La relance des activités ferroviaires semble être aujourd’hui l’une des priorités du gouvernement de la Transition. Il s’agit de tout faire pour que cette relance puisse être une réalité afin que les trains puissent de nouveau siffler au Mali, pour le plus grand bonheur de nombreux chefs de familles qui sont en chômage. Voilà pourquoi, le nouveau ministre des Infrastructures et des Transports, Makan Fily Dabo, considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs du gouvernement Moctar Ouane, est au four et au moulin. Et tous les cadres du département ainsi que les directeurs des services ne dorment plus. “Avec le nouveau ministre, c’est vraiment chaud et même très chaud. Tous les dossiers sont prioritaires chez lui. Ce qui fait que tous les dossiers bougent depuis son arrivée”, nous a confié l’un de ses proches collaborateurs.
S’agissant de la relance des activités ferroviaires, nous nous sommes entretenus avec le directeur général de la Société de patrimoine ferroviaire du Mali (Sopafer) Ibrahim Maïga, en vue de mieux comprendre les réalités de ce projet qui continue de défrayer la chronique. Avec cette relance, il y a l’acquisition des locomotives reconditionnées.
Pour ce faire, un budget de 9 milliards de Fcfa a été mobilisé par le gouvernement dont 4,7 milliards de nos francs pour l’acquisition de 4 locomotives reconditionnées. Il s’agit donc bien d’anciennes locomotives.
A ce sujet, le ministère des Transports et de la Mobilité urbaine à l’époque, sur instruction du département de l’Economie et des Finances, a lancé dans un premier temps un Avis de manifestation d’intérêt international où 13 dossiers ont été enregistrés par la Commission d’évaluation. Après avoir analysé ces dossiers, 10 sociétés ont été finalement retenues et leurs dossiers validés par la Direction générale des marchés publics. Ces prestataires en ont été informés.
Ensuite, un Appel d’offres international restreint pour l’acquisition de 4 locomotives avec assistance technique et entretien a été lancé, à l’issue duquel, sur les 10 sociétés retenues, 7 se sont manifestées et 2 avaient demandé un report de la date du dépôt des dossiers, en avançant des arguments. Il s’agit d’une société française et d’une société américaine. D’après l’avis de la Dgmp, les arguments des deux sociétés ne sont pas des motifs de report, nous a confié une source proche du dossier.
Et sur les 7 sociétés, finalement trois ont déposé leurs dossiers à l’Appel d’offres international. Là, il fallait une garantie d’un milliard de Fcfa. Les soumissionnaires sont : la Société Demba et Fils (Sdf), la Société américaine Satarem représentée au Mali par Dembélé Commerce Général “DCG” et la Société Bocoum Distribution Sarl.
Après avoir analysé les dossiers sur le plan technique et financier, Satarem a été finalement retenue puisqu’elle était le moins disant avec une proposition de 4 580 000 000 Fcfa. Tandis que la Société Demba et Fils était à 9 920 300 000 Fcfa et 7 599 200 000 Fcfa pour la Société Bocoum Distribution.
Le rapport de la Commission de dépouillement a été ensuite validé par la Direction générale des marchés publics et approuvé par le département des Transports et de la Mobilité urbaine.
Le hic est que pour que le marché soit conclu, il faut d’abord une mission pour aller inspecter les locomotives aux Etats-Unis. Et cette mission qui devait se rendre courant mars 2020 n’a pas pu effectuer le déplacement à cause de la pandémie de Coronavirus ou Covid-19 jusqu’au coup d’Etat du 18 août qui a renversé le régime d’IBK.
Avec les autorités de la Transition, le ministre Makan Fily Dabo a pris le dossier en main. Puisqu’il était secrétaire général du département, il maitrise donc parfaitement cette affaire. Finalement, la mission s’est rendue aux Etats-Unis en vue d’inspecter les locomotives reconditionnées.
Parmi les membres de la délégation figuraient le conseiller technique du département des Transports, Docteur Salah Guindo, le directeur général de la Société de patrimoine ferroviaire, Ibrahim Maïga. Sans oublier Diacaridia Sidibé (spécialiste ferroviaire à l’Unité nationale de coordination) Modibo Simbara (Inspecteur Dépôt aux Ateliers centraux de Korofina) Boubacar Diarra (chef section Thermique) Mathurin Kéïta (chef section Air et Vide) et Abdoulaye Diarra (chef section Mécanique générale).
Durant une semaine, ces experts ont inspecté les quatre locomotives reconditionnées en présence des responsables de la société “Satarem”.
“En fait, ce marché a fait beaucoup de bruit pour rien puisque l’Etat n’a jusqu’à présent décaissé un franc. Et le marché a été provisoirement attribué à l’entreprise américaine Satarem avec des conditions bien déterminées. L’inspection des locomotives était donc une étape très importante pour la validation de ce marché”, nous a précisé une source proche du dossier.
Dès le retour, la mission a produit son rapport et l’a remis à la Direction générale des marchés publics (Dgmp) pour avis. “Effectivement, nous avons produit notre rapport et nous l’avons aussi remis à la Direction générale des marchés publics, qui n’a pas réagi jusqu’à présent. En fait, nous ne voulons pas dévoiler le contenu de ce rapport dans la presse”, précise le directeur général de la Sopafer. Avant de souligner que “Entre temps, nous avons exploré d’autres pistes. C’est ainsi que nous avons aujourd’hui un partenaire malien qui nous propose des locomotives en Côte d’Ivoire. Cela à travers une manifestation d’intérêt. Une mission s’y rendra très bientôt en vue d’inspecter ces locomotives”. Cette mission sera composée des techniciens du chemin de fer spécialisés dans les différents compartiments et des experts en la matière.
Le directeur général de la Sopafer, Ibrahim Maïga, sera sûrement aussi au rendez-vous. “Il s’agira pour nous de voir si ces locomotives répondent à nos besoins avant de passer le marché” dira-t-il.
En plus de l’acquisition des locomotives, il y a d’autres volets, à savoir les travaux de remise à niveau des voies et des gares. Et le dossier d’appel d’offres d’acquisition des équipements mécaniques pour les travaux d’entretien de la voie sera bientôt lancé.
Les dossiers d’appels d’offres pour les ouvrages (pont de Mahina-Toukoto et Gualougo) sont déjà prêts et ils seront aussi lancés.
Notons que la Direction générale de l’administration des biens de l’Etat a également procédé à l’évaluation des travaux des ateliers centraux de Korofina et de Kayes.
C’est dire que tout est fin prêt pour la relance du trafic ferroviaire pour le plus grand bonheur des voyageurs et des nombreux chefs de famille.
El Hadj A.B. HAIDARA
Source: Aujourd’hui-Mali