En dépit d’une interdiction des autorités communales, un nombre important d’habitants a répondu à l’appel de la Coalition des organisations et mouvements sédentaires Songhaï et alliés de Gao à la faveur d’un meeting demandant la prise en charge de leurs doléances lors du processus de DDR. La manifestation a eu lieu le samedi 19 avril 2025.
Des organisations de la société de la région de Gao ont bravé l’interdiction des autorités communales en maintenant leur manifestation qui s’est finalement tenue le samedi 19 avril à laquelle de nombreux habitants ont pris part.
L’objectif de ladite manifestation est d’amener les autorités de la transition à prendre en compte des doléances de la région de Gao dans le processus de DDR en cours, s’inscrivant dans le processus de la paix, de la réconciliation nationale.
L’interdiction de cette initiative a suscité une vive incompréhension au sein de la population. Les motifs avancés par les autorités pour justifier cette décision sont jugés fallacieux par les citoyens et les organisateurs. Ces derniers n’ont pas manqué de souligner l’incohérence de cette mesure, rappelant que le rassemblement pour dénoncer l’agression du régime algérien contre notre pays avait été autorisé à peine une semaine auparavant.
« Les autorités n’ont rien dit lorsque nous avons décidé de manifester contre la destruction du drone de l’armée malienne », a nous indiqué un habitant regrettant ainsi la décision d’interdire une autre manifestation pour porter les préoccupations de la population aux autorités. Cela, soutient-il, est inadmissible, justifiant la décision des acteurs de la société civile de maintenir sa manifestation.
Cette volte-face est perçue par la Coalition comme une manifestation flagrante d’une politique de «deux poids, deux mesures», alimentant un profond sentiment d’injustice au sein des communautés qui se sentent marginalisées.
Or, l’objectif principal du meeting interdit était de porter la voix spécifique de la région de Gao au sein du processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR).
La Coalition revendique une représentation équitable pour la région, estimant qu’elle est trop souvent négligée dans les mécanismes du retour de la paix et de la cohésion sociale.
La forte mobilisation observée ce samedi témoigne d’une détermination de la population à faire entendre ses préoccupations.
« Nous sommes sortis pour nous faire entendre. Nous sommes sortis afin que nos préoccupations soient prises en compte. Gao ne peut pas rester en marge du processus du DDR », ajoute notre interlocuteur.
Elle révèle également une défiance marquée envers les autorités locales, dont les décisions sont perçues comme arbitraires et partiales.
Face à cette situation tendue, la Coalition des organisations et mouvements sédentaires Songhaï et alliés réaffirme sa mobilisation et sa détermination à poursuivre ses actions de plaidoyer.
Elle appelle à une vigilance accrue dans les jours à venir, qu’elle qualifie de «décisifs» pour l’avenir de la région de Gao, laissant présager de nouvelles initiatives pour faire valoir les droits et les aspirations de sa population.
A cet effet, lors d’un point de presse tenu le lundi 31 mars, ladite coalition des organisations a appelé les autorités de rendre public le quota de la région de Gao du DDR.
« Nous avons besoin de notre quota. Ce n’est pas négociable, c’est un droit. Nous interpellons le ministre de la Réconciliation nationale afin qu’il attribue les quotas à tous les mouvements armés de Gao », avait affirmé Abdoul Aziz Maïga, ajoutant que cela permettrait aux jeunes qui détiennent des armes de les déposer.
« Notre appel urgent est de dire à l’État malien de reconnaître l’importance de nos mouvements armés », a-t-il plaidé, tout en avertissant que Gao ne tolérera pas un quota insultant.
PAR SIKOU BAH