INTERVIEW (PRESQUE) IMAGINAIRE
Les tueries au centre du pays. Tel est l’unique sujet de cette interviou, que le Chef de l’Etat a bien voulu nous accorder. C’était, samedi dernier, au Palais de Sébénikoro où, il nous a reçus, les bras ouverts.
Mr le président, comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Selon vous, comment dois-je me sentir quand tout part en vrille ? Je me sens mal. Très mal. Surtout, après tout ce qui me tombe sur la tête en ce moment.
Vous voulez parler des tueries perpétrées au centre du pays par les milices armées ?
De quoi d’autre voulez-vous que je parle ?
Que répondez-vous, Mr le président, à ceux qui accusent le gouvernement d’avoir, soit créé, soit soutenu, matériellement, certaines milices opérant au centre du pays ?
Le gouvernement n’a ni créé, ni soutenu des milices dans la région de Mopti.
Alors, pourquoi les chefs de certaines milices menacent le gouvernement de chantage ?
Ce n’est jamais arrivé, en tout cas pas à ma connaissance.
Les cinq suspects, arrêtés dans le cadre de l’enquête sur le massacre d’Ogossagou, ont été transférés à Bamako pour être auditionnés. Ont-ils parlé ?
Leur audition vient, à peine, de commencer.
Selon les premiers éléments de l’interrogatoire, qu’ont-ils dit sur le massacre des 160 victimes d’Ogossagou ?
Vous voulez donc que je vous divulgue les premiers éléments de leur interrogatoire pour publication ?
C’est bien cela, Mr le président.
Je ne le ferai jamais !
Mr le président, quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour que pareille horreur n’arrive plus jamais au centre du pays ?
Je ne répondrai pas à cette question. Secret militaire.
Au lendemain de la tragédie d’Ogossagou, les Maliens ont réclamé la démission du gouvernement. A défaut, celle du ministre de la Défense.
Je comprends leur colère ; mais la démission du ministre de la Défense est-elle une panacée au problème du Mali ?
Quelle est, selon vous, la solution ?
Que tous les Maliens forment une union sacrée autour du pays.
N’est-ce pas vous, président de la République, qui devriez initier cette union sacrée ?
Bien sûr !
Alors, qu’attendez-vous pour le faire ?
J’attends le signal d’Allah Soubhana Watallah.
Mr le président, êtes-vous sûr que vos proches vous informent des réalités actuelles de notre pays ?
Pourquoi cette question ?
Parce qu’à vous entendre , on se demande, parfois, si vous n’êtes pas en déphasage avec la réalité.
Et quelle est cette réalité que j’ignore, selon vous ?
Mr le président, les Maliens ne désespèrent plus ; ils désespèrent de pouvoir espérer. Pour eux, il n’y a plus d’espoir, plus d’avenir…
Est-ce de ma faute ?
Mr le président, c’est vous qui avez promis le bonheur aux Maliens, l’avez-vous oublié ?
Depuis quand ai-je fait cette promesse aux Maliens ?
Durant votre campagne électorale ?
En êtes-vous sûr ?
Nous en sommes certains, Mr le président !
Je n’ai jamais fait une telle promesse aux Maliens, sinon je m’en souviendrai.
Avez-vous un message pour vos concitoyens ?
Pas à mes concitoyens, mais à Allah Soubhana watallah : « aidez-moi à vaincre les forces du mal ! ».
Propos recueillis par Le Mollah Omar
Source: Le Canard Déchaîné