Les jihadistes britanniques de retour au pays en provenance de Syrie seront interceptés à la frontière et risquent d’être inculpés d’office, a averti samedi un haut responsable de la police exprimant sa “vive préoccupation” sur le sujet.
Ces déclarations interviennent après que seize personnes au moins ont déjà été arrêtées depuis début janvier pour des motifs liés au terrorisme, à comparer avec les vingt-quatre sur toute l’année 2013.
Peter Fahy, coordonnateur en chef de la lutte contre le terrorisme de la police britannique, a fait part à la BBC de sa “vive préoccupation” face au retour de jihadistes partis rejoindre les rangs de la rébellion avant de revenir aguerris par le conflit.
La Syrie “est un endroit incroyablement dangereux et vous serez arrêtés à la frontière si vous revenez”, a-t-il ajouté. Les jihadistes “seront intégrés dans nos fichiers” et “risquent d’être inculpés”, a développé M. Fahy, par ailleurs chef de la police du grand Manchester.
Les autorités évaluent à plusieurs centaines le nombre de Britanniques ayant rejoint des groupes rebelles combattant en Syrie.
Le Daily Telegraph a publié lundi une interview d’un déserteur, appartenant au mouvement “État islamique d’Irak et al-Sham” (ISIS), affirmant qu’Al-Qaïda entraînait des centaines de Britanniques à devenir des jihadistes et les exhortait à lancer des attaques à leur retour dans leur pays.
Selon Usama Hasan de la Quilliam Foundation, institut de recherches sur l’islamisme basé à Londres, “le gouvernement est très inquiet et il peut l’être”, car certains jihadistes sont entraînés au maniement d’armes et “à des techniques plus perfectionnées comme la fabrication de bombes et de gilets bourrés d’explosifs”.
Le quotidien The Times a indiqué samedi que les contrôles avaient été renforcés aux aéroports, en particulier en ce qui concerne les vols vers et en provenance d’Istanbul, étape majeure sur la route de la Syrie.
La police a donné cette semaine des détails sur l’arrestation de quatre jeunes hommes de 21 ans, venant tous d’Istanbul par des vols différents. L’un d’entre eux avait laissé un mot à sa mère expliquant qu’il allait s’engager dans le jihad.
La semaine dernière, la police a également arrêté deux femmes de 26 et 27 ans, dont l’une s’apprêtait à embarquer à bord d’un avion à destination d’Istanbul.
Mercredi, la Commission européenne a présenté dix recommandations pour renforcer la lutte contre la radicalisation et le recrutement par les organisations extrémistes en Europe.
“Aucun pays n’est épargné”, a affirmé la commissaire responsable des Affaires intérieures, Cecilia Malmström, qui souhaite engager le débat dès la semaine prochaine à l’occasion d’une réunion des ministres européens de l’Intérieur le 24 janvier à Athènes.
© 2014 AFP