La démocratie en Guinée-Bissau vacille une fois de plus sous les assauts d’un pouvoir exécutif déterminé à imposer sa vision du jeu politique. La récente mission conjointe de la CEDEAO et de l’UNOWAS, venue chercher un consensus pour des élections inclusives en 2025, s’est heurtée à une fin brutale. Expulsée sous la menace du Président Umaro Sissoco Embaló, cette délégation est repartie précipitamment, laissant derrière elle une situation toujours plus incertaine.
Un dialogue sous haute tension
Bamada.net-Arrivée à Bissau le 21 février 2025, la mission conduite par l’Ambassadeur Bagudu Hirse avait pour ambition de créer un climat politique apaisé, condition sine qua non pour des élections crédibles et transparentes. Les consultations se sont multipliées, impliquant autorités nationales, acteurs politiques et société civile, mais l’ombre des tensions politiques planait déjà sur les discussions.
La mission a bien tenté de structurer une feuille de route pour encadrer le processus électoral. Pourtant, au fil des jours, la crispation du pouvoir s’est faite sentir. Les exigences de neutralité et de transparence n’ont manifestement pas trouvé d’écho favorable auprès du Chef de l’État.
Un revers pour la CEDEAO et l’UNOWAS
Dans la nuit du 1er mars, alors que la mission poursuivait encore ses efforts de médiation, le couperet est tombé : Umaro Sissoco Embaló a menacé d’expulser les membres de la délégation. Un geste fort, lourd de symboles, qui marque une rupture claire avec l’esprit de dialogue prôné par la communauté internationale. La mission n’a eu d’autre choix que de quitter précipitamment le pays.
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Dans un contexte où les institutions régionales peinent à imposer leur autorité face à des chefs d’État de plus en plus réfractaires aux interventions extérieures, ce camouflet interpelle. La CEDEAO, qui s’efforce de maintenir une stabilité relative en Afrique de l’Ouest, se trouve une fois encore confrontée à un défi de taille : comment faire respecter ses engagements sans se heurter à la souveraineté brandie comme un bouclier par certains dirigeants ?
Quelle issue pour la crise bissau-guinéenne ?
En attendant la publication du rapport de mission de la CEDEAO, une certitude demeure : le climat politique en Guinée-Bissau reste explosif. À l’approche des élections de 2025, le pouvoir en place semble prêt à verrouiller l’espace politique, au mépris des principes démocratiques fondamentaux.
Loin d’être un simple incident diplomatique, cet épisode révèle une tendance préoccupante en Afrique de l’Ouest : la résistance grandissante de certains régimes face aux mécanismes de régulation régionaux. Si la CEDEAO et l’UNOWAS ne trouvent pas rapidement des leviers d’action efficaces, la stabilité de la région risque d’en payer le prix fort.
Dans ce jeu de bras de fer politique, la population bissau-guinéenne demeure la principale victime. Entre incertitudes électorales et tensions croissantes, l’espoir d’un avenir démocratique semble plus fragile que jamais.
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Ladji Djiga Sidibé
Source: Bamada.net
