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La France au Sahel : une guerre perdue ?

La France lance le début de l’opération Serval au Mali en 2013 pour barrer la route aux jihadistes. Sept ans après, l’armée française est toujours présente sur le territoire. Les scènes de liesse accueillant François Hollande en héros à Tombouctou semblent avoir laissé place à un scepticisme qui brouille l’avenir de l’intervention française au Mali et dans le Sahel.

Cette guerre ne devait pas avoir lieu : François Hollande, alors Président de la République avait annoncé, fin 2012, que la “France n’interviendrait pas militairement au Mali”. “Priorité à la diplomatie”… Sept ans plus tard, les forces armées françaises sont toujours dans le pays. Alors, entre lutte acharnée contre le terrorisme et sentiment antifrançais de plus en plus présent, la question de la place de la France au Sahel se pose à nouveau. Pour comprendre ce qui s’est passé pendant ces sept années, il faut revenir là où tout a commencé :

Janvier 2013, début de l’Opération Serval

Quel était le but de cette opération militaire menée au Mali par l’armée française ? Marc-Antoine Pérouse de Montclos est Docteur en sciences politiques, directeur de recherche à l’IRD et chercheur associé au Peace Research Institute, à Oslo. Il travaille sur les conflits armés, les déplacements forcés de population et l’évaluation de l’aide humanitaire en Afrique subsaharienne. Il va nous donner quelques clés pour appréhender la situation.

“La mission de l’armée française est en fait de se substituer à des états défaillants et notamment à leurs armées et leurs polices défaillantes”

L’Opération Serval (devenue Opération Barkhane en juillet 2014), qui aujourd’hui couvre cinq pays francophones du Sahel, tous liés par des accords de défense avec Paris, avait deux gros objectifs sur le Mali :

  • Restaurer la souveraineté du Mali sur l’ensemble du territoire
  • Contenir, voir éliminer la menace dite djihadiste, terroriste, c’est ainsi que le gouvernement français la désigne

Sur ces deux objectifs, on peut bien parler d’un échec. Je pense même que cet échec était en réalité programmé puisqu’on le sait bien, les interventions militaires les meilleures sont les plus courtes. Celle-ci s’ensable, s’enracine avec une mission impossible pour l’armée française qui est en fait de se substituer à des états défaillants et notamment à leurs armées et leurs polices défaillantes et qui, il faut le dire, ont aussi un certain soutien social

En janvier 2013, François Hollande disait vivre, au Mali, l’un des jours les plus importants de sa vie politique. Peut-on imaginer que les choses auraient été pire sans cette intervention militaire française ? Marc-Antoine Pérouse de Montclos, notre invité, nous explique que le grand argument du Gouvernement, aujourd’hui est que “si on n’était pas intervenu, ce serait pire”. Mais il ne peut évidemment pas le prouver. Personne d’ailleurs…

Ni vous ni moi ne pouvons refaire l’histoire. Je pense que le scénario d’une transformation du Mali en état islamique à l’afghane est un fantasme, que les groupes rebelles du Nord, avec des populations qui étaient détestées à Bamako, n’auraient pas pu s’emparer de la capitale et encore moins la contrôler, donc on est là dans des spéculations, de la même façon qu’on entendait le discours d’Emmanuel Macron qui référait à cette espèce d’Internationale djihadiste fantasmée alors que les groupes présents au Sahara, il faut le rappeler indéfiniment, n’ont jamais commis d’attentats Outre-Mer, ce n’est pas du tout l’État islamique en Irak et en Syrie.

Je suis convaincu que ce dont nous parlons-là est absolument essentiel pour l’avenir de l’Afrique et par voie de conséquence pour notre avenir collectif… Le Président Emmanuel Macron lors de la conférence de presse à l’issue du Sommet du G5 Sahel

Invité : Docteur en sciences politiques, Marc-Antoine Pérouse de Montclos est directeur de recherche à l’IRD et chercheur associé au Peace Research Institute, à Oslo. Il travaille sur les conflits armés, les déplacements forcés de population et l’évaluation de l’aide humanitaire en Afrique subsaharienne. Il a vécu plusieurs années au Nigeria, en Afrique du Sud et au Kenya et accomplit régulièrement des missions d’études en Afrique. Il est l’auteur, entre autres, de Une guerre perdue. la France au Sahel aux éditions Jean-Claude Lattès (2020) et L’Afrique, nouvelle frontière du djihad ? aux éditions de la Découverte (2018).

Extrait

Sommet du G5 Sahel : Le Président de la République française Emmanuel Macron lors de la conférence de presse à l’issue du Sommet de Pau, le 13 janvier dernier

“Superfail” est un podcast original de Guillaume Erner, le producteur des Matins de France Culture : chaque lundi matin, retrouvez une histoire d’échec, de fail, décryptée avec un invité. Un programme à écouter à votre rythme, quand vous le désirez.   Retrouvez l’intégralité des épisodes de Superfail

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L’équipe de Superfail

Guillaume Erner, Sylvia Favre, David Jacubowiez. Aujourd’hui, la prise de son est assurée par Adèle Caglar.

Source: franceculture

 

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