Lors du dernier Conseil national de la Fédération malienne de boxe (FEMABOXE) un vibrant hommage a été rendu au Doyen qui nous a quittés le 4 novembre 2006
En prenant la parole après son élection comme président de la Fédération malienne de boxe (FEMABOXE), le Colonel à la retraite Cheick Raoul Diakité n’a pu retenir ses larmes. Pas des larmes de crocodiles. Mais, celles sincères d’une intense, douloureuse et contagieuse émotion. En effet, en évoquant la mémoire de son frère et mentor au niveau du management de la boxe, le regretté Pierre Diakité, il était difficile pour Cheick Raoul Diakité de retenir ses larmes. «Si je suis là aujourd’hui, c’est grâce à Pierre Diakité. C’était un vrai leader qui savait s’accrocher à ses convictions. à force de patience et de persuasion, il a réussi à m’amener dans la famille de la boxe. C’est lui qui m’a présenté à Mamadou Sanogo qui me cède aujourd’hui son fauteuil de président de bon cœur», a témoigné le nouveau président de la FEMABOXE qui a également rendu un grand hommage à son prédécesseur, Mamadou Sanogo. «Depuis le décès de Pierre Diakité, son ombre plane sur la boxe malienne, sur tout ce que nous faisons», a déclaré à son tour le président sortant, Mamadou Sanogo qui a travaillé avec l’illustre disparu pendant plus d’une décennie. Ancien boxeur et fondateur du Club de boxe Pierre Diakité, Alassane Barro connaissait également bien l’ancien journaliste sportif, spécialiste du noble art. «Je dois à Pierre ma présence dans le bureau fédéral. Son dévouement à cette discipline était une motivation pour nous les jeunes et nous étions très proches», a confié Alassane Barro, en annonçant la reprise des activités du club dans trois mois, après quelques années de disette.
Le professionnalisme et la passion chevillés au corps-Toute sa vie durant, Pierre Djigui Diakité a mis sa profession et son temps au service du développement de la boxe, surtout en tant que communicateur. Il ne se ménageait jamais pour attirer les mécènes et les sponsors pouvant apporter leur pierre à l’émergence d’une discipline très performante. Animé de la passion de servir le sport et le public sportif, le Doyen, comme on l’appelait, est mort à la tâche, le 4 novembre 2006 à Saint-Domingue où il participait au Congrès de l’Association internationale de boxe amateur (AIBA). Une disparition brutale qui a endeuillé la grande famille du sport et de l’Olympisme au Mali. «L’Olympisme vient de perdre l’un de ses grands serviteurs. C’est une grande perte pour la famille olympique malienne, pour le sport malien», a déclaré le président du Comité national olympique et sportif du Mali (CNOSM), Habib Sissoko, à l’annonce de la tragique disparition de celui qui fut son ami et son chargé de communication. Considéré à juste titre comme l’un des fidèles du cercle de soutien du président Habib Sissoko, le Doyen a tiré sa révérence, fauché par l’ange de la mort, alors qu’il était au service de sa passion : la boxe.
La veille même de son départ à Saint-Domingue pour le congrès de l’AIBA, nous le rencontrions et malgré le long voyage et le décalage horaire qui l’attendaient, le Doyen était tout enthousiaste et n’avait qu’une seule idée en tête : servir la boxe. Pierre était un homme affable, généreux et courtois qui a marqué la vie sportive du Mali, voire africaine, en tant que journaliste sportif. Le Doyen était une légende de la presse sportive. Fin analyste, il s’est avéré sur les ondes et sur les écrans de l’ORTM comme un fidèle et dévoué serviteur du sport, notamment le noble art. Mais la passion de la boxe n’a jamais empêché cet enseignant de profession, que certains intimes appelaient également par les sobriquets «Monsieur» ou «Pierrot», de contribuer à la vulgarisation des autres disciplines sportives. C’est dire que la presse sportive malienne et africaine ont donc perdu l’une de leurs légendes, ce 4 novembre 2006.
Une référence pour ses cadets- «Pierrot» a également marqué la vie sportive du Mali et continentale, en tant que responsable sportif, membre de la FEMABOXE, il était aussi l’inamovible président de la Commission médias et communication du CNOSM. À ce niveau, il était parvenu à rassembler autour de lui un noyau de jeunes journalistes pour améliorer l’image de l’Olympisme au Mali, à travers notamment la création et l’animation d’un bulletin,
Le Flambeau. Et entre le Doyen et ses «Dôgôw» (cadets), le courant passait toujours parce que Pierre Djigui Diakité était un homme ouvert, serviable, qui n’hésitait jamais à demander conseil aux jeunes. Plusieurs boxeurs, dont Tidiane Sidibé, Moussa Sangaré, Tiékoro Traoré, Mary Konaté pour ne citer que ces quelques noms ont été révélés au grand public par Le Doyen. Avant de se spécialiser dans la boxe, Pierre Diakité avait été pratiquant de football, d’athlétisme et d’aïkido. Notre regretté confrère aimait dire ceci : «Tout ce qui doit être fait, mérite d’être bien fait…». La retraite, il n’y pensait jamais. «Si tu veux me tuer, demande-moi d’arrêter de travailler», répondait-il quand on lui parlait de retraite.
Né le 10 mars 1937, Pierre Diakité avait le sens du devoir et accomplissait ses tâches avec amour et passion. L’enseignant a beaucoup marqué les esprits, notamment ses anciens élèves, ses collègues et collaborateurs qui ne tarissent pas d’éloges sur lui. Ardent défenseur des valeurs olympiques, le regretté Doyen a participé aux Jeux olympiques d’Atlanta 1996 (USA), de Sydney 2000 (Australie) et d’Athènes 2004 (Grèce).
Moussa Bolly