Dans un contexte d’exception où la stabilité nationale est constamment mise à l’épreuve, la Transition malienne revendique des mesures fortes, dont celle de dissoudre les formations politiques. Cette décision, si elle peut choquer, n’est ni un caprice institutionnel ni une dérive autoritaire : elle s’inscrit dans le cadre strict de la Constitution du 22 juillet 2023 et des lois en vigueur. Et c’est justement parce que nous sommes dans un État de droit que certains partis ont immédiatement pu porter l’affaire devant plusieurs juridictions. Loin d’être un signe de verrouillage démocratique, c’est au contraire la démonstration tangible que la machine judiciaire fonctionne.
Les divergences de positions entre tribunaux-certains se déclarant incompétents, d’autres fixant des audiences-ne traduisent pas une cacophonie judiciaire, mais le fonctionnement normal et salutaire d’un système fondé sur la séparation des compétences. C’est une étape procédurale fondamentale, et non un dysfonctionnement. Le droit malien, comme toute démocratie mature, prévoit des recours, des filtres, des arbitrages. C’est ce parcours, de la Cour d’appel à la Cour constitutionnelle, qui permet de forger une jurisprudence solide dans un climat institutionnel où rien ne doit être laissé à l’arbitraire.
Car c’est là que se situe l’essentiel : la conciliation entre libertés fondamentales et impératifs de stabilité nationale. La refondation du Mali ne pourra se faire dans la confusion, ni dans la permissivité totale. Elle exige de la fermeté, certes, mais aussi un socle juridique clair.
Le Mali Kura ne pourra naître que d’un équilibre entre exigence démocratique et exigence de cohésion. Et ce n’est pas la suppression d’uniformes ou d’anciens sigles qui en déterminera la réussite, mais la capacité à construire un État où le droit demeure la boussole commune.
L’histoire jugera. Mais en attendant, le droit trace sa route, pierre après pierre, recours après recours, vers une refondation assumée.
La Rédaction