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L’Afrique salue la mémoire d’«un grand baobab»

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Un continent est en deuil. Alors que la classe politique du monde entier témoigne de son émotion voire de sa tristesse, la rue africaine qui pleure la disparition du libérateur de l’Afrique du Sud et du héros panafricain. De l’Algérie au Mali en passant bien sûr par l’Afrique du Sud, les réactions de peuples orphelins.

En Afrique du Sud, les compatriotes de Nelson Mandela sont sous le choc, même si cela faisait des mois qu’ils se préparaient à cette nouvelle, depuis qu’il avait été hospitalisé l’été dernier. Toute la nuit, les chaînes ont retransmis des messages de condéolances. Les hommes et les femmes d’Afrique du Sud garderont à jamais l’image de cet homme qui après autant d’années de prison, et autant d’années de sacrifice, est monté sur scène un jour d’avril 1994 et s’est mis à danser.

A mesure que la nuit avançait, ils étaient de plus en plus nombreux à se masser devant la maison de Nelson Mandela, raconte notre correspondante en Afrique du Sud. Des Sud-Africains de tous les âges, de toutes les confessions, tous les visages de la « Nation arc-en-ciel ».

Dans les premiers instants, c’était la stupeur et le silence, comme si personne ne croyait vraiment à la mort de Nelson Mandela, malgré les alertes des derniers mois. Puis la rumeur s’est propagée, la foule a grossi, envahissant, éclatant en chants et en prières. Beaucoup avaient amené des fleurs, des bougies. Pour tous, c’était l’évidence : il fallait être là, cette nuit, au plus près de Madiba pour l’accompagner, le célébrer encore une fois.

Pour tous, Nelson Mandela est le père de la nation, le trait d’union entre les Sud-Africains. De nombreux jeunes étaient présents, ceux qu’on appellent les « born-free », nés-libres à la fin de l’apartheid ou juste après. Ils ont dit leur infinie gratitude pour l’action de Madiba qui a sacrifié sa vie pour que leur génération soit libre. Beaucoup de parents avaient amené leurs jeunes enfants pour qu’ils se souviennent. Pour que l’héritage de Nelson Mandela ne disparaisse pas.

Au Mali, on se souvient d’un « grand monsieur, une grande légende vivante ». « Il devrait servir de modèle pour tous les hommes politiques aujourd’hui, et surtout pour nous les Maliens. Pour continuer à vivre ensemble », témoigne un habitant de Bamako au micro de notre correspondant.

« C’était quelqu’un qui a fait beaucoup de choses pour les droits des Africains et pour leur liberté. » On rappelle quelques sagesses : « Un proverbe bambara dit : ‘c’est un grand baobab qui est tombé’. Ca nous a beaucoup touchés. Après 27 ans en prison, il sort et pardonne à tout le monde. Ce sont des choses rares. »

« C’était le président de toute l’Afrique », clame cet homme, tandis que pour son voisin « c’est le monde entier qui perd un grand homme. » « C’était un lutteur, c’était un Africain. »

Au Sénégal, une partie de la société civile s’est mobilisée très vite contre le régime d’apartheid, en soutien au combat de Nelson Mandela. Dans son bureau tout en bois, Abdoulaye Bathily a une photo qui attire l’attention, une photo de Nelson Mandela. Il se souvient des années de mobilisation contre l’apartheid. C’était les années 60, il était alors leader étudiant : « Nous les étudiants, nous étions farouchement opposés à la politique de Senghor, trop modérée. Nous étions pour appeler les populations sénégalaises à boycotter les produits sud-africains. Je me souviens aussi qu’en 1967, la faculté de médecine de Dakar a organisé des journées médicales auxquelles étaient invités des médecins sud-africains, venus des universités qui prônaient l’apartheid, qui pratiquaient le système de ségrégation raciale. Et leur présence ici était pour nous un affront. »

Abdoulaye Bathily n’a pas oublié non plus qu’il a passé une semaine en prison en 1985 sous Abdou Diouf suite à la répression d’une manifestation anti-apartheid. Il s’agissait justement de pousser Abdou Diouf, devenu président en exercice de l’unité africaine, à s’engager plus avant dans le soutien à Nelson Mandela. Marie-Angélique Savané, féministe et personnalité de la société civile, y était aussi : « Je me suis retrouvée tout d’un coup, face à une dizaine de policiers qui se sont mis à me frapper. Je suis bien restée trois jours couchée. Mais il fallait le faire, parce que Diouf à partir de là, a dû durcir vraiment sa politique vis-à-vis de l’apartheid. »

 

Source : RFI

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