent très bien sur la scène sociale malienne. Et pour la petite histoire, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, m’a une fois confié qu’il a été agréablement surpris par la maitrise d’un des imams qui a conduit la prière pendant le Ramadan.
Aussi, nous ne formons pas les imams que sur l’islam, nous les formons aussi pour être de bons citoyens parce qu’ils apprennent aussi là-bas la Constitution malienne et ils apprennent aussi des métiers”.
Sur la question de l’Accord pour la paix et la réconciliation, Hassan Naciri a été très clair à ce sujet : “Nous sommes vraiment très préoccupés par la situation parce que ce qui arrive au Mali arrive à toute la région, donc la menace ne s’arrête pas au Mali. Nous avons le devoir d’être solidaires avec ce pays parce que nous partageons beaucoup de choses.
Nous sommes dans un rôle d’accompagnement. Nous sommes à l’écoute du Mali et chaque fois qu’il nous sollicite, nous répondrons présents. Et je pense que les grands choix stratégiques appartiennent au Mali. C’est un pays souverain et il nous appartient, nous, de répondre et d’aider au mieux”. Et de poursuivre : “Il y a l’initiative de la décrispation politique par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, qui évolue très bien dans tous ces piliers. De toute façon, il finira par amener les Maliens à travailler ensemble”.
Sur la coopération islamique, l’Ambassadeur dira que : “Les pays musulmans sont tous solidaires avec le Mali et ils l’ont exprimé par tous les moyens. Le rôle des pays de l’Organisation de la coopération islamique (Oci) est très palpable au Mali en matière de financement. Et le Maroc est très impliqué dans cette organisation et travaille beaucoup dans ce cadre-là. L’essentiel est de rester solidaire et de matière agissante avec le Mali et d’encourager le reste de la communauté internationale et les pays membres à continuer à accompagner ce pays. Je pense que, sur ce plan, les musulmans sont vraiment au rendez-vous de l’histoire”.
S’agissant du lancement de la phase opérationnelle sur le libre-échange continental, le diplomate marocain précisera : “Le Maroc a signé, sans hésitation aucune, pour la simple raison que ça cadre parfaitement avec notre vision de la coopération et de l’intégration africaine. C’est une initiative historique. Je crois que les pères fondateurs avaient déjà lancé l’idée en 1963 et aujourd’hui nous arrivons à la concrétiser. Et il ne faut pas s’arrêter aux promesses parce que la Zlec aura beaucoup d’effets sur les facteurs de productions et ce serait l’occasion de faire un effort en matière d’infrastructures et d’interconnexion entre les régions et entre les pays. Cette initiative est annonciatrice de l’arrivée d’une nouvelle mentalité. Une mentalité qui passe du discours à l’acte parce qu’on a fait des discours et on a souhaité que cela puisse passer à l’acte et je crois que, cette fois-ci, on est passé à l’acte et à une vitesse honorable”.
El Hadj A.B. HAÏDARA
Source: Aujourd’hui-Mali