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La transition au Mali : À qui profite l’échec ?

«En fait, notre pays doit être rénové, reconstruit, mais il doit être reconstruit de façon nouvelle, différente; nous ne devons pas refaire une maison destinée à tomber sur la tête de ceux qui y habitent à un moment décisif; nous devons profondément transformer la structure économique, politique, sociale de notre pays. Pour cela, il faut une nouvelle classe dirigeante. Mais cette nouvelle classe dirigeante ne pourra provenir d’un seul groupe social…» (Palmiro Togliatti).

 

Depuis un certain temps, la problématique de la gestion de la transition fait couler beaucoup d’encre et de salive partout dans notre pays et en particulier à Bamako, dans les services, les maisons, les stades et jusque dans les grins et dans les cuisines.

Pour certains, le gouvernement et le Conseil national de la transition (CNT) réussiront leur mission qui consiste à amorcer de façon irréversible la refondation de la République pour voir enfin notre pays sortir du bourbier dans lequel l’ont plongé dangereusement les «démocrates» maliens.

Pour d’autres, (ils sont essentiellement à rechercher dans les rangs de politiciens maliens) la transition est appelée à échouer lamentablement.

– L’optimisme des uns repose sur le fait que les militaires, loin de la guéguerre des politiciens, sont mieux indiqués pour engager la traque de la corruption et de la délinquance financière qui minent dangereusement notre société.

– Pour d’autres au contraire, les militaires ont participé à la dilapidation des richesses nationales et que par conséquent ils ne seraient pas eux aussi bons.

Un proverbe bambara affirme: ‘‘Le mensonge donne des fleurs mais jamais de fruits. Le mensonge a beau courir pour s’émousser dans la nature, lorsque la vérité se lance à sa poursuite, elle le rattrape aussi aisément’’.

À analyser tant soit peu le dernier argument, l’on ne peut s’empêcher de constater que c’est bien sous la responsabilité d’un président civil que des militaires se seraient trempés dans les malversations financières. Ainsi donc, si les démocrates n’avaient pas tout intérêt à voir ces militaires s’enrichir de la chose publique, ils avaient tout le pouvoir d’empêcher ces malversations même si ce sont des porteurs d’uniforme qui s’en rendent coupables. Mais visiblement, pour mieux bouffer, les ‘‘démocrates’’ n’avaient pas intérêt à rappeler les militaires prédateurs à l’ordre. C’est bien là la vraie mission de tout président qui prête serment de défendre les intérêts supérieurs du Mali. Il apparaît donc clairement que nos politiciens ne sauraient oser grimper à l’arbre pendant qu’ils ont leurs pantalons troués.

L’on comprend donc que si le Mali est aujourd’hui dans le creux de la vague c’est par la faute de ces ‘‘démocrates’’ sangsues de nos masses laborieuses. Ils ont fait de la politique leur moyen privilégié et idoine de s’embourgeoiser aux dépens de notre  peuple travailleur. Pour réussir cette sale besogne, ils n’ont épargné aucun effort, aucun sacrifice jusqu’aux stratégies machiavéliques de souillure de notre digité nationale. Mieux, ces politiciens affairistes ont hâte de revenir au mangeoire sans lequel ils crèveront de misère parce que n’ayant rien appris d’autre chose que de s’enrichir sur le dos de l’État. Il y a donc de quoi travailler à mettre le bâton dans les roues des hommes et des femmes en charge de gérer la transition.

Les ‘‘démocrates’’ crient à la violation des principes de la «démocratie». Mais l’on se demande de quelle démocratie, ils parlent si ce concept n’est pas un fourre-tout. En tout cas, il ne peut s’agir de la démocratie qui garantit au peuple malien le mieux-être socioéconomique, politique et culturel !

Le dernier des derniers soucis de ces ‘‘démocrates’’ maliens était et reste le développement national. Ils ont plutôt fait de la démocratie, le moyen de se nourrir et de nourrir leur famille, copains et copines des richesses nationales. Ils ont géré en sorte que ceux qui travaillent triment dans la misère et ceux qui ne font rien nagent dans l’opulence financière.

Par la corruption et la délinquance financière, les politiciens ont jeté à l’eau toute dynamique nationale. Leur principal mot de passe était et reste ‘‘le peuple’’. Par là, ils ont soumis notre peuple travailleur à leurs caprices et leurs contrefaçons assassines de l’espoir d’un lendemain meilleur pour les enfants de ce pays.

Notre pays est endetté à coût de milliers de milliards de francs pendant que notre peuple trime dans la misère la plus isolante et la plus impitoyable. Ces démocrates affairistes ont oublié que notre peuple n’est pas d’accord avec le sort que ces bandits de la démocratie à la malienne lui ont imposé. Du coup, ils ont fait la lecture à l’envers du silence de notre peuple qui continue d’endurer les affres d’une démocratie bigarrée.

