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Tresse, teinture : qu’en est-il de ces activités dites ‘’maudites’’ pour les femmes ?

Au Mali, certaines activités, bien que génératrices de revenus, sont entachées de clichés surtout pour les femmes. Il s’agit de la coiffure ou de la teinture de bazin, qui, jugées porteuses de malchance pour les maris, suscitent de véritables débats dans notre société. Mais qu’en est-il réellement ?

 

« Le mari d’une femme tresseuse ou teinturière ne peut être riche ! » Voilà la fameuse phrase qui tourmente la société malienne. Du coup, beaucoup de femmes ou de jeunes filles hésitent à se lancer dans ces types d’activités au risque d’être jugées par la société, au pire d’être méprisées au moment de se marier. Pourtant, ces activités, assez porteuses, génèrent beaucoup de revenus.

Selon M. Amala Cissé, un vieil homme vivant à Lassa en Commune IV du District de Bamako, notre société a bien des réalités et celles-ci ne sont pas que des clichés. Il estime qu’une célibataire peut pratiquer ces activités citées ci-dessus mais une fois mariée, il faut mettre une croix là-dessus. « Une femme célibataire peut le faire. Mais une fois mariée, il faut stopper ce métier. Parce que l’époux sera accroché à sa femme. Nous avons beaucoup d’exemples comme ça. Dans la plupart des cas, c’est la femme qui prendra tout en charge dans la famille. Le mari a beau travailler, c’est la femme qui prendra les besoins de la famille. Je n’ai jamais vu une femme tresseuse dont le mari s’en sort bien, c’est toujours la femme qui s’en sort et qui gagne bien sa vie. C’est pourquoi j’interdis à ma belle-fille de tresser. Je ne veux pas que mon fils soit un homme dépendant de sa femme », a-t-il insisté.

Les femmes rejettent en bloc !

Pour la plupart des femmes, ce ne sont que des clichés. Mieux, des interprétations qui sont loin d’être fondées. C’est le cas de Mme Mariam Traoré, une tresseuse de nattes à Yirimadio en Commune VI du District de Bamako. Elle nous témoigne : « Je tresse cela fait maintenant à peu près 8 ans. Je gagne très bien dedans, mais le seul souci c’est mon époux. Quand il est à la maison les week-ends je ne tresse pas. Mes clientes savent cela. Je tresse tous les jours sauf les week-ends parce qu’il est présent à la maison le samedi et le dimanche. D’après lui, les mauvaises personnes peuvent t’atteindre à cause de cette activité. Et j’en doute beaucoup parce que depuis que je fais cette activité, il ne s’est rien passé. Les Africains aimes trop croire à certaines choses ».

D’après Mme Aminata Dembélé, coiffeuse à Samé en Commune III du District de Bamako, « croire que certaines activités féminines portent de la malchance, ce sont des superstitions enracinées dans la culture et l’histoire. Ces croyances ne sont pas fondées sur des preuves scientifiques ou des faits avérés. Il est important de distinguer les traditions culturelles des réalités concrètes. Ce qui peut sembler être une malchance est souvent lié à des interprétations subjectives et à des systèmes de croyances spécifiques. Il est essentiel de faire preuve d’esprit critique et de ne pas prendre ces affirmations comme des vérités absolues ».

Mme Oumou Bakayoko est teinturière à Magnanbougou en Commune VI du District de Bamako. Elle pratique cette activité depuis des années et estime qu’elle et son époux s’épanouissent chacun dans son domaine. « Depuis que j’ai commencé cette activité, je ne me plains pas et mon mari non plus. Puisqu’il occupe un bon poste. Donc, je ne crois pas du tout à cette histoire de malchance. Non seulement je ne crois pas, mais aussi c’est faux. Ma mère a fait cette activité jusqu’à sa mort, mon père n’a pas perdu son travail, et il s’occupait bien de nous. Ma mère gagnait de son coté, mon père également. Je suis la preuve que c’est juste des histoires racontées par les vieux », a-t-il déclaré.

« Cette histoire est complètement fausse… »

Une autre teinturière rejoint l’avis de Oumou. « Cette histoire de malchance pour le mari est complètement fausse. C’est vrai que les vieux nous interdissent de pratiquer ces activtés, mais c’est totalement faux. Ils se mettent ses histoires dans la tête tout simplement et à force d’y croire sa devient une réalité pour eux. Si c’est une réalité, là où je suis aujourd’hui je ne serais pas là. C’est grâce à cette activité de teinture que je m’offre tout ce que je veux aujourd’hui. Mon époux également prend soin de nous, il fait beaucoup pour sa famille. Si c’est la santé, mon époux est en bonne santé, si c’est aussi côté richesse, il gagne très bien. Alors en quoi la teinture et la tresse des femmes mariées portent malchance à leurs maris. Il est temps d’ouvrir les yeux et arrêter de croire à tout ce qu’on nous raconte », explique Mme Fatima Ballo, teinturière depuis plus de 10 ans à Yirimadio.

En fin de compte, il revient à chacun de décider comment il perçoit ces croyances et comment il souhaite les intégrer dans sa vie. Et vous, que pensez-vous de ces clichés bien ancrés dans notre société ?

Maïmouna Fakaba Sissoko, Stagiaire

Source : Ziré

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