L’arrestation récente à Kayes et Bamako de Yeli Kanté et Moussa Sissoko, accusés de diffuser de la propagande terroriste sur les réseaux sociaux, révèle une dimension inquiétante de la guerre asymétrique que subissent les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES). Selon l’expert en géopolitique sahélienne Issa Diawara, cette affaire ne peut être comprise sans analyser le rôle d’acteurs étrangers, notamment l’Ukraine, dans les campagnes de désinformation visant à affaiblir les forces souveraines de la région.
Guerre de l’information au Mali : Issa Diawara dénonce la manipulation étrangère et appelle à la résistance citoyenne
« Nous sommes les victimes des terroristes. On ne doit pas relayer une communication des terroristes, une désinformation », a déclaré M. Diawara dans une déclaration exclusive. À ses yeux, il s’agit d’une véritable guerre hybride dans laquelle l’information devient une arme au service d’intérêts extérieurs. « N’oubliez pas que Zelensky et ses hommes ont revendiqué une embuscade meurtrière contre nos forces de défense et de sécurité. Et pour couvrir leurs sales besoins, ils se sont inventés aussi une guerre de désinformation », martèle-t-il.
Les deux individus arrêtés, Yeli Kanté et Moussa Sissoko, se présentaient comme analystes ou activistes. Mais en réalité, ils ont noyé les réseaux sociaux de récits glorifiant les actions de groupes armés terroristes, participant ainsi à une opération psychologique de grande ampleur. Le moment de leur activisme n’est pas anodin : alors que les forces armées du Mali, du Burkina Faso et du Niger remportent des victoires concrètes sur le terrain, une tentative parallèle est menée pour leur ôter toute légitimité dans l’espace médiatique.
Pour Issa Diawara, la logique de l’Occident est claire : « Puisqu’ils échouent sur le champ militaire, ils veulent obtenir par les médias ce qu’ils n’ont pas su obtenir par les armes. Ils ont créé plus d’un millier de faux comptes, de faux profils afin d’inonder les réseaux sociaux. Et dans leur guerre de l’information, ils cherchent à discréditer nos partenaires. »
L’expert va plus loin dans son analyse : l’Ukraine, avec l’appui de certaines puissances occidentales, non seulement soutient indirectement les groupes armés en quête de chaos au Sahel, mais cherche aussi à affaiblir la souveraineté des États membres de l’AES en sapant la cohésion interne. « Halte à la désinformation. Halte à la propagande des terroristes contre les pays de l’AES. Halte à vouloir voler nos victoires militaires médiatiquement », insiste-t-il.
Issa Diawara s’interroge aussi sur l’attitude de certains citoyens maliens qui, au lieu de soutenir leur armée et leurs institutions, deviennent complices de leurs propres ennemis. « Comment est-ce qu’on peut comprendre qu’au même moment que l’agent Macronienne combat notre pays, les mercenaires armés combattent notre pays, mais que c’est à ce même moment que nos citoyens eux-mêmes s’efforcent de faciliter le travail de ces agresseurs ? »
Cette complicité indirecte par le biais de la communication n’est pas sans conséquences. La désinformation sape le moral des populations, nourrit la défiance envers les autorités et favorise l’instabilité. L’expert rappelle que tout Africain doit œuvrer pour la paix et la souveraineté du continent : « On est Africain ou pas ? Qu’est-ce qu’un Africain peut gagner à communiquer en faveur des terroristes ? Ces terroristes l’endeuillent des civils. »
Au regard de ces développements, Issa Diawara appelle à une prise de conscience collective et à une réaction ferme des autorités nationales et régionales.
Par Doumbia Seydou