Louis August Martin avait dit avec juste raison: «Le silence d’un peuple n’est qu’un effet de contrainte et non pas une adhésion volontaire à la servitude; c’est le plus souvent le couvre- feu d’une révolte à venir».

En 2012, le coup de force de militaires patriotes contre le régime conteur de Amadou Toumani Touré a été salué de vive voix par le peuple malien pour qui la démocratie à la malienne n’est que de la pullule amère à avaler, décorée de bluff et de phraséologie creuse. Hélas ! Les politiciens en mal de crédibilité ont travaillé à casser la dynamique de changement enclenchée par Amadou Haya Sanogo et ses compagnons. La suite n’échappa à personne: les mêmes  politiciens ont pris sur eux la décision de payer des mercenaires pour venir s’attaquer à notre propre armée. Mal les a-t-il pris ?

Leurs bras armés ont été foudroyés par nos vaillants soldats. C’était le 30 avril 2012. La méconnaissance du caractère apatride des politiciens maliens a conduit Sanogo à écouter leurs balivernes et leurs billevesées. Le malaise social avait atteint un seuil inquiétant sous Ibrahim Boubacar Keïta. Comme pour rappeler que l’intervention de nos soldats pour dégager le régime d’IBK a été accueillie au Mali comme salutaire.

Mais, ne poursuivant pas une cause populaire mais privée, les politiciens ont repris du service, criant sur tous les toits à la «confiscation du pouvoir par l’armée et à la violation de la constitution» que ces démocrates n’ont jamais eux mêmes valorisée.

À la chute du président IBK, les Maliens dans leur écrasante majorité ont dit aux politiciens de laisser les militaires gérer la transition en vue de la refondation du Mali. Ce cri de cœur du peuple ne peut être soutenu par ces politiciens spoliateurs de la République. C’est donc pourquoi, ils se sont battus comme de beaux diables pour que les militaires rentrent dans les casernes au motif que leur place est au front.

Mais le choix du Président et du vice-président de la transition a prouvé à ces politiciens que les militaires qui ont fait le coup de force du 18 août 2020 ont compris la nécessité de ne plus laisser ‘‘ces démocrates’’ continuer leur bamboula. Se tournant vers le CNT, ces politicards ont compris que pour les militaires il n’est plus question de les laisser continuer à sucer impunément le sang des maliens. Alors, les hostilités ont débuté, traitant nos soldats de tous les maux d’Israël.

Pour tout dire, c’est à ses politiciens que profitent l’échec de la transition car il signifiera du tout l’échec et la mascarade dans le combat contre la corruption et la délinquance financière. C’est là une évidence si ce sont les mêmes politiciens qui doivent revenir aux affaires. Que doivent donc faire ceux qui animent aujourd’hui la transition ?

– Ils doivent travailler à assainir l’administration publique sans état d’âme de ces fonctionnaires constituant un frein à la refondation du Mali.

– Ils doivent prendre des mesures drastiques contre les déprédateurs du tissu économique national. Ainsi, le Vérificateur général n’aura pas été payé pour rien.

– Ils doivent travailler à réduire le train de vie de l’État en supprimant par exemple l’aide publique aux partis politiques qui pullulent partout et à toutes les associations privées.

Pour tout dire, la transition ne doit pas se laisser distraire par les gesticulations politiciennes. Aujourd’hui, le Mali a besoin d’une véritable refondation au bénéfice des masses travailleuses. C’est là une occasion majeure (il faut que Bah N’Daw et ses hommes le sachent très bien) pour le nettoyage au Mali. Les hommes et les femmes de la transition qui veulent bien faire doivent se rendre à l’évidence que la vérité finit toujours par triompher. Ils doivent comprendre donc que la reconstruction de notre pays est une impérieuse nécessité. Il y va de l’avenir de nos enfants !

Mais pour rendre opérationnelle cette reconstruction, il leur faut mener avec esprit patriotique et de sacrifice la traque de la corruption et de la délinquance financière. S’ils ne veulent pas que le Mali retombe dans le désordre, l’anarchie et les malversations de toutes sortes, ils doivent n’écouter que les masses laborieuses et façonner des hommes nouveaux pour une gouvernance radicalement nouvelle.

C’est, tirant toutes les leçons du passé que Palmiro Togliatti a dit: «En fait, notre pays doit être rénové, reconstruit, mais il doit être reconstruit de façon nouvelle, différente; nous ne devons pas refaire une maison destinée à tomber sur la tête de ceux qui y habiteront à un moment décisif; nous devons profondément transformer la structure économique, politique, sociale de notre pays. Pour cela, il faut une nouvelle classe dirigeante. Mais cette nouvelle classe dirigeante ne pourra provenir d’un seul groupe social…»

Fodé KEITA

Source :  L’Inter De Bamako

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