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France-Mnla : «une histoire, quelle histoire !»

COLONEL ALHADJI AG GAMOU

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, était vendredi dernier dans notre pays pour une visite de trois jours qui l’a conduit également au Niger et au Tchad. Ce voyage a pour objet de préparer l’après-guerre à l’issue des opérations de reconnaissance, de fouille et de destruction des installations terroristes menées sur la quasi-totalité du territoire malien.

 

Sur la très sensible et délicate question du MNLA, le ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, au cours de son point de presse à Gao, vendredi dernier, laisse entendre dans la continuité de ses convictions amicales envers les Touaregs armés que «il est évident qu’il ne peut pas y avoir deux armées maliennes. Mais dans le cas précis, pour recouvrer l’intégrité territoriale de Kidal (si on peut utiliser ce terme), il faut le dialogue.

Il n’y aura pas de partition (du Mali) (…) Il faut donc que le dialogue reprenne, le dialogue qui permet au Mali de recouvrer sa souveraineté dans le respect des uns et des autres».

Comme si la bande de rebelles, pardon de criminels armés sous la bannière du MNLA, pouvait être assimilée à une armée. La France de Monsieur le Drian considère-t-elle les indépendantistes canaques ou basques comme constituant une armée ?

Une recette française qui se décline clairement en maxime maraboutique bien connue en Afrique : faites ce que je dis, ne dites pas ce que je fais. Que valent les conseils sous ce prisme ? Rien, aurait dit le Général MacArthur qui estime que « c’est une erreur fatale d’entrer en guerre sans la volonté de gagner ».

L’objectif de l’opération militaire serval qui a mobilisé près de 4.500 soldats français – plus de 8000 soldats africains- et de la Munisma qui va déployer 12.000 hommes n’est surement pas de négocier pour protéger une poignée de criminels racistes couverts, protégés et chouchoutés par la France ? Il s’agit jusqu’ici suivant les discours officiels, français et maliens, d’une guerre.

Et une guerre ne se gagne, ne se conclut, ni par de beaux discours ni par des artifices, mais par une victoire militaire sur le terrain. Or, tant que les groupes armés n’auront pas été vaincus, le Mali, la France et la Communauté internationale n’ont pas gagné la guerre.

Et, le MNLA étant un groupe armé ET NON UNE ARMEE comme le nouveau vocabulaire drianien tend à le faire ingurgiter, il doit être combattu (suivant le discours de Hollande à Bamako).

A moins que les convictions et les engagements français ne durent que le temps d’un bain de foule, sinon chacun se devrait de se remémorer, sur la question du MNLA, de ces mots pleins de promesses d’avenir du président Hollande : « Ce que je sais, c’est que ceux qui portent des armes doivent les déposer et que ceux qui utilisent des armes contre les Maliens, et a fortiori contre nous, seront combattus et vaincus (…)

Nous, nous sommes aux côtés des Maliens pour traquer, comme vous dîtes, tous les terroristes, quelle que soit leur nationalité, dès lors qu’ils se sont coalisés pour déstabiliser le Mali (…)  Ceux qui veulent faire de la politique ont le droit de faire de la politique.

Mais dans tout pays démocratique, on fait de la politique avec des bulletins de vote. Pas avec des armes. Mais il appartient aux Maliens de décider eux-mêmes ce qu’ils font du processus politique et de l’organisation des élections (…) moi je n’ai pas à juger tel ou tel mouvement.

Je sais que la démocratie ne se fait qu’avec des partis politiques organisés et avec des forces qui renoncent nécessairement à l’utilisation des armes (…) c’est dans un processus politique où toutes les composantes doivent être à leur place, mais celles qui acceptent la démocratie et l’unité territoriale du Mali ! »

Mnla casse-tête ou péché français ? Disons simplement : la France et le MNLA, «une histoire; mais quelle histoire !» En effet, la conviction se nourrit dans l’opinion malienne que la libératrice France depuis fin janvier a fait son choix, entre le Mali et « nos amis Touaregs qui sont chez eux à Kidal ». Les discours à l’épreuve du temps résonnent dès lors comme une symphonie de désespoir au sein d’un peuple qui a cru en la France, à sa sincérité, en son intervention qui s’apparente aujourd’hui comme une anesthésie qui déplace le Mal malien sans réellement résoudre l’équation de fonds : les irrédentistes séparatistes du MNLA par lesquels tout le malheur est arrivé.

Les combattre, en tant que groupe armé, est pour les Maliens un devoir, les vaincre, en tant que groupe armé, pour la France et la communauté internationale est une vocation et un engagement.

Nul ne veut faire faire des brochettes ou du rôti de Touareg avec « vos » « amis Touaregs », la justice humaine et la morale universelle de l’histoire, celle de votre intervention, voudrait que nul crime ne reste impuni.

Si la France est intervenue pour soustraire « ses » « amis » de l’implacable roue de la justice qui les traque pour crimes contre l’humanité, exactions et exécutions sommaires, alors, qu’on nous fasse l’économie des beaux discours, qu’on les rapatrie en terre française d’impunité, et qu’on laisse, dans la dignité et le respect, exercer ou subir notre souveraineté sur « l’intégrité du territoire de Kidal » qui est et restera partie intégrante du Mali UN ET INDIVISIBLE.

Par Sambi Touré

Sourceinfo-matin

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