Nommé à la tête du gouvernement le 21 novembre 2024 en remplacement du Dr Choguel Kokalla Maïga, le général de Division Abdoulaye Maïga peine à rassurer. Sans politique générale, sa gestion fait face aujourd’hui à un blocage. Selon nos informations, ce vendredi, il fera sa Déclaration de Politique Gouvernementale devant les membres du Conseil National de Transition (CNT).
Présenté au départ comme un rassembleur et un homme pragmatique, le général de Division Abdoulaye Maïga est loin de remplir les espoirs placés en lui. Depuis sa nomination à la tête de la Primature, aucune avancée notoire n’a été constatée au plan politique comme économique. Pire, le pays s’est précipité vers de nouvelles crises tant politiques que sociales.
Si les crises sécuritaires et économiques ne sont pas nouvelles, les crises sociales et politiques, elles, sont venues dans la valise du nouvel homme fort de la Primature. L’ancien ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, semble être complètement dépassé par les événements. Si Choguel Kokalla Maïga n’est pas exempt de tout reproche dans sa gouvernance, il avait au moins réussi à calmer les ardeurs des syndicats concernant certaines réclamations, à travers un pacte social.
À peine quelques semaines avec Abdoulaye Maïga, tous les vieux démons se sont réveillés. Grève des syndicats par-ci, boycott par là et forcing au sommet de l’Etat, rien ne semble être sous un contrôle total. Aujourd’hui, l’incertitude plane dans tous les secteurs et le désordre est de quasi quotidien.
Un pilotage à vue !
Aucun plan réel n’est visible dans la gestion du général de Division Abdoulaye Maïga. Si la Politique Générale du gouvernement élaborée par Choguel Kokalla Maïga était considérée comme de la démagogie politique, l’actuel Premier ministre, nommé le 21 novembre 2024, n’en a même pas encore. Il gère les problèmes au cas par cas et de manière souvent tardive. Ce qui laisse croire à un pilotage à vue sans aucune vision éclairée.
D’abord, dès son arrivée, Abdoulaye Maïga fait croire qu’il pourra résoudre le problème de l’électricité par une baguette magique. L’on se souvient de sa descente magistrale dans les locaux de l’EDM Sa. Comme à chaque renouvellement de gouvernement, le Premier ministre a fait son petit chaud faisant croire que tout le problème était son prédécesseur. Mais à la grande surprise de tous, ce sont les taxes sur la consommation que les Maliens vont découvrir. Une initiative sans un fondement juridique qui a été imposée aux Maliens déjà asphyxiés par une crise économique.
Avant Abdoulaye Maïga, la crise sociale avait connu une accalmie. Les syndicats avaient accepté une longue trêve compte tenu de la situation du pays. Mais seulement trois mois de son arrivée, presque toutes les réclamations ont, de nouveau, recommencé. Les enseignants, les banquiers, les médecins…plusieurs travailleurs du secteur public comme privé ont repris leurs armes de revendications. Une situation que le gouvernement pouvait gérer par anticipation. Mais, hélas !!!
Le climat tendu avec la classe politique !
S’il y a un chantier où l’actuel Premier ministre était attendu en pompier, c’était bien celui politique et social. En plus d’être chef du Gouvernement, il est aussi, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Les partis politiques ont eu des points de discordes avec plusieurs gouvernements, mais jamais jusqu’à ce point. Aujourd’hui, la question (quasi inutile) de la dissolution des partis politiques divisent les Maliens au-delà même du cadre politique. C’est une crise sociale qui nourrit la violence et la haine. Ce qui est sûr, c’est que Abdoulaye Maïga et son gouvernement sont loin d’être innocents dans cette situation.
Le projet dit de consultation des forces vives qui viennent de tenir, a été perçu par beaucoup de Maliens comme un moyen biaisé de dribbler le peuple une énième fois. Puisque de léger report de l’élection présidentielle, prononcé par l’actuel Premier ministre, la transition n’a plus de date limite. Là encore, il y a manque de concertation sincère avec les acteurs clés de la scène politique malienne.
Pendant ce temps, la crise sécuritaire et économique ne recule pas. Pire, il s’aggrave chaque jour qui passe laissant le citoyen malien face à l’angoisse, à l’incertitude et à la frustration au quotidien.
Avec ce pilotage à vue sans politique claire, le Premier ministre doit savoir que plus ça dure, plus ça risque d’être encore plus dur pour lui et pour le Mali.
Amadou Kodio
Source : Ziré