Dire qu’aujourd’hui le Mali va mieux qu’il y a un an et affirmer qu’il ira sans doute de mieux en mieux, n’est ni une proclamation gratuite, ni un vœu pieux. Les problèmes que le Mali doit affronter sont certes nombreux et parfois aigus, mais après ceux vécus ces deux dernières années, il n’est pas exagéré de dire que notre pays relève la tête.
Nous sommes tellement accoutumés à entendre les discours misérabilistes de rigueur, qu’ils soient accusateurs ou fatalistes, que nous avons oubliés le Mali réel et vivant, pour n’en retenir que les aspects qui correspondent à une vision préétablie, celle d’un pays à la dérive, enfoncé dans la misère.
Entre la condescendance, qui signifie mépris et infantilisation et l’abandon de soi qui ne dit pas son nom, il y a place pour un regard responsable sur la crise malienne. Un tel regard commence d’abord par s’éloigner des idées reçues, en particuliers les généralisations hâtives, et les conclusions radicales. Cependant nous gagnerons en crédibilité, à partir du moment où nous serons capables de nous regarder en face, pour reconnaître enfin que tout ce qui nous arrive est d’abord notre faute. Nous serons plus crédibles en disant à tous ceux qui considèrent le Mali comme un pays perdu, qu’ils ont tort.
Le basculement dans la violence, le laxisme dans la gestion des affaires publiques, la prédation sur une vaste échelle, l’effritement du mieux vivre ensemble, tout cela à des causes principalement endogènes : l’admettre sera le début de la prise de conscience et donc de la sagesse.
Le Mali actuel est entré dans une nouvelle phase de son histoire. Nous n’avons pas le droit de rater ce nouveau rendez-vous. Cessons de déplorer le « retard » de notre pays comme si la seule voie possible pour nous était d’imiter le modèle de développement venu d’ailleurs.
Cessons aussi de célébrer le Mali comme une terre de traditions et un pays tourné vers le passé. Il y a certes nécessité d’un retour aux sources de nos valeurs mais, non pour nous y enfermer mais plutôt pour opérer un inventaire critique, afin d’éliminer les éléments devenus caducs et inhibiteurs, les éléments étrangers, aberrants et aliénateurs et retenir de cet inventaire les éléments encore valables, les actualiser et les faire déboucher sur le moderne et l’universel.
Il est donc absolument nécessaire de veiller à la défense et à la préservation de la personnalité et la dignité maliennes. Mais ce retour et cette référence constante aux sources vives de l’africanité doit se garder d’une expression complaisante et stérilisante du passé mais bien au contraire impliquer un effort novateur, une adaptation de la culture africaine du Mali aux exigences modernes d’un développement économique et social harmonisé.
Ce dont le Mali et ses habitants ont besoin aujourd’hui, c’est avant tout, de partenaires commerciaux, industriels et financiers et certainement pas de tuteurs, de pleureuses ou d’âmes charitables.
Nous devons apprendre à nous regarder avec plus de profondeur pour pouvoir espérer et vivre positivement notre appartenance à la sous-région ouest-africaine, à l’Afrique et au monde ; pour dépasser les débats théoriques abstraits qui tranchent d’avec les intérêts supérieurs de notre pays ; pour regarder les institutions et les hommes en action au quotidien dans les villes et villages.
Un précepte de la sagesse africaine nous enseigne : « Un homme appelé pour reformer une nation doit posséder la justice qui inspire la confiance, le talent qui persuade, la science qui éclaire et une douceur de caractère à concilier les intérêts et calmer les passions ».
Puisse une telle sagesse nous guider dans nos actions de tous les jours au nom des intérêts supérieurs de la nation malienne.
Daouda Tékété
(journaliste ORTM)
Les échos