Le président guinéen Alpha Condé crée la surprise en reconduisant samedi au poste de Premier ministre Mohamed Saïd Fofana, trois jours après sa démission, selon un décret diffusé à la télévision nationale.
M. Fofana avait démissionné mercredi en même temps que le gouvernement, à la demande de M. Condé, une décision attendue après l’installation en début de semaine de l’Assemblée nationale élue en septembre dernier.
Aucune précision n’a été donnée sur les raisons de la reconduction du Premier ministre dans ses fonctions. Mais sa reconduction a surpris alors que d’autres noms avaient circulé.
Ces dernières semaines, le ministre des Finances du gouvernement sortant Kerfalla Yansané, nommé en 2010 et juriste de formation, avait été évoqué par certains observateurs comme probable futur Premier ministre.
D’autres citaient Kémoko Touré, un proche d’Alpha Condé qui fut jusqu’en décembre dernier patron de la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG).
M. Fofana avait été nommé Premier ministre une première fois en décembre 2010, moins d’un mois après l’investiture de M. Condé, premier président guinéen démocratiquement élu.
Le remaniement était attendu en Guinée depuis fin décembre, lorsque le président Alpha Condé avait promis, dans un discours public, de composer un gouvernement dit “de mission” après les turbulences politiques ayant entouré les élections législatives du 28 septembre 2013, aux résultats d’abord violemment contestés, puis finalement acceptés par l’opposition.
Le gouvernement de Mohamed Saïd Fofana a démissionné deux jours après l’installation de l’Assemblée nationale issue de ces élections, remportées par le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG), le parti du président Condé.
Le RPG a raflé 53 sièges de députés sur 114. Avec les petits partis qui lui sont alliés, la coalition présidentielle a la majorité absolue de 58 députés.
Ces législatives, les premières depuis 2002, auraient dû se tenir dans les six mois suivant l’investiture en décembre 2010 d’Alpha Condé, premier président démocratiquement élu de Guinée.
Mais elle avaient été repoussées à maintes reprises tant la méfiance était grande entre le chef de l’Etat et ses opposants, dans un pays à l’histoire marquée par les violences politiques et militaires, les coups d’Etat et la répression sanglante des manifestations, et où les divisions politiques recoupent souvent les dissensions ethniques.
Après la démission de l’équipe Fofana, le président Condé avait demandé aux membres du gouvernement démissionnaire d’expédier les affaires courantes.
© 2014 AFP