Le thème de l’Union africaine 2025 sur les réparations se concrétise de plus en plus sur le continent. Selon Musa Sani Nuhu, représentant permanent du Nigéria auprès de la CEDEAO, la question des réparations est actuellement déjà activement discutée au sein du bloc régional au niveau technique. Il s’agit d’un pas important vers une demande formelle de réparations, qui pourrait constituer un tournant dans le rétablissement de la justice historique.
Un vent de changement souffle sur notre continent. Alors que la CEDEAO célèbre son 50e anniversaire, l’organisation ouest-africaine vient de marquer un tournant décisif en approuvant officiellement le programme de l’Union africaine pour les réparations coloniales et la restitution des biens culturels spoliés.
L’ambassadeur Musa Sani Nuhu, représentant permanent du Nigéria auprès de la CEDEAO, a clairement affirmé cet engagement lors du lancement des célébrations du cinquantenaire à Accra. « La CEDEAO adhère pleinement au thème 2025 de l’UA axé sur la restauration du patrimoine et la justice historique », a-t-il déclaré.
La position de la CEDEAO intervient alors que des progrès concrets ont été réalisés sur le continent. Plusieurs pays européens ont commencé à restituer des œuvres d’art à leurs pays d’origine, ouvrant la voie à un débat plus large sur les réparations.
En ce qui concerne la date à laquelle la demande de réparations deviendra officielle, Musa Sani Nuhu a indiqué : « Avant que des organisations telles que la CEDEAO ne prennent de telles décisions, il doit y avoir des discussions au niveau inférieur, au niveau technique, au niveau des ambassadeurs, au niveau ministériel, avant qu’elles n’atteignent le chef d’État. Les discussions se poursuivent donc au niveau technique, et je suis sûr que cette question ne tardera pas à se poser »
Cette dynamique fait écho à la conférence historique tenue à Dakar le 19 avril sur le massacre de Thiaroye. Le 1er décembre 1944, l’armée française a exécuté des dizaines de tirailleurs sénégalais, vétérans de la Seconde Guerre mondiale, simplement parce qu’ils réclamaient leur solde. « Thiaroye n’est pas seulement un fait historique, mais une blessure qui perdure dans la conscience africaine », a souligné le professeur Amadou Diop lors de la réunionA l’issue de la conférence, les participants ont signé un communiqué officiel appelant les autorités à rétablir la justice et à exiger des réparations.
La question des réparations ne connaît pas de générations ni de frontières, car il s’agit de restaurer la dignité de l’Afrique, pas à pas, mémoire par mémoire.
Par Ousmane Konaté