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Infrastructures : quatre grands projets de la BAD qui font avancer le continent

Pour atteindre ses objectifs de développement durable, l’Afrique doit se doter d’infrastructures performantes. Cependant, elle manque encore de ressources suffisantes pour financer ses projets dans le secteur, dont certains datent même de l’époque des indépendances. Selon la Banque africaine de développement, il faut entre 130 et 170 milliards de dollars d’investissements annuels pour permettre à l’Afrique de combler son déficit en infrastructures. C’est pourquoi, ces dernières années, l’institution a fait du secteur des infrastructures la principale destination de ses investissements. Transport, énergie, industrie… Voici quatre grands projets emblématiques portés ou soutenus par la Banque.

 

Le corridor Mombasa-Nairobi-Addis Abeba

Dans le cadre de ses cinq priorités stratégiques, « High 5 », la Banque africaine de développement a financé la construction d’un corridor routier reliant les villes de Nairobi et Mombasa, au Kenya, à la capitale éthiopienne, Addis-Abeba.

Ce corridor est composé d’un tronçon de 504 kilomètres reliant les villes kényanes de Merille et Turbi, en passant par Marsabit, et d’un autre tronçon de 391 kilomètres traversant l’Éthiopie et reliant Ageremariam, Yabelo et Mega. Au total, 670 millions de dollars de financement ont été accordés par la Banque, soit 64 % du coût total du projet.

Selon les projections de la BAD, l’ouvrage devrait avoir un important impact commercial et social en Afrique de l’Est. Ainsi, la Banque prévoit une réduction des coûts de transport et d’expédition des marchandises et l’extension des marchés au-delà des frontières nationales des deux pays.

Le corridor routier devrait doper le volume du commerce entre le Kenya et l’Éthiopie ainsi que l’attraction des investissements directs étrangers. D’après la Banque, le commerce entre les deux pays devrait quintupler grâce à cette infrastructure, passant de 35 à 175 millions de dollars.

 

Le commerce entre le Kenya et l’Éthiopie devrait être multiplié par cinq grâce à l’infrastructure, passant de 35 à 175 millions de dollars.

 

En outre, la nouvelle route internationale devrait générer un volume supplémentaire de 900 000 tonnes de marchandises transportées vers ou depuis le port de Mombasa, soit 20 % du fret maritime total de l’Éthiopie.

« Le couloir routier de 895 kilomètres qui relie le Kenya et l’Éthiopie a non seulement facilité le trafic transfrontalier entre les deux pays, mais il constitue également une avancée majeure pour l’intégration économique en Afrique, ce qui a permis de créer des emplois et d’améliorer les moyens de subsistance dans toute la région », indique la Banque africaine de développement.

 

La renaissance du pont Kinshasa-Brazzaville

A partir d’août 2020, les travaux de construction d’un pont entre Brazzaville, au Congo, et Kinshasa, en République démocratique du Congo, devraient débuter. L’infrastructure, dont l’initiative de mise en œuvre remonte à plusieurs décennies, est l’un des projets d’intégration les plus importants en Afrique centrale. Ces dernières années, elle était devenue un véritable serpent de mer.

C’est sous l’impulsion de la Banque africaine de développement que le projet renaît de ses cendres, il y a près de deux ans. En effet, le 7 novembre 2018, au cours de la première édition de l’Africa Investment Forum (AIF 2018) organisé par l’institution à Johannesburg, en Afrique du Sud, le ministre de l’Aménagement de la République du Congo, Jean-Jacques Bouya, annonce la conclusion d’un accord de 550 millions de dollars entre son pays et la RDC pour réaliser le pont Kinshasa-Brazzaville. La Banque, à elle seule, s’engage à fournir 210 millions de dollars pour financer le projet.

Prévue pour enjamber le fleuve Congo séparant les deux capitales les plus proches du monde sur environ 1 575 mètres, la nouvelle infrastructure comportera une voie de chemin de fer unique, une route à deux voies, des trottoirs et un poste-frontière à chaque extrémité, et sera connectée aux infrastructures routières existantes sur chacune des rives du fleuve Congo.

Une fois achevée, elle facilitera le développement de zones économiques spéciales de part et d’autre du nouveau pont, et stimulera les échanges humains et économiques. Elle devrait également permettre de réduire les risques et coûts liés aux seuls moyens de transport disponibles actuellement pour passer d’une capitale à l’autre, à savoir le bateau et l’avion.

D’après la Banque africaine de développement, grâce au projet, le trafic actuel entre les deux capitales congolaises, estimé à 750 000 personnes et à 340 000 tonnes de fret par an, devrait passer à plus de trois millions de personnes et à deux millions de tonnes de fret d’ici à 2025.

 

Grâce au projet, le trafic actuel entre les deux capitales, estimé à 750 000 personnes et à 340 000 tonnes de fret par an, devrait passer à plus de 3 millions de personnes et à 2 millions de tonnes de fret d’ici à 2025.

 

« Les travaux vont démarrer en août 2020. Voilà, on est très précis ! C’est très important. Je salue les efforts et le leadership des présidents Denis Sassou Nguesso pour le Congo-Brazzaville et Félix Tshisekedi pour la RD Congo », a déclaré le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, lors d’une visite en mai 2019 au Congo, soulignant que le fonds d’investissement Africa50 devait également participer au financement.

