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Immigrés Africains en Israël : la mobilisation continue

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Les immigrés africains en Israël entendent continuer leur mouvement de protestation, jusqu’à ce qu’ils soient entendus. Ils réclament l’examen de leurs demandes d’asile et l’arrêt de la loi qui permet d’emprisonner ceux qui sont en situation irrégulière. Ils ont poursuivi toute cette semaine les manifestations et les grèves entamées dimanche 5 janvier 2014.

De notre correspondante à Jérusalem

Une marée humaine, assise calmement dans le parc Levinsky. C’est leur point de ralliement dans les quartiers sud et déshérités de Tel Aviv, là où vivent la plupart des 50 000 immigrés africains arrivés depuis 2006 en Israël.
Majoritairement Erythréens ou Soudanais, ils disent être venus pour fuir les persécutions dans leurs pays d’origine. « Mon pays, l’Erythrée est une dictature », explique Mulugeta Tuumzghi, qui se présente comme opposant politique dans son pays et qui est venu chercher l’asile en Israël. « Nous ne sommes pas venus pour travailler, prévient-il. Si mon pays devient libre et démocratique, nous ne resterons pas une minute de plus ici. »
Les immigrés africains qui arrivent en Israël, pour des raisons politiques ou économiques, vivent bien souvent le même parcours du combattant : la traversée clandestine de plusieurs pays, le passage éprouvant du Sinaï, en Egypte, pour arriver enfin en Israël.
« Une fois arrivée en Israël, j’ai été jetée en prison »

Mais une fois sur place, c’est la douche froide. Sumaya Nedey, une Soudanaise originaire du Darfour, raconte : « Je pensais que les Israéliens qui ont vécu un génocide nous comprendraient, que c’était un pays démocratique. Mais quand je suis arrivée il y a trois ans, j’ai été jetée en prison, où je suis restée deux mois. Il faisait froid et les femmes qui avaient des bébés n’avaient pas de quoi les nourrir ».

Israël mène une politique de plus en plus dure vis-à-vis des clandestins et c’est une nouvelle loi adoptée en décembre dernier qui a poussé les immigrés à descendre massivement dans la rue : 30 000 personnes, selon la police, ont manifesté dimanche 5 janvier, place Rabin à Tel Aviv, du jamais vu.

Depuis, les protestataires multiplient les actions : défilé devant les ambassades étrangères, rassemblement devant le Parlement israélien à Jérusalem… A chaque fois des milliers de personnes se mobilisent.
Visas temporaires estampillés « liberté conditionnelle »

 

La nouvelle loi adoptée par les autorités israéliennes spécifie que tout clandestin peut être emprisonné jusqu’à un an, sans procès, ou amené dans un nouveau centre de détention ouvert la journée mais fermé la nuit et où les immigrés peuvent être retenus pour une période indéfinie.

L’objectif des autorités israéliennes est de pousser les clandestins à rentrer dans leur pays d’origine, ce que les intéressés jugent suicidaire. « Notre pays est dans le chaos maintenant, explique Moussa Abdoulaye, un Centrafricain, c’est impossible de retourner là-bas maintenant, impossible. »

La peur s’est emparée de beaucoup d’immigrés car Israël a aussi décidé de limiter le renouvellement des visas temporaires. « Mon visa expire dans un mois, affirme Samir, un Soudanais depuis quatre ans en Israël. J’ai peur car un de mes amis est allé faire renouveler son visa : on lui a refusé et on l’a emmené dans le centre de détention ».

Sur 1800 demandes d’asile, 250 examinées, selon le journal Haaretz

 

Les manifestants réclament l’abrogation de cette loi qui permet d’emprisonner ceux qui arrivent clandestinement ou ceux qui voient leur visa expirer et qui se retrouvent en situation irrégulière. Ils réclament aussi l’examen de leurs demandes d’asile. « Ils n’examinent pas nos demandes d’asile de manière juste et honnête, s’insurge Zemhret Redi, Erythréen. Aucun Soudanais ou Erythréen n’a obtenu de statut de réfugié en Israël. Est-ce à dire qu’aucun d’entre nous n’est réfugié ? Ou que nous sommes tous des menteurs ? ».
Le ministre de l’Intérieur israélien, Gideon Saar, assure que les demandes sont examinées. Mais selon le journal de gauche Haaretz, sur 1800 demandes d’asile déposées, 250 ont été examinées. Pour l’instant, la moitié ont été rejetées, les autres seraient en cours d’examen.

« Aucun Erythréen n’a eu de statut de réfugié en Israël jusqu’à présent, confirme Sigal Rozen, de l’association Hotline For Migrant Workers, alors qu’en Europe 70 % des Erythréens obtiennent le statut de réfugié ».
Netanyahou : « Les clandestins doivent retourner chez eux »

 

Les immigrés africains réclament aussi le droit de travailler librement. Leur visa temporaire estampillé « liberté conditionnelle » n’est pas un permis de travail. Beaucoup enchainent donc les petits boulots au noir et certains employeurs en profitent pour les exploiter. « Ce visa, c’est un visa d’esclave ! », lance Philipos, immigré Erythréen.

Face à la contestation, le gouvernement israélien reste ferme. « Manifester ne servira à rien », a prévenu Benyamin Netanyahu. Selon le Premier ministre, les manifestants ne sont pas des réfugiés mais des clandestins qu’on doit renvoyer dans leur pays. Lors du vote de la nouvelle loi en décembre dernier, il avait déclaré : « les clandestins mettent en danger le caractère juif et démocratique de l’Etat hébreu ».

D’autres membres de son parti, le Likoud, ont multiplié les propos haineux envers les immigrés africains. Pour la députée Miri Regev, les clandestins seraient « le cancer » de la société israélienne. Dans le parc Levinsky, à Tel Aviv, les manifestants brandissent des pancartes : « Nous ne sommes pas des criminels mais des réfugiés, nous sommes des être humains ».

rfi

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