Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a présidé, jeudi dernier, au Centre International de Conférence de Bamako, la cérémonie d’ouverture du Forum national sur l’orpaillage au Mali. Objectif : organiser le secteur de l’orpaillage traditionnel qui a pris, ces dernières années, de l’ampleur au Mali. Mais aussi et surtout, trouver une solution appropriée contre l’insécurité galopante dans les sites d’orpaillage au Mali.
De 2012 à ce jour, Plusieurs pertes en vies humaines ont été enregistrées sur les sites d’orpaillage, suite à de nombreux affrontements entre orpailleurs ou entre ceux-ci et les forces de l’ordre. Les décès sont souvent dus à l’effondrement des puits d’orpaillage. Autre problème qu’engendre l’orpaillage au Mali : l’abandon des champs agricoles par les bras valides au profit de l’or qui ne brille pas souvent pour tous ses chercheurs.
C’est pour prévenir à cette insécurité galopante inhérente à l’orpaillage que ce forum national a été initié par le département en charge des mines en collaboration avec la Chambre des Mines du Mali dirigée actuellement par Abdoulaye Pona.
Mais le hic est qu’à ce forum, on ne parle pas que de l’orpaillage et de l’or, mais aussi de la politique politicienne. Même si l’orpaillage ne doit pas être une affaire de parti politique, les règlements de compte politique se sont invités à la cérémonie d’ouverture du forum sur l’orpaillage. Nombreux sont les participants qui été témoins du «coup d’Etat» pardon… de l’évincement dont a été victime, le président de la Chambre des mines du Mali, Abdoulaye Pona.
Selon un membre de la Commission d’organisation de ce forum, le programme de la cérémonie d’ouverture prévoyait quatre interventions : celles du maire de la commune III, du Président de la chambre des mines, du ministre des Mines et du Président de la République. Mais à la surprise générale, l’intervention du Président de la chambre des mines, Abdoulaye Pona, a été rayée du programme. Comme si cela ne suffisait pas, il a été pûrement et simplement écarté du présidium au profit du ministre du Développement Rural, Bocar Treta, un dinosaure du parti présidentiel.
Erreur de protocole ?
Certains membres de la commission d’organisation ont voulu en savoir plus. Mais ils ne trouvent qu’une seule et même réponse : c’est le protocole de la présidence qui aurait demandé de surseoir au discours d’Abdoulaye Pona. Et cette décision aurait été prise, selon nos sources, à quelques heures seulement de la cérémonie d’ouverture.
Mais qui mieux que le président de la Chambre des mines doit parler au nom des orpailleurs ? La question demeure.
En attendant que les vraies raisons de cette décision ne soient connues, les commentaires vont bon train. Mais c’est la thèse du règlement de compte politique qui est sur beaucoup lèvres.
Selon un membre de la commission d’organisation, Abdoulaye Pona est connu comme un militant de première heure de l’ADEMA-PASJ. Et comme tout bon militant, il a soutenu le candidat de son parti (Dramane Dembélé) à la présidentielle de 2013. Mais au deuxième tour, il aurait refusé, comme d’autres membres de l’ADEMA-PASJ, de suivre Dramane Dembélé qui a suivi IBK. Toute chose qu’IBK et le RPM n’auraient pas encore digéré.
Au niveau du département des mines, tout est mis en œuvre pour isoler M. Pona, surtout quand il s’agit des questions d’orpaillage.
«Aujourd’hui, si le président de la République pouvait destituer Abdoulaye Pona de la Chambre des Mines, il n’hésiterait pas à le faire», nous confie un proche de Pona.
Abou Berthé