François Hollande et le président malien par intérim Dioncounda Traoré, le 2 février 2013 à Bamako.
François Hollande reçoit mercredi à Paris le Prix de l’Unesco pour la paix en présence des principaux dirigeants ouest-africains, venus lui rendre hommage pour son action militaire au Mali, au moment où la tension remonte dans le nord du pays.
Cinq mois après le déclenchement de l’opération Serval, le 11 janvier, neuf chefs d’Etat et de gouvernement africains, au premier rang desquels le Malien Dioncounda Traoré, viendront dire leur gratitude au président français, récompensé « pour sa contribution considérable à la paix et à la stabilité en Afrique ».
« Si la France n’était pas intervenue, où en serions-nous? Dieu seul le sait. On ne le dira jamais assez: merci, merci, merci à la France », a déclaré à l’AFP l’ex-président de l’Union africaine (UA), le Béninois Thomas Boni Yayi, donnant le ton de la cérémonie.
Pourtant, si l’intervention française, soutenue par des troupes africaines, a mis fin à l’occupation du nord du Mali par des groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, la région n’en a pas pour autant été stabilisée.
Au Mali, la tension est à nouveau vive entre Bamako et la rébellion touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) accusé d’exactions à l’encontre des populations noires dans son fief de Kidal (nord-est), où est présente l’armée française depuis fin janvier.
Mardi, l’armée malienne a annoncé faire route sur la ville, au risque d’une confrontation avec les rebelles touareg qui refusent l’autorité de Bamako, compromettant la tenue de la présidentielle du 28 juillet.
Et pour la première fois de son histoire, le Niger, pays frontalier du Mali, a été la cible le 23 mai de deux attentats-suicide, revendiqués par des jihadistes chassés du Mali par l’intervention française.
Déjeuner au sommet
La stabilisation du Sahel sera au centre d’un déjeuner entre François Hollande et ses partenaires africains à l’Elysée, avant la cérémonie à l’Unesco. « L’un des thèmes principaux de discussion sera la paix et la sécurité en Afrique, en particulier dans la zone sahélienne, dans la perspective du sommet sur l’Afrique organisé à Paris les 6 et 7 décembre », a-t-on indiqué à l’Elysée.
« Pour cette sécurité en Afrique, les chefs d’Etat parleront du renforcement de la coopération régionale, du contrôle des frontières ». « Ils évoqueront aussi la proposition de créer une force de réaction rapide africaine. Cette proposition, faite lors du dernier sommet de l’UA à Addis Abeba, mérite d’être soutenue par la communauté internationale », dit-on à l’Elysée.
Parmi les chefs d’Etat présents, le président ivoirien de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) Alassane Ouattara, le Tchadien Idriss Déby, dont les troupes ont combattu avec les forces françaises au Mali, mais aussi le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et le Burkinabé Blaise Compaoré, médiateur auprès des Touareg.
Dans son discours à l’Unesco, le président français devrait de nouveau insister sur la nécessité pour les Africains de prendre en charge leur propre sécurité. François Hollande soulignera qu’il « n’y a pas de développement sans sécurité et pas de sécurité sans développement », selon son entourage.
Créé en 1989 par l’Unesco, le Prix Félix Houphouët-Boigny (du nom de l’ex ex-président ivoirien) pour la recherche de la paix est doté d’un prix de 150.000 dollars. Le président Hollande le reversera à la branche malienne du Réseau Paix et Sécurité des femmmes de l’espace Cédéao (REPSECO) et à l’association Solidarité défense qui vient en aide aux soldats français blessés et aux familles endeuillées.
Par le passé, le Prix a notamment récompensé Nelson Mandela et Frederik De Klerk (1991), Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat (1994) et plus récemment l’organisation argentine « Les grands-mères de la place de mai » (2010).