C’est à travers un communiqué rendu public en début de semaine dernière que l’Autorité ivoirienne de régulation pharmaceutique (AIRP) a alerté la population ivoirienne sur les dangers liés à la consommation du produit Attoté et ses dérivés. Et pour cause ! Les tests effectués par l’AIRP sur le produit appelé “Attoté Original 100% naturel” et son dérivé “La paix, Cognons-Mousso-Yako” ont révélé une forte présence de sildénafil, une substance utilisée dans le traitement du dysfonctionnement érectile.
Pourtant, cinq ans auparavant, une enquête initiée par le ministère de la santé et de la direction de la police sanitaire avait conclu à la certification du médicament “Attoté” connu pour ses vertus d’aphrodisiaque. C’est ainsi qu’Attoté faisait partie des dix médicaments traditionnels dont la vente est autorisée en Côte d’Ivoire.
A cette occasion, le Dr Bozou Ahoussi, responsable de la police sanitaire au ministère de la santé publique, tirait le chapeau au promoteur de Attoté en ces termes “Le programme tient le bon bout. C’est un exemple à suivre.”
C’est dire que les consommateurs ont été abusés pendant plusieurs années puisqu’il ne s’agit plus d’un produit “naturel” fabriqué exclusivement à base de plantes, comme le clame le fabricant, mais d’un produit bourré de substances chimiques dangereuses. En effet, selon toujours le communiqué de l’AIRP : “La consommation de ces produits frelatés, surdosés au sildénafil entraîne des maux de tête et des vertiges. Chez les patients hypertendus ou présentant des risques cardiovasculaires, des Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC), des risques cardiaques, voire la mort subite, peuvent survenir”. Ces produits, pourtant très consommés au-delà même de la Côte d’Ivoire où ils sont exportés (dans tous les pays de l’Afrique de l’ouest), présentent un risque sur la santé publique. C’est pourquoi, non seulement la population a été priée de s’abstenir de les consommer, mais des mesures fortes ont été prises pour l’interdiction de leur fabrication. Chez le fabricant et dans des points de vente en Côte d’Ivoire, des stocks importants de ces produits ont été saisis en vue de leur destruction.
Cette affaire qui concerne le produit Attoté et ses dérivés a ouvert la boîte de pandores. D’ores et déjà, l’AIRP a décidé d’évaluer tous ces médicaments dits traditionnels proposés sur le marché très florissant des produits aphrodisiaques. Et Dieu sait qu’il y en a !
Pendant ce temps, Attoté, très prisé au Mali, est en train de se vendre comme si de rien n’était. On trouve d’ailleurs ce produit exposé, sans gêne ni crainte, dans ses points de vente habituels. De leur côté, les vendeurs en ligne feignent d’ignorer l’interdiction en Côte d’Ivoire. Ils font même une opération de promo aux clients, notamment par une baisse des prix. Peut-être aussi pour écouler facilement les stocks, avant l’application d’une mesure officielle au Mali, encore attendue.
Amadou Bamba NIANG, Journaliste et Consultant