Ses partisans sollicitent vivement la mansuétude du ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Garde des sceaux, Malick Coulibaly, afin qu’il puisse bénéficier d’une « mise en liberté sous caution ».
Nous vous demandons d’avoir un regard compatissant pour l’état critique de sa santé, afin qu’il puisse faire face, dans des conditions plus idoines, à cette procédure de justice en cours et dont il est indiscutablement la principale pièce maîtresse du puzzle. Depuis son incarcération, le 13 septembre 2019 à la Maison centrale d’arrêt de Bamako, son état physique ne cesse de se dégrader à cause, sans doute, de cette lourde atmosphère impropre et infecte de l’univers carcéral. De nombreux visiteurs en sont même ressortis les larmes aux yeux.
Nous adressons ce douloureux cri de cœur au ministre Malick Coulibaly, un homme connu et admiré surtout pour sa droiture morale, sa rigueur exceptionnelle dans le traitement des dossiers judiciaires, son inlassable combat pour la défense et la promotion des droits humains fondamentaux des individus.
Notre souhait le plus intense est de voir Bakary Togola, ce « paysan-modèle » de notre pays retrouver un environnement familial mieux propice à un recouvrement rapide de sa santé. Loin de nous toute intention malsaine de nous mêler des affaires de la justice, car il appartient à elle et seulement à elle, de démontrer à travers ses enquêtes fouillées et minutieuses, la véracité des faits qui sont reprochés à lui et à ses co-accusés, dont certains sont détenus, en même temps que lui à la prison centrale, ainsi que d’autres protagonistes également placés sous contrôle judiciaire.
En tout état de cause, il est vraiment hors de question de voir cette personnalité très forte et populaire du monde paysan, fuir la justice de son pays, pour quelque motif que ce soit. Etant entendu, Monsieur le Ministre, qu’il reste encore, jusqu’au terme de cette procédure « présumé innocent » de toutes les charges qui pèsent sur lui.
Nous ne ferons aucun commentaire sur le dossier qui se trouve entre les mains de la justice, car nous savons que la vérité de la justice est bien différente de celle des hommes. C’est aussi pourquoi de nombreuses affaires de détournement de fonds publics, qui ont défrayé en son temps la chronique judiciaire et médiatique de notre pays, se sont souvent terminées par un fiasco judiciaire. Comme quoi dans les affaires judiciaires, il faut savoir toujours raison garder et laisser les magistrats chargés du dossier travailler en toute responsabilité, loin des commérages de la ville et des ragots colportés ici et là sur des personnalités respectées surtout pour leur intégrité morale.
Nous savons que dans ce nouveau challenge auquel vous vous êtes engagé, vous n’êtes en réalité motivé que par l’unique souci d’éradiquer ce vilain sentiment d’impunité en cours dans notre pays, depuis de nombreuses années.
Bakary Togola surnommé leroi du coton…
« An ka niokon sen bila, an ka niokon bolo minè ». Tel est le slogan favori du président Bakary Togola, qui avait pris l’habitude de conclure ses déclarations et discours parfois humoristiques, par cette formule pleine de sens. Né en 1960 à Niamala dans la commune de Koumantou (cercle de Bougouni), Bakary Togola abandonna très tôt les études pour se consacrer entièrement aux travaux champêtres conformément aux ardents vœux exprimés par son père. Celui-ci a-t-il eu trop tôt raison ?
On ne pourra que répondre par l’affirmative, car quelques années plus tard, ce fut le début d’une aventure extraordinaire, un « conte de fées » paysan, qui fera de lui, l’un des producteurs les plus connus, les plus prospères de notre pays, voire de la sous-région, avec à son actif plus de 200 ha de terres cultivables. Son amour viscéral pour « la terre qui ne ment jamais » va lui permettre de relever de nombreux défis, dont particulièrement celui de l’autosuffisance alimentaire pour l’ensemble des familles de son village Niamala (ce village ne connait pas de chômage) et de tous les villages environnants. Par son esprit d’organisation et de méthode, il avait réussi à inculquer dans la tête de la jeunesse, les grandes vertus du travail bien fait, tout comme celle de l’union des cœurs et des esprits autour des valeurs cardinales d’entraide et de solidarité du monde paysan. Ce ne fut donc pas un hasard, s’il gravira aussi vite les échelons en devenant tour à tour patron de l’AV de son village, puis celui du syndicat des cotoncultueurs, avant de se voir propulser en 2005 à la tête de l’APCAM.
Bacary Camara
Source : Le Challenger