Présentée comme une « invention congolaise » par la Ceni, cette machine fabriquée par la société coréenne Miru fait polémique au Congo, après les enquêtes successives de RFI et de Jeune Afrique. En décembre dernier, une source diplomatique coréenne affirmait déjà n’avoir aucun lien et ne pas promouvoir cette machine à voter. Cette fois, Séoul va plus loin et dit avoir averti l’entreprise coréenne des risques liées à l’exportation de ces machines, qu’elles pourraient servir de prétexte à Kinshasa pour retarder les élections ou produire « des effets indésirables ». Le gouvernement coréen assure ne pouvoir rien faire de plus pour décourager l’entreprise coréenne d’exporter ces machines en RDC. Mais l’histoire est un peu plus compliquée que ce que veut bien dire Séoul.
Quand fin août 2017, la Ceni présente son prototype de machine à voter, fabriquée par la société coréenne Miru, l’Association mondiale des commissions électorales, A-web, basée en Corée, financée par la commission électorale coréenne et dirigée par un sécretaire général coréen, soutient son utilisation en RDC comme ailleurs.
L’association présentée par Séoul comme à but non lucratif en livre d’ailleurs dans le cadre d’un projet d’appui à la commission électorale des îles Fiji en mars 2017. Et quand en décembre de la même année, la communauté internationale, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne en tête, s’inquiète de son utilisation, c’est l’ambassade de Corée qui invite les diplomates occidentaux et le secrétaire général d’A-web pour des échanges et rien n’indique que Séoul soit opposé à la signature de ce contrat de plus de 150 millions de dollars.
Ce n’est qu’après la publication de l’enquête de RFI, fin décembre, qu’A-web aurait annoncé à la Ceni qu’elle ne lui apporterait plus d’appui technique, suivant la position du gouvernement coréen, précise le communiqué de Séoul.
A ce moment-là, rien n’est encore officiel. La Ceni dit même n’avoir encore signé aucun contrat, même si les machines de Miru commencent à être livrées au Congo. En tout cas, le 11 mars 2018, le quotidien coréen Joonghang évoque les résultats confidentiels d’un audit interne commandé par la commission électorale coréenne sur les agissements d’A-web, de son secrétaire général, et cite une mystérieuse société coréenne appelé M. qui semblait bénéficier de contrats, selon un député coréen cité par le journal, par son intermédiaire.
Interrogé par RFI sur le contenu de l’article du quotidien Joonghang, ni le gouvernement coréen, ni sa commission électorale, ni même A-web n’ont répondu pour le moment. La société coréenne Miru s’est contenté de renvoyer les questions à la commission électorale congolaise qui a assuré que le contrat signé début 2018 avec la société Miru avait suivi une procédure accélérée, mais légale au Congo.
Source: rfi