Au Soudan du Sud, l’armée avance lentement sur Bentiu, dans l’Etat de l’Unité, alors que les négociations semblent dans l’impasse à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.
Au premier abord, en pleine journée, Juba semble la même que d’ordinaire. Sous la chaleur modérée de la saison sèche de janvier, on voit de nombreux passants dans les rues, des embouteillages aux ronds-points du centre-ville, des immeubles en construction, des supermarchés, des magasins ouverts.
En fin d’après-midi, les enfants vont se baigner sur les rives du Nil. Ils jouent dans l’insouciance. Le couvre-feu, officiellement fixé à 18 heures, est dans les faits repoussé vers 20 heures.
Mais derrière cette apparente normalité, il y a une forte présence de l’armée devant la présidence, et des quartiers vidés de leurs habitants, comme Mio Saba, Manyateng ou encore New Eden. Les rumeurs sur les combats et l’évolution de la ligne de front font l’objet de toutes les conversations.
Selon les derniers chiffres de l’ONU, près de 30 000 personnes vivent dans deux camps de déplacés. Dans le camp situé près de l’aéroport, à Tong Pin, on voit des tentes à perte de vue, devant lesquelles certains ont rassemblé le peu de biens qu’ils ont pu récupérer : des lits, des couvertures, des vêtements.
Ces déplacés affirment pour la plupart avoir trop peur d’être ciblés pour leur appartenance ethnique pour quitter le camp.