Il parait que les dimanches à Bamako c’est le jour des mariages !
Un jour où on voit en effet les mariés prendre d’assaut les espaces verts et les belles places de la capitale pour des séances de photo. Autrement dit, si Bamako est sale, les Bamakois adorent les espaces aménagés pour leur shooting, tout en les laissant délabrés à leur départ.
Depuis de longues années, nous prônons un changement de comportement sans que presque personne ne se remette en cause, et que tout le monde semble vouloir attendre que ça soit les autres qui changent d’abord. On en arrive à oublier que charité bien ordonnée commence par soi-même. A bien observer notre société, on n’en n’est pas à un paradoxe près, d’où la nécessité de se demander si on n’est pas, quelque part, victime de la théorie de la dissonance cognitive.
De nature, l’être humain est un être de contradiction. La théorie de la dissonance cognitive repose sur la recherche perpétuelle d’une cohérence entre attentes et actions. Il faut savoir que la dissonance cognitive peut être considérée comme un état motivationnel. Autrement dit, lorsque les circonstances amènent une personne à agir en désaccord avec ses croyances, cette personne éprouvera un état de tension inconfortable (conflit intérieur) appelé dissonance cognitive.
Selon Léon Festinger, aussi surprenant que cela puisse paraître, lorsqu’un individu est amené à agir en contradiction avec ses convictions, il aura tendance à justifier ses actions et à adapter ses opinions à ses comportements. C’est-à-dire que plus un individu la ressent, plus il tentera de lutter et de la diminuer pour retrouver un équilibre cognitif interne.
Dans notre cas, on peut dire qu’il y a une question fondamentale du paradoxe du choix. En effet, faire un choix entraîne naturellement une dissonance cognitive puisqu’il induit de renoncer aux avantages de l’alternative non retenue. Lorsqu’une personne choisit librement une option, elle adapte ses cognitions selon son choix. Plus les deux alternatives présentent des caractéristiques communes et sont attrayantes, plus la dissonance est importante.
Dans ce cas, la réduction de la dissonance cognitive entraîne une justification du choix effectué, soit en surévaluant la décision prise ou en dénigrant l’autre choix. L’individu cherche à tout prix à éviter les possibles arguments qui pourraient alors remettre son choix en question.
Ce paradigme, aussi appelé le paradigme de la soumission induite, marque une dissonance cognitive lorsqu’un individu est amené à effectuer une action qu’il n’aurait pas faite en temps normal. Regardons nous droit dans le miroir et n’ayons pas peur, ni honte de reconnaitre certaines vérités. La première d’entre elles, c’est qu’on éprouve certains complexes que l’on n’arrive pas à avouer et qu’on cherche à masquer par un comportement irrationnel. La seconde d’entre elles, c’est qu’on n’est jamais à un paradoxe près.
On peut soutenir une idée ou une pratique le matin et, l’après-midi, la combattre avec véhémence. Pour revenir au postulat de départ, si nous voulons une ville propre et agréable à vivre, commençons d’abord, individuellement, à assainir notre cadre de vie. Par la suite, faisons de telle sorte que l’espace public le soit aussi et que si nous sommes nombreux à interpeller les auteurs de mauvais comportements, ces derniers finiraient par suivre l’effet de masse. Mais bien malin qui pourrait nous dire avec certitude ce que nous voulons concrètement ?
Salif SANOGO