Intitulé ‘’L’Art de Voir’’, la phase finale de la première édition du concours d’art oratoire des élèves non-voyants a eu lieu, samedi 28 juin dernier, dans les locaux de la Maison de l’Union malienne des Aveugles (UMAV) sise à Faladié Sema, dans le district de Bamako. C’était sous la houlette de Sidi Mohamed Coulibaly, conseiller technique, représentant Mme Diarra Djénéba Diarra, ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, en présence de plusieurs responsables dont Mme Rose Bouzaid, présidente de l’association ‘’La Vie en Rose’’, marraine de la cérémonie.
Dans son discours d’ouverture, le représentant de la ministre a rappelé que l’UMAV a été créée en 1972 sous l’appellation de l’association malienne pour la promotion sociale des aveugles. Ses axes d’intervention portaient sur la prévention de la cécité, la scolarisation des enfants aveugles, leur réadaptation en milieu urbain et rural. Rappelant que les chanteurs Amadou et Mariam Bagayoko sont les fruits de ce présent centre (UMAV), le représentant de la ministre a insinué que ce concours vise à faire en sorte qu’aucune couche du pays ne puisse rester en marge. Chose qui est la volonté des plus hautes autorités de la transition. Une volonté sur laquelle le département de tutelle continue de travailler sans relâche. Aux dires de M. Coulibaly, cet évènement ne se résume pas uniquement à un concours. C’est un acte fort, un geste éducatif, culturel, et profondément citoyen permettant d’apprendre et de reconnaitre le potentiel extraordinaire des enfants aveugles. D’après lui, le titre ‘’L’Art de Voir’’ interpelle et renverse les évidences. Ce même titre rappelle que voir ne se limite pas à la vision oculaire, mais aussi de comprendre, de sentir, penser et de rêver. « A travers cette initiative, nous célébrons la parole comme levier d’émancipation. Nous valorisons le droit de chaque enfant à s’exprimer, à être entendu et pris au sérieux. Nous donnons corps à l’un des principes fondamentaux de l’école républicaine et inclusive : l’égalité des chances », a indiqué le conseiller technique, réaffirmant l’engagement du département en faveur de l’inclusion scolaire, la promotion des talents dans toutes les diversités, voire le renforcement des capacités d’expression des élèves en situation de handicap. Félicitant les organisateurs et les personnes de bonne volonté pour les efforts, Sidi Mohammed Coulibaly a fait part que Mme le ministre a tenu à faire part, à cette occasion, son accompagnement en offrant une tonne de riz, des poubelles et des marmites contenant la somme de 100.000F aux élèves non-voyants. Pour sa part, la marraine a indiqué que ce concours est bien plus qu’un évènement artistique. C’est un acte de foi en l’humanité, un cri d’espoir dans un monde qui oublie parfois d’écouter. Pour elle, ces enfants ne voient certes pas avec les yeux, mais perçoivent avec le cœur, s’expriment avec l’âme et créent avec une noblesse intérieure que peu de voyants possèdent. Chaque mot, chaque note et geste présenté par ces enfants interpelle tout le monde. « Il nous rappelle une vérité essentielle : le talent n’a pas besoin de lumière pour éclore, il a besoin d’amour, de confiance », dira la marraine. Depuis février et grâce à la mobilisation de plusieurs âmes généreuses, a-t-elle enchainé, « nous avons accompli ensemble ce que beaucoup croyaient impossible ». Et Mme Rose Bouzaid de soutenir avoir installé quatre forages d’eau dans ce lieu d’apprentissage des enfants non-voyants. Elle a annoncé vouloir apporter des vivres essentiels (riz, mil, sucre, lait), des habits, chaussures et des matelas aux enfants qui se trouvent à la maison de l’UMAV. Puis d’inviter les personnes de bonne volonté à la création d’une infirmerie pour ces élèves non-voyants, à l’électrification scolaire du centre, à la mise en place d’un espace culturel… Notons que le premier prix de cette finale a été remporté par l’élève Mama Sabé, suivi de Youssouf Traoré, 2ème, de Oumou Coulibaly et Ramata Diakité, 3ème. Des ordinaires, tableaux et attestations de reconnaissance ont été décernés à cette occasion aux trente élèves qui ont été sélectionnés pour le concours.
Mamadou Diarra
