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INTERVIEW (PRESQUE) IMAGINAIRE: IBK : « dôgô Soumi, ton kôrô arrive avec ton thiordi et ton fakouhoye ! »

En voyant ma caboche, reconnaissable entre mille, franchir la porte du salon, ma « grande sœur » (imaginez qui !) sourit. Avant d’ajouter : « le président n’est pas encore réveillé. Il a travaillé, jusqu’à 5 heures du matin, sur certains dossiers, avec ses collaborateurs ».
Soudain, une voix rauque retentit dans le couloir, en ces termes : « je suis réveillé, ma chérie ! Dis à ton frère de Mollah que je serai à lui dans un instant ». Deux minutes plus tard, IBK apparaît en tenue de sport, sans son éternel bonnet blanc et blanc bonnet.
C’est autour de la grande table à manger que se déroule, pour la première fois, cette interviou imaginaire. Ou presque. Sans détour.

Mr le président, ne serait-il pas temps pour vous, le Kôrô, de discuter avec Soumi-champion, votre Dôgô national ?

L’idée n’est pas mauvaise, du tout ! Sais-tu, Le Mollah, que tu es la première personne à me faire cette proposition ? Tous les autres, y compris mes conseillers payés pour ce faire, n’ont eu cette lumineuse idée, qui pourrait contribuer à décrisper davantage cette crise post-électorale.

Pour convaincre l’opinion nationale et internationale de la sincérité de votre démarche, je vous propose même de vous rendre à son domicile, accompagné de votre épouse. Comme il l’a fait, en 2013, entre les deux tours de l’élection présidentielle où, il s’est rendu chez vous, avec femme et enfants…

C’est une idée géniale, Le Mollah ! Dis-moi : tu as déjeuné avec des fesses de baleine ou quoi ? Je me rends compte, aujourd’hui, que tu es le conseiller spécial qu’il me faut, l’oiseau rare que j’attendais. Désespérément.
Tu es sûr que ça va marcher ?

Et comment, Mr le président ! Quand vous allez vous retrouver face à face, rappelez-lui que vous, en tant que grand-frère, êtes venu le voir pour examiner avec lui, les voies et moyens pour sortir notre pays de cette crise. Conformément aux conseils que feux Boubacar Keïta et Bocar Cissé vous ont donnés avant de mourir.

Et s’il me rétorque qu’il ne reconnaît pas ma victoire à l’élection présidentielle du 29 juillet dernier, que j’ai fraudé, bourré les urnes…

Rappelez-lui, avec le bluff qui sied à la partie que vous n’êtes pas ici, chez lui, en tant qu’IBK, président de la République ; mais en tant que « Fils de feux Boubacar Keïta et de Bocar Cissé ». En somme, son grand-frère. Croyez-moi, il vous écoutera. Et vous acceptera comme tel.

T’es sûr de ton coup ?

Très sûr ! Vous pouvez faire d’une pierre, deux coups, en associant à cette démarche les leaders de la « Coalition des Forces Patriotiques », Poulo, le peulh sans troupeau…. Vous verrez, tout le monde dira que votre démarche est pleine de sagesse.

D’où sors-tu ces idées, Le Mollah ?

Elles me sont dictées par  ma boule de cristal. Mais j’espère que tu ne vas pas te rendre chez ton jeune frère d’opposant les bras ballants ?

Comment ça ?

Voici la solution. Soumaïla Cissé étant métisse sonrhaï-peulh, tu dois faire préparer par ton cuisinier en chef un bon plat de « Thiordi » ou du « Fakouhoye ».

C’est quoi ça encore, Le Mollah ?

Le « Thiordi » est plat, typiquement, peulh. C’est du riz avec du poisson fumé. Ailleurs, certains l’appellent « Zamé » ou riz au gras. Mais attention, la préparation du « Thiordi » est différente de celle du riz au gras.
Quant au « Fakouhoye », référez-vous à ma « sœur ». Il paraît qu’elle est experte en la matière. C’est pourquoi, m’a-t-on dit, ce plat sonrhaï aurait pris la place du riz à la sauce pâte d’arachide (le plat préféré des Maninka) sur votre table à manger.

Tu penses qu’avec ton « Thiordi-là », Soumi reviendra à la raison !?

Avec ces deux plats sous le bras, ajoutés aux autres conseils que je vous ai donnés, Soumaïla Cissé ne peut que rentrer dans les rangs. Il fera tout ce que vous lui direz. Sans se référer à son lieutenant : « Homme rouge Dramé »

C’est qui ça ?

Tiébilé Dramé !

Si ces conseils-là marchent, Le Mollah, je te nommerai, par décret présidentiel, pris dans mon salon, conseiller spécial, avec rang de vice-président de la Rue publique.
T’es content ?

Non, Mr le président !

Et pourquoi, Le Mollah ?

En lieu et place de ce poste de vice-président de la Rue publique, j’aurais préféré la Land-Cruiser 4X4 V 8, que vous m’avez promise la semaine dernière. Sans oublier, le prix du carburant…

Pourquoi vous ne voulez pas de ce poste de conseiller spécial ?

J’ai peur de finir en « chair à canon » pour les têtes couronnées du RPM.

Ah je comprends ! Tu n’as pas tort, Le Mollah. Tu vois le cas de Boubeye, ton « Béro » national. Il a la tête rasée tous les jours de la semaine. Il n’a pas un seul cheveu sur la tête ; malgré tout, on lui cherche des poux.
Bon, on se reprend la semaine prochaine. Souhaite-moi bonne chance avec mon « petit frère » rebelle !
Alors, Dôgô Soumaïla, ton Kôrô arrive avec ton « Thiordi » et ton « Fakouhoye ». Inchallah !

Propos recueillis par Le Mollah Omar

Source: Le Canard Déchaîné

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