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Nelson Mandela laisse une Afrique du Sud plus riche et plus inégalitaire

Nelson Mandela ancien president sud africain madiba mort

Nelson Mandela, le père de la nation sud-africaine, disparait au moment où son pays connait pas mal de difficultés : sur fond de ralentissement de la croissance, les conflits sociaux ont essaimé depuis l’année dernière, tandis que les inégalités s’aggravent.

Le tableau de bord de l’économie sud-africaine n’est pas reluisant en ce moment. Mais il ne doit pas occulter les immenses progrès enregistrés depuis la fin de l’apartheid. Entre 1980 et 1994, la croissance moyenne de l’Afrique du Sud dirigée par et pour la minorité blanche est de 1,5%. Entre 1995 et 2003, c’est-à-dire après l’arrivée aux commandes de Nelson Mandela, c’est le double, 3%.

Cette accélération a permis à l’Afrique du Sud d’entrer dans le club des BRICS. L’Afrique du Sud est-elle vraiment un pays émergent ? Beaucoup d’experts estiment ce statut usurpé. On voit d’ailleurs depuis la crise de 2008 l’Afrique du Sud diverger. Alors que les grands émergents ont plutôt bien résisté au coup de mou mondial, l’Afrique du Sud marque le pas, la croissance est plutôt de 1,5%. L’autre grande différence avec les émergents, c’est son incapacité à réduire les inégalités.

La Nation arc-en-ciel est l’un des pays les plus inégalitaires de la planète

Les sud africains ont le triste record de l’inégalité avec un coefficient de gini à 0,65. Ce coefficient mesure les écarts de revenus entre les plus pauvres et les plus riches. À 0 il indique que tous les foyers reçoivent exactement le même revenu, à 1, qu’une seule personne monopolise toute la richesse du pays. Si de telles disparités demeurent, s’agrandissent même, c’est en partie une question de temps. Le basculement de la richesse d’un groupe à un autre ne se fait pas en un jour, ni en quinze ans, et c’est l’âge de cette jeune nation multicolore.

Depuis 1994 il faut partager entre 50 millions d’habitants les fruits d’une croissance jusqu’alors réservée au 10% formée par la population blanche. Cette minorité a continué à s’enrichir après la fin de l’apartheid, le revenu moyen d’un ménage blanc a cru de 60% entre 1993 et 2008, celui d’une famille noire de 93%. Vu d’où partaient les gens de couleurs il faudrait aujourd’hui à l’Afrique du Sud une croissance à deux chiffres pour combler rapidement ce fossé abyssal entre riches et pauvres qui recouvre plus nécessairement des différences de peau.

Le black empowerment a échoué ?

Certains membres de l’ANC, notamment dans les jeunes générations reprochent aujourd’hui à Nelson Mandela d’avoir raté cette transition économique. Nelson Mandela a voulu reconstruire un État de droit. Il estimait qu’en renonçant à une économie de marché comme le prônaient certains de ses pairs, son pays allait droit dans le mur.

Les investisseurs étrangers qui avaient fui le régime d’apartheid ne reviendraient pas dans un pays converti à un modèle soviétique. Et en 1994 l’Afrique du Sud est au bord de la cessation de paiement, c’est donc aussi pour éviter la faillite qu’il fait le choix d’une évolution en douceur. Une évolution qui a aussi laissé le champ libre à la corruption, à un enrichissement excessif de l’élite, noire ou blanche. Des écarts que la Nation arc-en-ciel doit corriger pour éviter d’éclater.

 

Source : RFI

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