 

Le projet de gaz naturel liquéfié au Mozambique

Avec un investissement estimé à 23 milliards de dollars, le projet de liquéfaction de gaz naturel (LNG) au Mozambique sera la plus importante réalisation de l’industrie pétrogazière en Afrique subsaharienne, tant dans le pétrole que dans le gaz.

 

Avec un investissement estimé à 23 milliards de dollars, le projet de liquéfaction de gaz naturel (LNG) au Mozambique sera la plus importante réalisation de l’industrie pétrogazière en Afrique subsaharienne.

 

Débuté en 2020, il s’agit du deuxième projet gazier le plus important au monde, après Arctic LNG-2 en Russie. Il est également le plus grand investissement direct étranger en Afrique à ce jour.

En novembre 2019, la Banque africaine de développement a annoncé qu’elle débloquerait 400 millions de dollars pour soutenir le projet. Les fonds serviront à financer la construction de l’usine d’une capacité de production de 12,9 millions de tonnes de GNL par an. Le projet prévoit également des installations d’extraction en mer, de gazoduc, de traitement et de liquéfaction du gaz, un terminal d’exportation de GNL, une infrastructure primaire de fourniture de gaz domestique et d’autres installations connexes.

« En travaillant étroitement avec le gouvernement du Mozambique, nous pouvons faire en sorte que la population locale tire profit de sa chaîne de valeur naissante en matière de gaz naturel, créant ainsi des opportunités de croissance et une industrialisation généralisée, tout en accélérant l’intégration régionale dans toute l’Afrique australe », a déclaré le président Adesina.

 

La construction du Jorf Lasfar Phosphate Hub au Maroc

Au Maroc, la Banque africaine de développement a financé les travaux de construction de la plateforme Jorf Lasfar Phosphate Hub (JPH) de l’Office chérifien des phosphates (OCP).

Au début des années 2010, l’objectif était de créer une structure capable d’accueillir à terme plusieurs complexes chimiques afin d’accroître la capacité de transformation locale du phosphate en produits dérivés. Deux prêts ont été accordés par la Banque dans ce sens.  Le premier, datant de 2012 pour un montant de 250 millions de dollars, est destiné à financer la construction de la plateforme sur près de 1 800 hectares pour accueillir dix usines intégrées d’engrais. Fin 2016, le programme a généré environ 20 980 emplois directs alors que les dividendes nets d’impôts perçus par le gouvernement marocain ont atteint 1,7 milliard de dirhams (175,6 millions $).

 

Fin 2016, le programme a généré environ 20 980 emplois directs alors que les dividendes nets d’impôts perçus par le gouvernement marocain ont atteint 1,7 milliard de dirhams (175,6 millions $)

 

Le second prêt de 200 millions de dollars, accordé fin 2018, a pour objectif d’étendre la plateforme industrielle. Concrètement, il permettra l’augmentation de la capacité de stockage des engrais de 200 000 tonnes additionnelles, la construction d’une nouvelle plateforme de chargement des engrais, l’augmentation des capacités de pompage et de récupération de l’eau de mer et la rénovation d’un certain nombre d’infrastructures annexes, notamment celles d’électricité, d’eau et de sécurité, à divers points de la plateforme.

L’objectif est de transformer sur place les ressources naturelles locales (roche phosphatée) du pays en produits à forte valeur ajoutée (engrais), utilisés pour accroître la productivité dans le secteur agricole, et de les exporter vers le continent africain et dans le monde entier.

D’après la Banque africaine de développement, « le projet d’extension devrait générer 910 emplois supplémentaires dans le complexe Jorf Lasfar tandis que dans l’ensemble, 18 000 nouveaux emplois devraient être créés par l’OCP, au cours des dix années que durera le prêt. »

Au total, 450 millions de dollars ont donc été investis par la Banque dans ce projet d’amélioration de la production de phosphate, dont le Maroc est aujourd’hui le premier exportateur africain et le deuxième producteur mondial.

 

Et aussi…

De nombreux autres projets majeurs d’infrastructures ont été financés par la Banque africaine de développement depuis sa création en 1964. Ils vont du projet de transport urbain d’Abidjan à l’élargissement du port de Walvis Bay en Namibie, en passant par le projet d’adduction d’eau potable et de construction d’infrastructures sanitaires dans les villes du Kenya.

Au fil des années, la Banque a fait du secteur des infrastructures sa priorité. Depuis 1967, l’institution s’est engagée dans 4707 projets, dont plus de 3473 ont déjà été achevés. C’est l’Afrique de l’Ouest qui concentre le plus grand nombre de projets (1246), devant l’Afrique de l’Est (893), l’Afrique australe (818), l’Afrique du Nord (562) et l’Afrique centrale (404). En 2018, les infrastructures comptaient pour 49,7% des prêts approuvés par la Banque.

En valeur nominale, les projets dits « multisectoriels » concentrent le plus d’investissements avec plus de 26,2 milliards $, suivis par les transports (24,9 milliards $) et l’énergie (19,7 milliards $).

En mai 2018, le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a annoncé que la Banque prévoyait de mobiliser 170 milliards de dollars au cours des prochaines années pour combler le déficit en infrastructures du continent.

Ecofin

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