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La continuité des Agences de Développement Régionaux (ADR) ou une coopération décentralisée inachevée au Mali

L’Ordonnance N°2015-017/P-RM du 02 Avril 2015 porte création d’agences de développement régional nommées ADR. Malheureusement, cet appui  technique des régions se voit presque vain buté à un goût d’approximation négligée. En témoigne la création puis la fermeture prématurée du Ministère du développement local en 2017 D’une part, les ADR doivent être canalisés par une Agence de développement local qui se chargera d’harmoniser tous les acteurs techniques et synergies collaboratives en matière de décentralisation conformément à son Acte III. 

C’est cette création qui peut servir de promotion et de coordination de toutes les actions de décentralisation et de déconcentration de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. C’est cet organe qui, s’il est créé, doit servir de charnière centrale pour piloter les initiatives de développement des terroirs et ainsi, de manière naturelle, aboutir aux Agences de développement régionaux et non l’inverse. Le constat qui en découle est palpable et simple : malgré la recrudescence des formations et renforcements de capacités les ADR piétinent et la décentralisation peinent à trouver son chemin surtout dans les nouvelles régions faute d’appui technique au plus près des populations et des élus. La solution serait, à mon avis, de parachever l’action gouvernementale jusque dans les communes par des agences de développement communal. Ainsi, ce maillage institutionnel sera plus complet et apte à servir d’appui conseil, de suivi et d’aide à la prise de décision en matière de décentralisation et d’administration des collectivités territoriales tout en instaurant une réelle résilience et une vraie appropriation par les populations des enjeux, projets d’évolution et de croissance économique de leur environnement direct. Comme toute structure réglementée, l’agence de développement local à vocation nationale doit s’organiser dans son fonctionnement en quatre directions opérationnelles de notre point de vue. Il s’agit entre autres de créer la direction de promotion de la citoyenneté, la direction de l’appui et du partenariat avec le secteur privé, la direction des projets et programmes et la direction du patrimoine et de la planification urbaine. C’est peut-être cette jugeote qui aura manqué à l’Ancien Ministre du développement local feu Zoumana Mory Coulibaly pour impulser une nouvelle dynamique au progrès du Mali.

Sur le plan municipal, l’agence développement communal aura en charge d’assurer l’appui à la maîtrise d’ouvrage des projets urbains, d’assurer le suivi-évaluation du programme de développement communal et de créer les conditions de développement économique local. L’agence de développement communal aura aussi pour rôle de conseiller la ville et les mairies dans leur politique de sauvegarde et revalorisation du patrimoine, d’effectuer et de renforcer les programmes de coopération décentralisée, et de mener des études pour le compte de la commune.

Au-delà de ces points cités, les difficultés techniques liées à la décentralisation au Mali persistent dans les litiges liés au découpage territorial ce qui met en jeu les litiges des territoires des villages qui composent les collectivités territoriales et les difficultés futures de l’intercommunalité. D’autre part sur le plan politique, les limites de la tutelle ne sont pas clairement fixées ce qui fait qu’on ignore le degré d’autonomie des différentes institutions locales. C’est ainsi que les communes ne savent pas toujours où s’arrêtent les prérogatives du préfet concernant la définition de leur budget.

Il existe également de nombreux blocages au processus de transfert de compétences et de ressources de l’Etat aux collectivités. Depuis bientôt dix ans le transfert des responsabilités n’a été effectif que pour les domaines de la santé, de l’éducation et de l’hydraulique. Il reste bien d’autres secteurs importants pour les citoyens comme le foncier pour lesquels aucun transfert n’a encore eu lieu alors que les conflits y deviennent de plus en plus nombreux et violents.

Le rôle des collectivités territoriales dans le processus de création de richesse au niveau local n’est pas non défini ni engagé. Un conflit de fonction existe à ce niveau. Si l’on prend le cas des communes elles sont souvent l’investisseur parfois, l’entrepreneur alors que dans le développement local il est important de faire la différence entre la maitrise d’ouvrage et la maitrise d’ouvrage déléguée. La commune est donc le reflet de l’Etat à un autre niveau, Etat qui veut tout faire.

Enfin, la démocratie à la base n’est pas promue parce que le contrôle par les communautés de base dans les villages, les quartiers et les fractions n’est pas organisé. On y a substitué la tutelle des services de l’Etat et la corruption qui s’étend dans ces services rend le contrôle inefficace surtout en matière de foncier.

Abdoulaye A. Traoré,

Doctorant en sociologie

Source: L’Alternance
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