Depuis fort longtemps, le terrorisme est considéré comme une guerre asymétrique. Cela en considération du fait que ce type de guerre se caractérise par un déséquilibre militaire, sociologique et politique entre les camps. Certains spécialistes l’illustrent par un conflit entre une armée régulière forte contre un mouvement de guérilla ou un mouvement terroriste à priori faible. En la matière, l’ennemi reste invisible, versatile et non fixé.
Cela n’est plus le cas pour notre pays. Et nous assistons à tout le contraire de ce scénario. Chez nous, il s’agit d’abord d’une armée affaiblie contre de forts groupes terroristes et leur lobby. Ensuite, une nation divisée (ou certains ont choisi de faire le tour des rédactions des medias français avec des bilans macabres) contre des groupes terroristes qui coalisent avec ceux qui doivent unifier cette nation par le retour de la stabilité.
Enfin la dissemblance la plus criarde relève du fait que dans notre situation, les données géographiques des camps de concentration des groupes terroristes sont connus, mais jamais combattus, ou le sont périodiquement selon le bon gré des forces étrangères.
Pour le cas de notre pays, l’appellation de la guerre asymétrique n’est plus appropriée. Il faut appeler le chat par son nom, il s’agit d’une guerre conventionnelle. Et ce, en raison du fait que les différents groupes terroristes ont choisi leurs zones d’intervention au sein de l’espace géographique de notre pays. Ils ont installé leurs quartiers au nord et au centre de notre pays.
Au centre, dans le delta central du Niger, tout le monde connait leurs zones d’installation et les localités dans lesquelles ils sévissent. A ce niveau, la proposition de l’ancien Premier ministre Moussa Mara peut être envisagée, à savoir : « engager des actions locales précises pour soustraire les jeunes talibés et les éleveurs vantés comme étant des alliés du Front de Libération du Macina (FLM) de la tentation de rejoindre l’aventure terroriste ».
Au nord, on n’a pas besoin d’entrer dans les labyrinthes de la cartographie des drones pour savoir où les principaux groupes et organisations terroristes règnent en véritables maîtres des lieux. Du coup, le discours d’une guerre asymétrique ne résiste plus à aucune analyse sérieuse. Ce sont de véritables fronts de guerre que les ‘’margouillats’’ d’Iyad Ag Ghali et maintenant ceux de l’EIGS (Etat islamique du Grand Sahel) de Abou Walid Al Sahroui ont ouvert.
Devant de tel scénario, il revient aux forces de défense régulières de prendre pour cible toutes les bases connues de ces terroristes, notamment ceux de Nustrat Al Islam Wal Muslim d’Iyad Aghali et de l’EIGS pour procéder à des attaques. Pour ce faire il ne faudra compter ni sur la MINUSMA (qui se veut une force d’interposition, même s’il n’y a rien entre quoi s’interposer) encore moins les forces Bharkane (qui agissent selon les intérêts de l’Elysée), mais plutôt sur la nouvelle force G5.
D’ores et déjà, on peut se réjouir de la détermination affichée du prochain président des pays du G5 Sahel, Mahamadou Issoufou du Niger, qui entend mettre les missions de la force conjointe sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU. Ce qui autorisera la force G5 Sahel à recourir à la force. Car selon lui, au Mali : « ce n’est pas de paix dont il s’agit, mais une guerre contre les groupes terroristes qui menacent l’unité du Mali et ravagent le Sahel ». Peut-on encore parler de la guerre asymétrique ?
Moustapha Diawara
Par Le Sursaut