Au cours du lancement de la Plateforme ” Convergence des Forces Patriotiques ” signée le dimanche dernier, nous avons interrogé l’un des grands initiateurs de cette nouvelle plateforme sur les objectifs de l’alliance. Il s’agit de l’ancien ministre de l’Education et président de la CODEM Housseini Amion Guindo. Voici sa réaction
- le ministre, quel est l’objet de cette rencontre aujourd’hui?
La rencontre d’aujourd’hui est de refuser qu’on piétine nôtre Constitution. Nous avons constaté une sainte alliance entre le gouvernement, la Cour Constitutionnelle et l’Assemblée nationale pour fouler au pied notre loi fondamentale. Nous avons constaté cela et notre parti c’est-à-dire la CODEM, nous avons fait une déclaration pour dénoncer cet état de fait, mais nous ne sommes pas restés là, nous sommes partis voir nos collègues politique comme Oumar Mariko, Moussa Mara, Moussa Sinko Coulibaly et d’autres formations politiques comme le Badeya-Ton pour qu’ensemble qu’on puisse défendre cette loi fondamentale mais aussi au delà combattre l’injustice qui est en cours dans notre pays. C’est de cela il s’agit et rien d’autre. Ce qui nous motive aujourd’hui est malgré notre différence, nous nous voyons complémentaire dans cette lutte.
Quelles atteintes sont faites à la Constitution?
Il est clair pour tout le monde selon notre Constitution qu’un député est élu pour cinq ans et non cinq ans et six mois et cinq ans et douze mois. Les gens confondent entre ce qui s’est passé en 2012 et ce qui se passe actuellement. En 2012, il y a eu un coup d’État qui a suspendu la Constitution et qui a dissout toutes les institutions, il a fallu l’intervention étrangère pour que la Constitution soit rétablie et de permettre au président de l’Assemblée à l’époque le professeur Dioncounda Traore d’être président de la République par intérim. Il ne pouvait être président de la République par intérim que si l’Assemblée nationale était rétablie et dans le cadre d’un accord international qui transcende même notre Constitution qu’il y a eu la prolongation des mandats. Aujourd’hui nous avons un président de la République qui a juré de respecter et de faire respecter la Constitution et il se trouve que cette Constitution n’a absolument rien prévu en la matière. Vous avez entendu la Cour constitutionnelle qui dit dans un premier temps qu’il faut rester dans le delai constitutionnel parce qu’il n’y a pas de mécanisme autre que la Constitution, et il y a eu encore un autre avis de la Cour qui dit que c’est possible. Nous, nous pensons que la Cour est chargée d’interpréter la Constitution et non transformer la Constitution. La Cour est gardienne et non prioritaire de la Constitution.
Nous n’accepterons pas que les députés se réunissent pour voter un mandat pour eux-mêmes, l’Assemblée nationale est la maison du peuple et non le contraire.
Selon beaucoup, ce genre de combats n’aboutissent pas, est-ce que cette fois-ci les choses iront jusqu’au bout?
En tous les cas, nous sommes très engagés et nous nous pour que nous arrivions à un résultat positif. La prolongation d’un mandat ne peut se faire que dans un cadre consensuel parce que l’Assemblée nationale c’est des partis politiques, l’Assemblée nationale appartient aux partis politiques et non au gouvernement. Dans le cadre d’un consensus national, tout est possible mais nous n’accepterons jamais cela dans le mépris, dans l’exclusion et dans le comportement omnipotent d’un homme ou de son clan.
- le ministre, la fois dernière on a vu votre parti (CODM) à la conférence du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) et aujourd’hui vous êtes là, comment expliquez-vous cela?
Vous savez, être invité est différent, Choguel était là aujourd’hui mais il n’a pas signé la plateforme des patriotes que nous venons de signer. La fois dernière c’est sur invitation de M. Tiebilé Dramé que notre parti à travers son secrétaire général a répondu et le secrétaire général a tenu à dire que c’est à partir de la violation de la Constitution que nous intervenons, donc c’est très clair, nous nous faisons la différence entre gérer un contentieux d’une élection présidentielle, c’est des plaintes qui sont engagées donc c’est un contentieux électoral qui n’a rien avoir avec l’interprétation de la Cour Constitutionnelle. Les gens peuvent ne pas s’entendre dans l’interprétation d’un contentieux électoral mais nous nous constatons une violation de la loi constitutionnelle. Voilà pourquoi nous-mêmes, nous avons fait les démarches pour voir les autres notamment tous ceux qui sont là aujourd’hui afin de rassembler tout le monde pour créer cette convergence.
Quelle alternative proposez-vous?
Face à la situation c’est d’abord l’alerte, pour l’instant il n’y a pas eu de prolongation de mandat il y a juste eu l’annonce, la preuve en est que le gouvernement qui a convoqué le collège électoral par décret a annoncé le report sans retirer le décret, c’est comme si toujours nous sommes dans le processus électoral parce que le décret n’a pas été retiré. Après si nous constatons que c’est la politique du mépris, alors là nous userons de tous les moyens légaux pour l’empêcher.
A.K
La Lettre du Mali