A l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’abus et le trafic de drogues, une conférence de presse s’est tenue le jeudi 26 juin 2025 à l’hôtel Azalaï de Bamako. Organisée par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), cette rencontre visait à alerter sur les conséquences sanitaires et sécuritaires de la consommation de drogues, tout en présentant les chiffres clés du Rapport mondial sur les drogues en 2025.
L’Afrique de l’Ouest et du Centre fait face à une mutation rapide des marchés illicites : la consommation locale progresse, tandis que des substances synthétiques dangereuses comme les nitazènes (opioïdes ultra-puissants) émergent. Les saisies de cocaïne liées au continent ont augmenté à 48% en un an, et les données sanitaires confirment une hausse généralisée des addictions. Preuve que les trafiquants diversifient leurs circuits face à une production mondiale record.
Le Coordonnateur régional de l’ONUDC, Kassim DIAGNE a précisé : « Entre 2019 et 2023, l’Afrique a concentré 57% des saisies mondiales d’opioïdes pharmaceutiques, notamment à cause du détournement de tramadol et de codéine. » En 2023, 1,4% de la population africaine consommait des opioïdes, avec des pics alarmants en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Le Secrétaire Général du Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, le Pr. Oumar SOGOBA a souligné l’impact combiné du terrorisme et du crime organisé sur la stabilité du pays. « Le trafic de drogue sape notre sécurité collective, mais nos forces enregistrent des résultats tangibles », a-t-il affirmé, citant des saisies en hausse : 2023, 46 tonnes de drogues interceptées, 965 interpellations ; 2024, 63 tonnes saisies, 586 suspects arrêtés.
Le Directeur de l’Office Central des Stupéfiants, le Colonel-Major Fousseyni KEITA a rappelé les mesures prises : l’adoption d’une Stratégie nationale de lutte contre les drogues en 2023,131 campagnes de sensibilisation ont été menées par sa direction dans les écoles, les lieux de culte et les médias.
En l’absence de centres de prise en charge adaptés, les experts appellent à renforcer les programmes de santé publique, tout en soutenant des alternatives économiques pour réduire l’emprise des réseaux criminels. La situation exige une réponse intégrée, associant répression, prévention et développement.
Cal Jacques DIARRA