La Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Dicko, CMAS ne décolère toujours pas malgré la pression du régime transitoire. Après avoir renoncé à sa marche patriotique elle dit maintenir sa principale revendication relative à une transition civile après expiration du délai de la transition.
Le Coordinateur général de la CMAS, Youssouf Daba Diawara l’a rappelé au cours d’un débat sur un plateau de télévision privée. Pour le partisan de l’imam Dicko après trois ans de transition militaire, l’heure est venue de passer la main aux civils pour conduire une transition, la plus courte possible, celle qui organisera des élections transparentes et crédibles en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel normal afin d’alléger les souffrances des maliens, qui dans leur écrasante majorité végètent dans une misère noire. La CMAS a-t-elle, toute seule, les moyens de sa politique ? Initiera-t-elle un vaste mouvement avec d’autres forces vives de la nation pour constituer un front unifié ? Les autorités ne doivent-elles pas prendre au sérieux les revendications de la CMAS en leur réservant le traitement adéquat ?
Tous les regards sont tournés vers le centre et le nord du Mali où nos vaillantes forces de défense et de sécurité sont en train de se battre pour reprendre les emprises rétrocédées par la MINUSMA, aux FAMA, mais qui se heurtent à la farouche opposition du CSP. Cette situation qui ne saurait s’accommoder avec un quelconque mouvement politique de grande envergure, fait que la classe politique observe avec grande attention et préoccupation, d’où son inaction. Mais cette morosité ne saurait perdurer, car certains partis et regroupements politiques fourbissent déjà leurs armes et attendent le moment propice pour agir, c’est le cas de la CMAS et des partis politiques regroupés au sein du cadre pour un retour à l’ordre constitutionnel. Ce qui est à redouter pour le pouvoir c’est l’éventualité de la création d’un vaste mouvement à l’image du M5 RFP, surtout qu’il y a non seulement matière à discussion, mais aussi et surtout une certaine harmonie de vue sur beaucoup de questions. Ils ont quasi unanimement dénoncé le report unilatéral sans consultation, des élections, la classe politique a également dénoncé le manque d’implication des partis politiques dans la prise des décisions, même celles qui la concerne. Ils s’accordent tous à dire qu’il faudrait respecter le délai imparti pour la fin de la transition. Ces différents points de convergence ne pourraient-ils pas faciliter la retrouvaille entre les différentes forces politiques éparses ? Il y a fort à parier qu’un mouvement serait en gestation pour fédérer toutes les forces politiques afin de former un front unitaire et la CMAS, comme à l’accoutumée, jouera le rôle de leadership avec l’imam Dicko. Donc à la question de savoir si la CMAS a les moyens de sa politique, la réponse est oui car elle ne sera pas seule dans ce combat, et c’est sûr que sa main tendue trouvera des preneurs. Son leadership lui sera reconnu dans ce combat comme celui de l’imam Dicko au sein du M5 RFP, surtout quand l’initiative viendra de la CMAS.
Les autorités ne doivent-elles pas prendre au sérieux les revendications de la CMAS en leur réservant le traitement adéquat ?
Si tant est que les autorités ont cette capacité d’anticipation, elles doivent alors prendre à bras le corps les revendications de la CMAS tout en leur réservant un traitement diligent. Elles doivent agir en amont en faisant des propositions concrètes, en commençant par un large rassemblement de toutes les forces vives de la nation, ensuite fixer la date de l’élection présidentielle avec toutes les garanties de transparence et de régularité et enfin proposer la date de la fin de la transition par l’investiture d’un nouveau président démocratiquement élu. C’est surtout cette force d’anticipation qui doit caractériser les autorités actuelles si elles veulent éviter le chaos. C’est à ce prix et seulement à ce prix que la classe politique pourrait accepter de mettre un peu d’eau dans son vin. Donc la balle est dans le camp des autorités et le plus tôt serait le mieux.
En somme, sans nul doute, sur le plan sécuritaire il y a eu des avancées indéniables avec la montée en puissance des FAMAs, mais sur plan socio-politico-économique le Mali a reculé sous la transition avec une économie presqu’à terre, pour ne pas dire qu’elle s’est effondrée totalement. Il est même à redouter d’autres sanctions de la part de l’organisation sous régionale si le délai de la transition venait à être violé, ce qui aggraverait la situation sociale déjà délétère.
Youssouf Sissoko
L’Alternance